Manquera-t-on d’électricité ces prochains hivers?

Le gouvernement fédéral a terminé sa réunion en comité restreint (kern) jeudi peu après minuit. Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité à haute tension, a présenté aux principaux ministres et à la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten son rapport sur la sécurité d’approvisionnement.

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sp avec Belga
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Au vu des nouveaux éléments dégradant la situation énergétique en Europe, Elia et Fluxys, pour le volet gazier, ont recommandé au kern de renforcer les capacités de production à hauteur de 900 à 1.200 MW pour l’hiver 2025-2026 et un buffer supplémentaire de 1.600 MW pour l’hiver 2026-2027. Les hivers 2022-2023, 2023-2024, 2024-2025 sont par contre couverts avec les capacités actuelles et les investissements déjà prévus et validés.

Une analyse des options

Le kern a demandé à la ministre de l’Energie d’explorer «toutes les solutions disponibles». Celui-ci a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une réunion informative et qu’aucune décision ne serait prise. Le but était de savoir s’il falait, au vu des nouveaux éléments, se montrer ultraprudent et prévoir des capacités supplémentaires. Si c’est le cas, la prochaine étape sera de voir avec les acteurs de terrain.

Cette analyse des options se fera en collaboration avec Elia, Fluxys, Engie et l’AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire). Parmi ces options, le gouvernement a notamment décidé d’analyser en profondeur le décalage (fuel modulation) de production des centrales de Doel 4 (1.039 MW) et Tihange 3 (1.038 MW) ainsi que les autres possibilités nucléaires et non-nucléaires.

La solution «fuel modulaton» avait déjà été avancée cette semaine par Tinne Van der Straeten. L’idée est de mettre Doel 4 et Tihange 3 à l’arrêt durant les étés précédents, pour économiser le combustible nucléaire. Ces deux réacteurs tourneraient, en revanche, durant l’hiver 2025-2026. Les travaux nécessaires seraient réalisés durant l’été. Cependant, Engie Electrabel, l’exploitant des centrales nucléaires en Belgique, a dès mardi soir émis des réserves. À ses yeux, la voie d’une «extension du combustible» n’est pas possible dans le cadre juridique et réglementaire actuel de la sûreté nucléaire.

Prolonger certains vieux réacteurs?

Le scénario d’une prolongation limitée des plus vieux réacteurs Doel 1 et 2 (445 MW chacun) et Tihange 1 (962 MW) circule également au sein du gouvernement. Selon le calendrier actuel de sortie du nucléaire, leurs fermetures définitives sont respectivement prévues les 15 février 2025, le 1er décembre 2025 et le 1er octobre 2025.

Une évaluation de ces solutions est prévue début janvier 2023, indique-t-on à l’issue du kern.

Le gouvernement avait demandé à Elia de prendre en compte non seulement la disponibilité du parc nucléaire français, mais aussi les difficultés énergétiques potentielles en Allemagne ainsi que la prolongation de la guerre en Ukraine. Il a été demandé au gestionnaire du réseau de transport, à partir d’un scénario dégradé, de recalculer les besoins en énergie de la Belgique pour les prochains hivers et de déterminer le cas échéant si des capacités supplémentaires sont nécessaires.