Les sports d’hiver sont-ils vraiment voués à disparaître?

Depuis le début de la saison, c’est la panique à peu près partout dans les stations de ski françaises, où la neige est devenue une denrée rare. À l’heure du dérèglement climatique, faut-il vraiment espérer que la neige refasse son apparition en plus grande quantité, ou les sports d’hiver sont-ils voués à disparaître?

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

En février dernier, la planète entière s’agaçait des pistes de ski artificielles installées à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver qui se déroulaient en Chine, dans une région où la neige n’était pas tombée en abondance. Depuis lors, les disciplines telles que le ski alpin n’ont d’autres choix que d’annuler de nombreuses épreuves en raison du manque de neige. Tous les sports d’hiver sont en train de réaliser qu’ils ne seront peut-être pas éternels, et c’est un important domaine d’activités touristiques et sportives qui risque bientôt de s’effondrer si rien ne change.

«Juste» une mauvaise année?

La saison 2022-3023 est-elle particulièrement mauvaise pour les sports d’hiver, ou faut-il s’attendre à ce que ce genre de scénarios se répète d’année en année? Selon Marie Cavitte, glaciologue à l’UCLouvain, il va falloir s’habituer à tout cela, comme elle l’explique à nos confrères de la RTBF: «Malheureusement, le dernier rapport du GIEC a bien montré qu’il ne faut pas s’attendre à une amélioration. On projette une augmentation des températures à venir et une augmentation des précipitations. Comme la température augmente également, on va s’attendre à plus de pluie surtout. Il n’y aura pas de retour en arrière.»

S’il faudra donc s’habituer à ce que les montagnes dans les Alpes ou dans les Pyrénées soient brunes et pas blanches, les fous de ski espèrent toujours pouvoir compter sur les canons à neige pour continuer à exercer leur sport préféré. Mais là encore, le bât blesse. Car cette solution qu’on sait extrêmement polluante ne fait que retarder le problème. De plus, ces engins ne fonctionnent que lorsque la température de l’air ne dépasse pas les -2ºC, sans quoi ils ne peuvent combler le manque de neige naturelle. Les experts sont très clairs: le ski est voué à disparaître et il faudra donc trouver d’autres solutions pour continuer à profiter de la glisse.

Comment sauver ce secteur?

Ce constat étant fait, il apparaît comme une évidence que le secteur des sports d’hiver doit totalement se renouveler s’il veut continuer à exister. Les stations l’ont bien compris et proposent désormais des tas d’activités autres que le ski, pour permettre aux touristes de profiter de leur expérience à la montagne, même lorsqu’il n’y a pas de neige. Sans faire le tri, vous pouvez vous adonner à la marche nordique, pour découvrir la montagne autrement, faire de la luge sur des pistes artificielles, vous initier à l’escalade en montagne ou à la conduite d’un attelage de chiens de traîneau. Neige ou pas, vous pourrez toujours profiter des charmes des villages en altitude et, bien entendu, d’une bonne raclette.

Marie Cavitte le rappelle, cet écosystème est et restera toujours du tourisme de masse qui a, comme partout dans le monde, un impact sur le réchauffement climatique. L’évolution de ce secteur passe donc certainement par une évolution de son mode de fonctionnement. Car outre les canons à neige, il est important de rappeler que les dameuses représentent 60% des émissions carbone d’un domaine, pour ne citer qu’elles.

Bye bye le ski?

Il est difficile, à l’heure actuelle, d’imaginer que l’on puisse parler à la future génération des vacances au ski comme étant de lointains souvenirs. Toutefois, cela semble inévitable à peu de chose près. La transition a peut-être déjà commencé dans nos stations, mais ce qu’elles proposent à l’heure actuelle paraît encore trop timide pour continuer à attirer les touristes même quand on ne peut pas skier. Et si les disciplines sportives subsisteront dans certains pays où la neige est encore, pour le moment, présente en abondance, il faut accepter le fait que le ski n’existera plus en France dans 10 à 20 ans. Reste à savoir si c’est tout un secteur socio-économique qui va s’effondrer ou si les stations parviendront à effectuer leur transition pour continuer à être une destination attrayante pour les touristes de Belgique et d’ailleurs.

De meilleures prévisions en 2023?

À l’échelle planétaire, selon l’Organisation météorologique mondiale, 2022 serait la cinquième ou sixième année la plus chaude à l’échelle planétaire, selon des observations réalisées à partir des années 1860. Les prévisions ne s’annoncent pas meilleures en 2023, puisque la planète dépendra du courant chaud «El Nino», alors que l’année dernière a été refroidie pour un phénomène climatique appelé «La Niña». Il est évidemment trop tôt pour savoir s’il y aura de la neige sur les pistes à la fin de l’année prochaine, mais 2023 pourrait, une nouvelle fois, battre tous les records.

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