Est-il dangereux de publier des photos de ses enfants sur les réseaux?

Depuis l’avènement des smartphones, tous les jeunes parents ont pris l’habitude de capturer le visage de leur chérubin et d’en publier les clichés sur les réseaux sociaux. Et ce, dès la naissance. Une pratique ultra-courante, mais qui n’est pas sans risque. Alors, faut-il arrêter de publier des photos et vidéos de ses enfants pour les protéger?

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Rédaction en ligne
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Premier biberon, premières dents, premières vacances, première rentrée scolaire… A l’ère des réseaux sociaux, publier des photos de ses progénitures est devenu une pratique devant laquelle on ne s’étonne plus. Plus d’un parent sur deux s’y adonne. Et c’est même devenu un business avec des parents influenceurs qui peuvent gagner jusqu’à 5.000€ par mois, selon une étude française. Certains vont même jusqu’à créer des comptes au nom de leur enfant. Pourtant, cette visibilité numérique non choisie des enfants (parfois même avant qu’ils ne soient en mesure de tenir un smartphone entre les mains) n’est pas toujours sans conséquence.

1.Empreinte numérique

Primo, à l’heure où ils seront en âge de créer leur propre profil sur les réseaux, le web contiendra déjà des traces numériques de leur personne. Ils ne partiront donc pas neutres, pas de zéro. Autrement dit, vos enfants seront déjà fichés par les algorithmes. Avant d’avoir leur propre compte, ils auront déjà une existence numérique.

Visage, nom, âge, date de naissance, activités, lieu de vie, style vestimentaire, mode de vie… Sont autant de renseignements qui peuvent être utilisés à des fins commerciales – notamment pour l’envoi de publicités ciblées. Ou pire, à des fins de fraudes et d’usurpations d’identité.

Pour rappel, toutes les données que l’on transmet à Facebook deviennent sa propriété. Elles peuvent donc être utilisées à des fins commerciales et publicitaires, tel que le précisent les conditions générales (que vous avez forcément acceptées si vous utilisez le réseau de Meta). C’est là que réside le risque le plus réel.

2.Honte et harcèlement

Deuzio, en publiant des photos de votre enfant, vous lui créez une réputation numérique dont il ne voudra pas forcément. Parce que votre ado complexe sur son apparence, parce qu’il apparaît dans une situation qu’il trouve embarrassante ou encore dans une manifestation à laquelle il ne souscrit plus… Les raisons sont nombreuses de ne pas voir ressurgir ces photos du passé. Et puis, si les parents sont fiers de s’afficher avec leurs enfants, l’inverse est moins vrai pour un ado.

Imaginez-vous à vos 15ans, tomber sur des photos de votre enfance. Seriez-vous particulièrement ravi qu’elles remontent à la surface? Qu’elles tombent entre les mains de vos camarades de classe, ou, plus tard, d’un futur employeur?

Qui plus est, les photos d’enfance, si elles ressortent à l’adolescence, peuvent être sources de (cyber)harcèlement.

3.Usage malveillant… ou pire

Tertio, et dans des cas plus extrêmes, rappelons que tout ce qui se trouve en ligne peut aisément se retrouver partagé et stocké ailleurs. Et notamment… sur des sites rassemblant du matériel pédopornographique. S’il ne faut pas dramatiser ou tomber dans la paranoïa, on sait que ces réseaux existent. Et 50% de leur matériel proviendrait de photos initialement publiées par les parents sur les réseaux sociaux. Mieux vaut donc prendre toutes les précautions et être très attentifs aux photos que l’on choisit de publier.

Quels droits ont nos enfants?

Avec la (sur)exposition des enfants sur les réseaux sociaux se pose la question de leur droits à l’image et à la protection de la vie privée. Les mineurs disposent-ils d’un droit à l’image?

De manière générale, il est nécessaire d’obtenir le consentement d’une personne avant de publier une photo d’elle sur les réseaux. Pour les mineurs, ce sont les parents qui fournissent cette autorisation. Les parents «gèrent» donc le droit à l’image de leur enfant. Cala signifie qu’ils sont chargés de défendre ce droit dans son intérêt.

Mais à partir du moment où les enfants sont en âge de raison et de discernement (vers 12-14ans), leur accord est nécessaire également. Si votre ado ne souhaite pas qu’une photo de lui soit diffusée, il en a tout à fait le droit et vous serez en tort si vous le fait contre son gré. Idem s’il vous demande de supprimer une photo: il dispose d’un droit à l’oubli.

Mais si les parents refusent, les enfants peuvent-ils, une fois arrivés à leur majorité, poursuivre leurs géniteurs pour des publications en ligne? À travers le monde, plusieurs affaires du genre ont déjà été portées devant les tribunaux. Et dans la majorité des cas, la justice a tranché. En faveur des enfants.

Le sharenting, c’est quoi?

Partager le quotidien de son enfant sur les réseaux sociaux porte un nom: le sharenting. Contraction des termes anglais «sharing» (partage) et «parenting» (être parent), ce phénomène repose souvent sur la fierté des parents. Si le «sharenting» est souvent perçu comme complètement anodin, il n’est pourtant pas sans danger.

Comment se protéger?

D’abord, vous l’aurez compris, mieux vaut éviter toutes références et renseignements concernant son identité. Ensuite, avant de publier une photo, il faut se poser la question: est-ce que mon enfant pourrait m’en vouloir si je publie ça? Est-ce qu’il apparaît vraiment à son avantage?

Ensuite, et c’est un enjeu essentiel, il faut se poser la question de la confidentialité. Car limiter la portée d’une publication permet de s’assurer qu’elle ne se retrouve pas entre des mains malveillantes. Publier des photos en mode public sur Facebook, dans un album privé ou via une application à laquelle n’ont accès que quelques proches... Ce n’est pas la même chose. Privilégiez donc les cercles privés et restreints ou encore les réseaux fermés comme Whatsapp.

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