C’est quoi le chemsex, cette pratique à laquelle s’adonnait Pierre Palmade?

Depuis le dramatique accident de la route causé par Pierre Palmade sous l’emprise de la cocaïne, on évoque beaucoup le «chemsex». Mais de quoi s’agit-il exactement?

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Hier en début d’après-midi, l’humoriste Pierre Palmade a été placé en garde à vue. Vendredi dernier, sa voiture, qu’il conduisait sous l’emprise de la cocaïne, selon les expertises rendues publiques par le parquet de Melun, est entrée en collision avec un autre véhicule qui venait en face. Outre le comédien, trois personnes ont été gravement blessées, dont un enfant de 6 ans et une femme enceinte de 27 ans qui a perdu son bébé.

Depuis le dramatique accident, de nombreux médias évoquent la vie privée de Pierre Palmade. Il a notamment été écrit que juste avant l’accident, il avait fait la fête avec quatre jeunes gens depuis plus de 24 heures dans sa propriété de Dammarie-les-Lys. L’humoriste était notamment un adepte des « chemsex ».

Le chemsex, c’est quoi?

Chemsex est la contraction des mots «chemical» et «sex». Entendez par là qu’il s’agit de combiner la pratique du sexe et la prise de drogue.

La pratique n’est pas récente mais selon les addictologues, elle explose depuis quelques années, notamment depuis le premier confinement. Pendant le confinement, «des gens qui faisaient déjà du chemsex ont pour beaucoup aggravé leurs pratiques dans un contexte d’anxiété, de solitude, de fermeture. Des gens qui peut-être n’en faisaient pas l’ont découvert: il n’y avait plus que des lieux de rencontre privée», explique Hélène Donnadieu, responsable du département d’addictologie du CHU de Montpellier.

Le chemsex est notamment répandu dans le milieu gay. Les professionnels de santé soulignent d’ailleurs aussi l’impact des applications comme Grindr, qui en remplaçant les rencontres dans les bars gays, ont enlevé du lien social et favorisé l’isolement, comme la crise sanitaire, qui a «créé une bascule», estime le Dr Donnadieu.

Quels produits sont utilisés?

Les «chemsexeurs» consomment généralement plusieurs types de drogues. Les produits «phares» sont les cathinones de synthèse (principe actif du khat, une plante euphorisante), comme les 3MMC, 4MEC, NRG2.

«De manière générale, les produits les plus associés sont le GHB ou GBL avec de la cocaïne, de la MDMA, des poppers», explique Maïtena Milhet, sociologue collaborant avec l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sur le thème du chemsex. «Et dans les produits consommés, qui ne sont pas des drogues mais sont dans le ‘cocktail’, il y a les médicaments de performance sexuelle comme le viagra et le cialis».

La méthamphétamine, principalement connue sous sa forme en cristaux, fumée à la pipe et surnommée «Tina», est aussi un produit important même s’il est largement moins présent en raison de son coût.

Quels sont les risques?

Les effets recherchés sont l’euphorie, le plaisir décuplé, l’excitation sexuelle, l’endurance pour tenir dans le temps – des sexparties pouvant s’étirer sur plusieurs jours.

Plusieurs types de risques existent, avec tout d’abord ceux liés à la consommation de drogues. Un surdosage, comme avec le GHB-GBL: à fortes doses, il peut provoquer une dépression respiratoire et une perte de conscience, communément appelée «G-Hole» par les usagers, pouvant aller jusqu’à un coma profond et causer un décès. Il y a aussi les risques liés à l’injection par intraveineuse, appelée «slam».

Sur la santé mentale et physique, des pratiques fréquentes entraînent une «fatigue intense, avec des effets de déprime, d’anxiété, jusqu’à une décompensation psychiatrique dans les cas extrêmes, des personnes qui n’arrivent plus à aller au travail», souligne la sociologue.

Il faut aussi ajouter les dommages liés aux pratiques sexuelles à risque, avec des infections ou surinfection à l’hépatite C ou la récurrence d’autres maladies sexuellement transmissibles.

Une pratique en augmentation chez les jeunes

Désormais le chemsex tend à augmenter et à se diffuser chez les hétérosexuels.

Une récente enquête réalisée par l’Ifop pour le compte du réseau social Wyylde a interrogé les jeunes européennes de moins de 25 ans sur leurs éventuelles expériences sexuelles sous drogue dure (GHB, 3-MMC, Kétamine, MDMA). Résultat: 19% des Britanniques, 17% des Espagnoles, 15% des Françaises, 7% des Allemandes et 5% des Italiennes ont déjà eu des rapports sexuels sous ces drogues de synthèses. Ces drogues sont aussi au cœur des «Skins Parties» ou soirées SAD en français pour Sexe, Alcool, Drogue. 23% des jeunes femmes britanniques y ont déjà eu des rapports sexuels dans des sexparties mêlant drogue dure, sexe et alcool, contre 16% des Françaises et 17% des Espagnoles.

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