Addiction, sommeil, sexe: faut-il interdire TikTok aux enfants?

TikTok cartonne auprès des jeunes. Mais l’application n’est pas sans risque. Entre certains contenus questionnables, l’effet addictif de la plateforme et l’effet sur le sommeil, Tiktok est-il vraiment fait pour les enfants? On vous dit tout.

par
tw
Temps de lecture 4 min.

Selon les derniers chiffres de We Are Social / Meltwater, analysés par l’œil expert de Xavier Degraux, 37,7% des Belges de plus de 18 ans ont utilisé TikTok en 2022 (+ 6,4% en un an). Ces chiffres sont d’autant plus impressionnants qu’ils ne prennent pas en compte les 13-18 ans, présents en masse sur le réseau social chinois mais pour lesquels les auteurs de l’étude n’ont pas accès aux données.

Les Belges fous de TikTok

Selon le Social Media & Influencer marketing Barometer réalisé par la fédération belge du commerce Comeos et la Arteveldehogeschool, 63% des jeunes Belges ont consulté quotidiennement TikTok en 2022. Enfin, selon Childfocus, même si l’âge minimum officiel pour s’y inscrire est de 13 ans, 44% des enfants âgés de 6 à 12 ans utilisent TikTok.

Du contenu hypnotisant

Il suffit d’avoir installé une fois TikTok sur son smartphone pour comprendre à quel point l’application peut être addictive. Les vidéos courtes s’enchaînent à toute vitesse et les algorithmes vous proposent à l’infini des séquences susceptibles de vous plaire. Ça ne vous intéresse pas? Il suffit de balayer l’écran vers le haut pour avoir un autre contenu. Le phénomène touche tout le monde. Il y a quelques jours, lorsque j’ai téléphoné à un proche, il a immédiatement décroché. Quand je lui ai demandé si je ne le dérangerais pas, il m’a répondu: «Non, j’étais sur TikTok». Son âge? 61 ans. Si l’effet de TikTok sur les «3 x 20» n’est pas trop problématique, c’est beaucoup plus inquiétant chez les jeunes. «Certains enfants sont complètement hypnotisés, ne voient leur vie que par TikTok, et veulent faire la même chose que ceux qu’ils suivent», a récemment indiqué Catherine Verdier, psychothérapeute spécialiste des enfants, au journal Le Parisien.

La pire application sur le sommeil

À la fin de l’année 2021, des chercheurs américains ont mené une enquête auprès de 2.000 personnes pour évaluer l’impact des écrans, et plus particulièrement de certaines applications, sur la qualité du sommeil. Les résultats ont montré que certaines applications étaient bien plus nocives que d’autres. La pire, vous la voyez sans doute venir, c’est TikTok. Les participants qui ont regardé l’application avant de se coucher ont mis en moyenne 1h07 avant de s’endormir. C’est plus qu’Instagram (58 minutes) et Snapchat (56 minutes) et même deux fois plus que WhatsApp (34 minutes) ou YouTube (32 minutes). Selon les auteurs de l’étude, plus encore que d’autres applications, TikTok favorise la montée d’adrénaline et de dopamine, ce qui nuit fortement à notre sommeil.

Du contenu pas toujours safe

Enfin, le contenu disponible sur TikTok pose aussi de nombreuses questions. Même si la direction du réseau social chinois affirme lutter contre le phénomène, le «porno soft» est encore très présent sur la plateforme. Des jeunes femmes, parfois mineures, s’affichent en live dans des tenues sexy. Contre des «pourboires», elles acceptent d’en montrer un peu plus. Certaines vont jusqu’à mimer des rapports sexuels à l’écran. Child Focus met en garde contre le phénomène. «Cela donne une mauvaise image aux mineurs. Ils pourraient avoir l’impression que c’est une bonne idée de se montrer de cette manière sur les réseaux sociaux, car cela vous permet d’obtenir plus de likes. D’autre part, parce que cela peut devenir une porte d’entrée pour les agresseurs d’enfants. Ils peuvent vous approcher plus facilement», estime l’organisation belge.

Bientôt du mieux?

Le plus étonnant, c’est qu’en Chine, où TikTok est né, les règles d’utilisation sont bien plus strictes. Là-bas, les moins de 14 ans ne peuvent pas utiliser l’application plus de 40 minutes par jour. De plus, l’accès y est bloqué entre 22 heures et 6 heures du matin afin de respecter leur sommeil. En Europe, les choses tardent à avancer. Le 10 janvier dernier, le patron de TikTok, Shou Zi Chew, a rencontré plusieurs hauts responsables européens à Bruxelles afin de se préparer aux nouvelles règles de l’UE contre la désinformation et les discours haineux.

La Californie a quant à elle déjà une longueur d’avance. En septembre 2022, les parlementaires californiens ont adopté un texte destiné à obliger les réseaux sociaux comme Instagram et TikTok à faire passer l’intérêt des enfants avant leurs profits. Cette loi est la première du genre aux États-Unis. Elle s’inspire d’un texte adopté au Royaume-Uni en 2021. Concrètement, elle obligerait les plateformes à installer par défaut les paramètres offrant un haut niveau de protection des données pour les mineurs. Elle leur interdirait par ailleurs de collecter, partager ou vendre toute information personnelle non nécessaire au bon fonctionnement du service.

Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be