Un plafond de verre toujours présent pour les femmes dans les professions médicales

Dans beaucoup de pays du monde, les femmes restent sous-représentées au sein des professions médicales. De surcroît lorsqu'elles appartiennent à des minorités. Pour s'attaquer à cette double discrimination, des chercheuses proposent des leviers d'action, tels que du mentorat ou l'instauration d'un congé parental égalitaire.
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«?L'histoire de l'inégalité des sexes dans la direction médicale canadienne est longue, même si les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les écoles de médecine depuis maintenant plus d'un quart de siècle?», souligne, la Dre Ainsley Moore, médecin généraliste et professeure associée au département de médecine familiale de l'université McMaster, à Hamilton, au Canada.

«?Sur les 152 derniers présidents de l'Association médicale canadienne, huit étaient des femmes. Et il a fallu 117 ans pour qu'une femme soit nommée doyenne d'une faculté de médecine. Le temps est venu de s'attaquer à ce problème systémique?», poursuit la médecin, co-autrice de l'analyse publiée dans le Canadian Medical Association Journal.

Une double peine

Chez les femmes issues de l'immigration ou perçues comme tel, c'est la double peine. «?Les effets du racisme systémique et structurel menacent ces femmes à la fois par les préjugés racistes et sexistes, ce qui accentue leur sous-représentation dans les postes de direction en médecine universitaire?», déplore la co-autrice de l'article, Nazia Peer, responsable du programme de recherche d'application des connaissances d'Unity Health.

À ces multiples formes de discriminations, peuvent s'ajouter celles du handicap, du statut socio-économique ou encore de l'orientation sexuelle. «?Le genre est un déterminant des inégalités en santé, aussi bien à lui tout seul qu'en association avec la condition socio-économique, l'âge, l'appartenance ethnique, le handicap, l'orientation sexuelle?», rappelle par ailleurs l'Organisation mondiale de la santé.

Des pistes concrètes suggérées

Pour remédier à ces inégalités, les chercheuses de la Canadian Medical Association proposent des pistes concrètes, facilement transposables dans nos cultures occidentales. Communiquer les statistiques sur les inégalités des sexes au sein des professions médicales, organiser de sessions de soutien à la carrière, promouvoir le changement structurel et comportemental au sein des plus hauts postes à responsabilité, autoriser des horaires plus flexibles ou encore instaurer un congé parental égalitaire entre les hommes et les femmes.

«?La profession médicale devrait être professionnelle, collégiale, faire preuve de respect mutuel et faciliter le plein potentiel et la contribution de tous les genres, races, ethnies, religions et nationalités au profit des soins aux patients?», martèlent les médecins.

Moins de subventions pour les femmes

Ces inégalités ne sont pas propres au Canada?: dans beaucoup de pays, on observe des inégalités entre les hommes et les femmes au sein de la profession médicale. Une étude publiée en janvier 2020 réalisée par des chercheurs de l'université d'Oxford (Angleterre) montrait par exemple que seules 33?% de femmes médecins publient des recherches dans les revues de médecine interne générale, contre 63?% d'hommes.

Toujours selon cette méta-analyse, les chercheuses seraient moins nombreuses à publier des essais cliniques que leurs confrères (7?% contre 13?%). Une différence qui pourrait s'expliquer, d'après les auteurs de l'étude, par le fait que les femmes se voient moins facilement accorder les subventions nécessaires à la réalisation de ces recherches coûteuses.