«Les femmes ambitieuses sont souvent critiquées par les hommes»

Depuis 2018 Elise Vanaudenhove est CEO de Bristol, l’entreprise que son grand-père Albert et son grand-oncle Omer ont fondée il y a près d’un siècle. Cette Limbourgeoise de 53 ans a une carrière atypique derrière elle: exploitante d’un B&B, professeure de yoga et, aujourd’hui, à la tête de Bristol, la chaîne de magasins de chaussures bien connue. À noter que c’est la première femme à pouvoir diriger l’entreprise familiale. Avec une fierté certaine, elle veille à ce qu’il y ait davantage de femmes dans la firme et elle espère qu’il y en aura aussi plus au top.

par
Rédaction
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Il y a quelques années encore, Elise Vanaudenhove exploitait un Bed & Breakfast à Beringen. Elle menait une existence plutôt calme jusqu’à ce que l’appel du devoir en rapport avec l’entreprise familiale se fasse entendre. Bristol avait besoin d’elle et lui demandait d’entrer dans son Conseil d’administration. Deux ans plus tard, elle était à la tête de l’entreprise. «Pourtant, je n’ai pas tout de suite adhéré à la demande de travailler dans l’entreprise. Mais des connaissances ont su me convaincre. L’entreprise avait besoin de moi et je me suis mise au travail avec beaucoup de conviction.»

Une carrière professionnelle atypique

Pourtant, la CEO avait déjà travaillé il y a 25 ans chez Bristol, mais en raison de modifications dans la structure de l’entreprise, elle n’y était restée que quelques années. «Les nombreux changements mis en place généraient beaucoup de problèmes. J’étais trop jeune pour bien gérer tout cela. J’ai alors quitté l’entreprise et essayé d’autres choses.» Par la suite, Elise Vanaudenhove a créé une agence de publicité avec son (depuis ex-)mari. Après quelques années, elle est passée à autre chose et s’est lancée dans l’exploitation d’un B&B. Elle y donnait aussi entre autres des cours de yoga, de méditation et de Pilates. Une femme avec beaucoup d’expérience qu’elle utilise dorénavant aussi en tant que CEO. «L’âge et l’expérience confèrent de nombreux avantages. Je remarque que quand les choses s’emballent, je peux rapidement structurer mes pensées. C’est le yoga et la méditation qui me l’ont appris. J’essaie aussi de transmettre ces choses à mon équipe.»

Gérer une entreprise familiale n’est pas toujours simple, mais avec suffisamment de volonté on fait déjà un bon bout de chemin. «Je pense toujours à mon travail et j’en parle souvent même à table. Mais ce n’est pas dérangeant. C’est ma passion et je sais faire la part entre vie professionnelle et vie privée afin de pouvoir profiter pleinement de mon temps libre et en même temps réfléchir suffisamment à l’entreprise.» Le passage d’une vie sans stress à la carrière bien remplie de CEO suscite parfois le doute. «Il m’arrive de temps en temps de me dire: ‘Mais dans quoi je me suis fourrée?’, mais cela ne dure jamais longtemps. Cela se produit uniquement dans les moments de grand stress. Mais il faut aussi passer par ces moments. En fin de compte, j’aime mon travail et je suis très fière de ce que nous avons réalisé ces dernières années.»

Les femmes au pouvoir

Depuis qu’Elise Vanaudenhove est CEO de l’entreprise familiale, plus de femmes travaillent dans son équipe. Bien que ce ne soit pas intentionnel. «Je pense que le fait que je sois une femme CEO attire davantage d’excellentes candidates. Et je m’en réjouis. L’ensemble de la direction se compose de femmes. C’est une entreprise féminine et les femmes ont ici des opportunités.» D’après Elise Vanaudenhove, le genre n’a en fait aucune importance dans l’entreprise. Qu’on soit un homme ou une femme n’a aucune importance, ce qui importe uniquement, c’est qu’on soit le collaborateur ou la collaboratrice ad hoc pour son équipe.

Elise Vanaudenhove espère que les femmes dirigeantes et CEO vont être de plus en plus nombreuses et elle s’inspire beaucoup de femmes qui remplissent déjà ces rôles. «La CEO du Pain Quotidien, Annick Van Overstraeten, est une source d’inspiration pour moi. C’est une femme forte qui a pas mal galéré pour se trouver à la place qu’elle occupe dorénavant. Les dirigeantes dans un monde masculin comme Kamala Harris sont aussi une inspiration. Les hommes critiquent souvent ces femmes, mais elles sont bel et bien là. Je les admire énormément. Plus de femmes CEO et dirigeantes, c’est ce à quoi nous devons absolument arriver! J’espère qu’un jour on arrivera à un renversement de la société masculine. Un conseil pour les femmes qui veulent faire carrière? Ne vous laissez pas faire par les hommes et restez surtout une femme. En avant, les filles!