Les diplômes prestigieux n’ont plus autant d’importance

On dit souvent que les parents veulent le meilleur pour leur enfant. Mais jusqu’où seraient-ils prêts à aller pour s’assurer qu’il fasse des études dans une université reconnue? Certains seraient prêts à modifier son génome, selon une récente étude américaine.

par
ETX Daily up
Temps de lecture 3 min.

38% des Américains n’hésiteraient pas à tester leurs embryons avant une fécondation in vitro (FIV) pour sélectionner ceux ayant de fortes chances d’être acceptés dans une université mondialement reconnue. Ils sont également 28% à déclarer qu’ils accepteraient de modifier les gènes de leur embryon si cela lui assurait de faire des études supérieures à Harvard, Stanford, Princeton ou encore Columbia.

Cette enquête d’opinion, réalisée par des chercheurs en bioéthique, révèle que l’envie de modifier génétiquement des embryons humains pour améliorer leurs aptitudes scolaires est plus marquée chez les moins de 35ans et chez les individus ayant au moins un diplôme d’université. Un phénomène qui pourrait accentuer certaines inégalités sociales, comme l’a déclaré Michelle N.Meyer, l’une des autrices de l’étude, sur Twitter.

un critère de recrutement parmi tant d’autres

Les résultats de cette étude, publiée dans la revue Science, montrent à quel point les futurs parents accordent de l’importance aux études supérieures. Ils renforcent l’idée que le diplôme universitaire est roi aux États-Unis, même s’il faut parfois dépenser plusieurs dizaines de milliers de dollars pour l’obtenir. Les Européens âgés de 15 à 34ans sont, eux, beaucoup plus sceptiques quant à l’utilité des études supérieures. Seulement 45% des jeunes actifs considèrent que leurs diplômes les aident beaucoup dans leur travail, d’après l’enquête Emploi 2016 réalisée par l’Insee. À l’opposé, 33% considèrent qu’ils sont très peu utiles, voire inutiles…

Un avis que partagent de nombreux dirigeants d’entreprise et recruteurs. Ils prennent de plus en plus en considération l’expérience professionnelle, les compétences comportementales (les fameuses «soft skills») et les «mad skills» lors des processus de recrutement. Près de sept recruteurs sur dix disent attacher de l’importance aux «expériences personnelles et hobbies» à la lecture d’un CV, d’après un sondage Indeed de 2019 relayé par Welcome to the Jungle. Le diplôme est désormais perçu comme un critère parmi d’autres dans l’obtention d’un emploi, et non plus comme le Saint Graal qui ouvre à son détenteur n’importe quelle porte professionnelle.

Cette nouvelle approche du recrutement permettrait de rendre le marché du travail plus divers et inclusif, selon Joseph Fuller, professeur de management à la Harvard Business School et codirecteur du projet «Managing the Future of WorK». «Si nous voulons favoriser l’équité sur le marché du travail, un moyen important d’y parvenir est de supprimer les obstacles aux emplois bien rémunérés -et il ne fait aucun doute que ces dernières années, l’un de ces obstacles a été le gonflement des exigences en matière de diplômes», a-t-il écrit dans la Harvard Business Review. «Une telle remise en cause serait bénéfique à tous: les travailleurs précédemment négligés pourront suivre des parcours professionnels attrayants, même sans diplôme de quatre ans, et les entreprises seront plus à même de pouvoir leurs offres d’emploi». Cela dissuaderait aussi certains parents de vouloir modifier le génome de leur futur enfant pour s’assurer qu’ils fassent de belles études.