Jeroen Lemaître fait de la taxidermie un art

par
Marketing
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« Quand on dit taxidermiste, les gens s'imaginent d'emblée un vieil homme sale qui a empaillé sa propre femme. Or, je suis tout le contraire »

Jeroen Lemaître

Jeroen n'a que 29 ans et exerce déjà depuis trois ans le métier de taxidermiste et entomologiste, spécialisé dans l'empaillage des animaux et des papillons. « Je suis fasciné par la taxidermie depuis ma plus tendre enfance mais n'avais jamais osé me lancer dans cette activité. J'étais rédacteur à la télévision publique mais mon contrat n'a soudain pas été renouvelé. Je ne savais plus à quel saint me vouer. J'ignorais totalement quelle activité exercer ou même quelle direction emprunter. Mais lorsque je suis allé sur un petit marché avec quelques papillons que j'avais empaillés et qu'ils se sont vendus comme des petits pains, j'y ai vu un créneau intéressant. »

Formation

« J'ai beaucoup appris par moi-même à l'aide des nombreux tutoriaux disponibles sur YouTube. Une fois que j'ai acquis un bon niveau, je me suis mis en quête de la perfection mais cela n'a guère été évident. Il n'y a en effet pas d'école ou de formation car un grand mystère règne autour de la taxidermie. Il faut pouvoir apprendre de quelqu'un qui pratique cette activité depuis des années. Je me suis donc mis à la recherche d'un stage, que j'ai finalement trouvé aux Pays-Bas. J'y suis resté un an et y ai tout appris. J'ai à présent mon propre magasin. Je ne travaille pas avec des animaux tués spécialement à cet effet. Si quelqu'un veut une autruche empaillée, je prends contact avec un élevage d'autruches et leur demande s'ils ont un animal décédé. Si c'est le cas, je peux alors me mettre au travail. »

Couronne

« J'empaille surtout des papillons et des insectes mais également des petits mammifères et des oiseaux tels que des perroquets et des oiseaux exotiques. Je n'empaille pas d'animaux domestiques décédés car je veux surtout souligner l'aspect esthétique. Je mets ainsi une petite couronne à un canard pour lui donner une dimension particulière. Chacun peut finir soi-même l'histoire. J'essaie de moderniser quelque peu la profession : chez moi, pas de scènes de chasse mais une tentative de faire entrer l'art dans l'intérieur des gens. »

« Certains papillons empaillés sont déjà disponibles à partir de 14 € mais d'autres peuvent également valoir 250 €. Pendant les fêtes, je gagne bien ma vie car tout le monde est à la recherche d'un cadeau original mais les autres mois sont plus difficiles. Cette activité ne me rendra certes pas riche mais me permet d'exercer un métier que j'aime, de visiter de beaux endroits et de faire parfois des réalisations exceptionnelles. Ainsi, une dame m'a un jour demandé de réaliser une cloche avec deux scarabées : un qui s'envole et l'autre avec les ailes fermées. Cela symbolisait son mari qui était en phase terminale : lui qui partait et elle qui restait. J'ai terminé et lui ai remis cette réalisation durant la période de Noël : un moment de grande émotion. L'idée de pouvoir toucher les gens à l'aide de mes créations signifie beaucoup pour moi. »

Reconnaissance

« Au début, tout le monde a été très étonné quand j'ai annoncé que j'allais ouvrir un magasin avec des animaux empaillés mais je bénéficie à présent d'une grande reconnaissance. J'ai ainsi pu aménager un bar londonien et la boutique du musée du Louvre a déjà présenté mes pièces. Il m'arrive également de donner des ateliers où les gens apprennent à empailler une autruche. Ces ateliers remportent toujours un franc succès. Je m'étonne toujours de l'intérêt que cela suscite, mais je ne m'en plains pas ! »