Faut-il un visa spécial pour télétravailler depuis l’étranger?

De plus en plus de pays instaurent un visa spécifique pour les salariés ayant l’ambition de télétravailler loin de chez eux. L’Espagne pourrait s’ajouter prochainement à la liste.

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Rédaction en ligne
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Avouons qu’une réunion zoom est bien plus facile à supporter quand on pose l’ordinateur sur une terrasse face au soleil que dans une salle impersonnelle où mieux vaut porter le masque compte tenu de la promiscuité… La crise sanitaire n’a pas eu que de mauvais côtés: elle a prouvé que l’on pouvait travailler vite et bien même quand on n’était pas physiquement au bureau. Durant la pandémie, les histoires de ces salariés qui avaient fui leur appartement exigu pour travailler à distance à Madère ou aux Canaries ont largement été narrées. Et puis, quand les derniers confinements se sont réellement terminés, on est revenu au boulot, sauf certains qui ont profité d’une toute nouvelle forme de visa que l’on n’avait encore jamais vu jusqu’ici: des autorisations d’entrée pour nomades numériques. L’Estonie fut le premier membre de l’Union européenne à lancer un visa pour «digital nomad». L’autorisation d’entrée a été officialisée en juin 2020 au moment où la Covid-19 mobilisait le monde entier que depuis trois mois.

Un visa spécifique

À la différence d’un visa touristique, les télétravailleurs peuvent rester plus longtemps sur place. En règle générale, les salariés peuvent travailler dans ces conditions durant une année (jusqu’à deux ans en Italie), mais l’expiration de leur document ne les empêche pas de renouveler leur demande comme c’est le cas en Grèce où la validité est de douze mois. L’obtention du visa s’accompagne généralement d’avantages: en Islande, les télétravailleurs ont le droit d’effectuer un regroupement familial. En Italie, les nomades numériques bénéficient d’une détaxe sur leurs revenus à hauteur de 70%. À Madère, les télétravailleurs jouissent du wifi gratuitement, peuvent se rendre dans des espaces de coworking et sont invités à des événements spécifiques. En Espagne, où le visa n’est pas encore mis en place, on parle d’une imposition à 15%, quand les Espagnols sont eux taxés à 25%.

Quelques conditions

Cependant, pour obtenir ce sésame, il faut avoir suffisamment de ressources pour subvenir financièrement à ses besoins sur place. En Roumanie, il faut gagner jusqu’à trois fois le salaire moyen d’un Roumain pour télétravailler depuis Bucarest, soit 3.500 euros. Si cette condition est un critère pour choisir la destination où télétravailler, il faut opter pour le Portugal où seulement 700 euros sont nécessaires pour obtenir le sésame. Dans la liste des documents à fournir, les salariés doivent aussi parfois présenter une preuve d’hébergement, en Croatie par exemple, mais aussi disposer d’une lettre de leur employeur afin de prouver que l’on n’est pas au chômage (c’est le cas en Islande). Bien souvent, une couverture santé est nécessaire pour boucler les démarches.

D’un point de vue pratique, ce type de visa s’obtient soit en ligne, si le pays a mis en place un formulaire digital, sinon auprès des ambassades et des consulats.

L’Europe n’est bien sûr pas la seule contrée où les nomades numériques obtiennent des visas. Les Européens pour leur part peuvent espérer aussi l’obtenir à Antigua, dans les Caraïbes, aux Bermudes, aux îles Caïmans…

Et si un pays vous tente pour vos réunions zoom mais que son gouvernement n’a pas mis en place de visa pour télétravailleurs, cela vaut tout de même la peine de vérifier s’il n’existe pas un visa pour «freelancers» ou «affaires». Certaines destinations font en effet la différence, à l’instar de la République tchèque qui n’a pas pris le soin d’ajouter une autre formule de visa mais qui accueille malgré tout les «digital nomads».