Faut-il vraiment craindre une pénurie de jouets pour la fin de l’année?

À cause des pénuries, la traditionnelle course aux jouets va-t-elle prendre une tout autre ampleur cette année? C’est ce que craignent de nombreux experts.

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Pénurie: c’est sans doute le mot de cette rentrée 2021. Depuis plus d’un an maintenant, ce sont les puces électroniques qui sont touchées par le phénomène. Les joueurs ont rapidement pu en constater l’impact avec les difficultés de trouver une PlayStation 5, une nouvelle Xbox ou une carte graphique. Depuis quelques semaines, le Royaume-Uni est frappé de plein fouet par les pénuries. Elles concernent essentiellement la main-d’œuvre et ont un impact direct sur de nombreux aspects de la vie quotidienne. Chez nous, ce sont les magasins d’ameublement qui souffrent de problèmes d’approvisionnement. Enfin, depuis la fin septembre, la Chine est frappée par d’importantes pénuries d’électricité. Des usines sont à l’arrêt et les habitants sont invités à réduire leur consommation.

Des raisons multiples

Dans ce contexte, un secteur est particulièrement inquiet pour les fêtes de fin d’année: celui des jouets. Comme de nombreux autres secteurs de l’économie, les géants du jouet peinent à s’approvisionner et à acheminer leurs livraisons. Le risque de ne pas retrouver certains produits dans les rayons d’ici décembre est bien réel.

Les raisons sont multiples. Tout d’abord, des usines sont contraintes de fermer sporadiquement à cause de pics de contamination à la Covid-19. Ensuite, les transporteurs maritimes sont submergés par la demande avec la reprise économique et l’explosion commerce en ligne. Il y a donc une pénurie de conteneurs et une explosion du coût du fret maritime. Plus proche de chez nous, les transporteurs routiers peinent à recruter des chauffeurs. Ajoutez à cela le fait que depuis peu les usines chinoises doivent limiter ou arrêter leurs activités pour réduire leur consommation en électricité et vous obtiendrez une fin d’année qui s’annonce compliquée dans les magasins de jouets. D’autant plus que les fabricants sont aussi touchés par le manque de semi-conducteurs utilisés dans pas mal de gadgets électroniques.

Des États-Unis à la France, en passant par la Belgique, les spécialistes sont unanimes: cette année, mieux vaut s’y prendre à l’avance pour ses achats de Saint-Nicolas et de Noël. Certains ont même déjà commencé leurs courses de Noël! «Oui, il y aura des retards sur certains produits. Les jouets ne seront pas forcément dans votre magasin habituel quand vous irez les acheter, il faudra peut-être aller dans un autre magasin ou revenir quelques jours plus tard», a confirmé le porte-parole de Joué Club au micro de France Bleu.

Augmentation

des prix

Une chose est sûre: les prix des jouets vont augmenter. Hasbro ne s’en cache pas. Le groupe américain qui commercialise notamment les Transformers et les Monopoly a passé les commandes plus tôt, diversifié ses sources d’approvisionnement, les ports et transporteurs utilisés. Mais ces mesures ont un coût et les tarifs du fret maritime ont parfois été multipliés par dix par rapport au début de l’année. Résultat: la directrice financière du groupe a d’ores et déjà annoncé que les prix allaient augmenter. Même son de cloche du côté du géant Mattel. «Nous envisagerons d’augmenter les prix au cours du second semestre de l’année. Nous n’avons pas défini quels produits seront affectés, mais c’est en réponse à certaines pressions inflationnistes», a annoncé dès la fin juillet le patron de Mattel à la BBC.

Par rapport à Noël 2020, certaines hausses sont déjà visibles dans les rayons. Le prix du Monopoly classique a augmenté de 7%, tandis que celui de la Barbie Princess flocons s’est envolé de 23%, a révélé Philippe Gueydon, le patron de l’enseigne King Jouet, au Parisien. Il indique aussi que certaines augmentations seront plus difficiles à remarquer. «40% des jouets vendus pour Noël sont des nouveautés, pour lesquelles il n’y a donc pas de comparaison possible», a-t-il souligné.

Concernant l’augmentation des prix, le porte-parole de Joué Club se montre quant à lui plutôt rassurant: «Si le prix du jouet n’est pas à un bon prix pour le consommateur, on prendra sur nos marges». L’augmentation des prix devrait néanmoins être d’environ 5%, voire 10% dans les scénarios les plus pessimistes.

Même si tous les produits ne seront peut-être pas en rayons durant les prochaines semaines, rassurez-vous, il y aura des jouets pour tout le monde à Saint-Nicolas et à Noël. Mais au final, ces problèmes d’approvisionnement ne pourraient-ils pas être l’opportunité de réfléchir à notre manière d’acheter et de consommer? Et pourquoi pas envisager de fêter la Saint-Nicolas et Noël autrement!