En pratique, comment mesure-t-on les émissions de gaz à effet de serre?

Les inventaires nationaux de gaz à effet de serre permettent, dans le cadre de l’accord de Paris, de s’assurer du respect des engagements des signataires. Mais comment ces émissions sont-elles mesurées?

par
ETX Studio
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Qu’est-ce qu’un gaz à effet de serre?

Les gaz à effet de serre sont des gaz qui absorbent le rayonnement infrarouge (une partie des rayons solaires) émis par la surface terrestre. Ils contribuent ainsi à l’effet de serre, qui permet une température raisonnable à la surface de la Terre.

Pour les inventaires nationaux, sont prises en considération les émissions dites anthropiques, découlant des activités humaines. En grande augmentation dans l’atmosphère, ils sont responsables du réchauffement climatique.

Des estimations plutôt que des mesures

Les inventaires nationaux d’émissions de gaz à effet de serre sont réalisés à partir d’estimations, selon une formule mathématique simple. Les émissions sont calculées en multipliant la quantité d’activité à un «facteur d’émission» relatif à la substance examinée.

Pour les pays qui n’ont pas la possibilité de déterminer des valeurs nationales pour leurs facteurs d’émission, les experts climat de l’ONU (Giec) proposent des données par défaut.

Le facteur d’émission permet de convertir les niveaux de consommation des différentes énergies en quantité de gaz à effet de serre.

Les pays suivent les lignes directrices du Giec pour établir leurs rapports. Y sont développées les recommandations pour les méthodes de collecte de données, les secteurs à suivre, et le «pouvoir de réchauffement global» de chaque gaz.

Il s’agit d’un indice qui «permet notamment de comparer l’impact relatif des gaz à effet de serre sur le changement climatique», en convertissant les émissions directes en «équivalent CO2» (eqCO2), explique le Citepa, organisme qui réalise l’inventaire français. C’est le «pouvoir de réchauffement global (PRG) représentant l’impact d’un gaz à effet de serre sur le climat».

Pays concernés

Tous les pays n’ont pas les mêmes reponsabilités dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). Les pays dits de l’Annexe 1, qui regroupe tous les membres de l’OCDE mais aussi la Russie, ont pris des engagements pour réduire leurs émissions et fournissent un rapport d’inventaire disponible deux ans après l’année observée.

Pour le reste du monde qui, «aujourd’hui, émet 70% des émissions de gaz à effet de serre de la planète, il n’y a pas d’autre obligation que d’essayer de faire des communications nationales à intervalles réguliers, qui sont moins précises, qui ne sont pas du tout dans un format harmonisé», explique Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) et auteur du Giec.

La Chine, plus gros pays émetteur de gaz à effet de serre, et les pays du Golfe sont dans cette catégorie.

Des secteurs et des gaz à surveiller

Les grands secteurs sont passés au crible:

-> l’énergie, avec toutes les activités de combustion de carburant des industries, du transport, de la construction.

-> les procédés industriels, par exemple la production de ciment ou de verre, les industries chimique, électronique, du métal, mais aussi les utilisations de produits comme substituts de substances appauvrissant l’ozone

-> l’agriculture, foresterie et autres affectations des terres

-> le traitement des déchets

Les principaux gaz à effet de serre relevés par le Giec sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), les hydrofluorocarbones (HFC) utilisés notamment dans les propulseurs de spray, les hydrocarbures perfluorés (PFC) que l’on trouve dans les climatiseurs, l’hexafluorure de soufre (SF6) utilisé comme isolant thermique et le trifluorure d’azote (NF3) utilisé dans la micro-électronique.

Les inventaires nationaux rapportés à la CCNUCC incluent aussi les émissions de quatre gaz à effet de serre indirects: le monoxyde de carbone (CO), les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), les oxydes d’azote (NOx) et les oxydes de soufre (SOx).