"On the Road...A": sur la route de nos identités

Dans un seul en scène très personnel, Roda Fawaz nous emmène dans sa quête d'identités. Repris au Poche jusqu'au 28 janvier, "On the Road...A", meilleure découverte de la saison dernière, nous renvoie à nos racines multiples.
par
Nicolas
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Tenez-vous bien avant de lire la suite. D'origine libanaise, Roda est né au Maroc, a grandi en Guinée, et a la nationalité belge. Rien que ça pour ce jeune homme qui dans son premier seul en scène nous explique que sa vie est un road-trip. Arrivé à l'âge adulte, celui qui se fait passer pour un Italien pour pouvoir entrer en boîtes se pose une question toute simple à poser, mais délicate à résoudre: "Qui suis-je ?".

Ph. Yves Kerstius

Il rebrousse donc le chemin de ses souvenirs d'enfance, des douces années africaines à son arrivée en froide Belgique. Son récit file, alternant anecdotes et moments plus retenus. La relation au père se dévoile compliquée, essentiellement composée de coups de fil trop brefs et distants. Aisance et élégance font aussi de ce casse-cou de la scène un talent certainement à surveiller de près.

Sa "différence" l'a poursuivie en Europe lors de son parcours de comédien aussi :  lui qui se voit jeune premier ne peut que constater les clichés de rôles qu'on veut lui imposer. Mais rien ne démonte notre randonneur de la vie. Point de misérabilisme, ici, ni de caricature, la sincérité transperce son récit, tout comme l'humour. Parce qu'on rit, et même beaucoup. Au-delà de son récit personnel, Roda Fawaz nous invite à nous questionner sur notre identité, ou plutôt nos identités. Comme au poker, mieux vaut jouer le full qu'une carte isolée.

Ph. Yves Kerstius

De la tchatche, le comédien en a certainement. Le lauréat de la meilleure découverte de la saison dernière nous l'a d'ailleurs encore prouvé lors de la remise des Prix de la Critique en octobre dernier. Mais pour contenir son énergie, il a eu la bonne idée ici de se faire entourer des regards complices et catalyseurs de deux maîtres du genre: Eric De Staercke et Angelo Bison. Le premier, directeur du Centre culturel des Riches Claires lui a d'ailleurs fait confiance la saison dernière. De quoi convaincre le Théâtre de Poche de l'accueillir sur sa scène pendant trois semaines.

Nicolas Naizy