Le Festival de Liège met le monde en scène

Comme tous les deux ans, le Festival de Liège revient en grande forme à la fin janvier. L'ambition de son directeur Jean-Louis Colinet est d'en faire un rendez-vous international majeur des arts de la scène, tout en donnant de la visibilité à la jeune création francophone belge.
par
Nicolas
Temps de lecture 2 min.

En 2013, David Murgia ouvrait l'édition avec «Discours à la Nation», un texte d'Ascanio Celestini magistralement interprété par le comédien belge sur les dérives de la démocratie. Quelques centaines de représentations plus tard et des reconnaissances à foison, le duo auteur-interprète se reforme pour «Laïka» (photo ci-dessus), un théâtre de récit comme le dramaturge italien peut si bien le composer.

"Pinocchio" - Ph. Elisabeth Carecchio

Familier d'une relecture contemporaine des contes («Cendrillon»), le Français Joël Pommerat s'attaque au «Pinocchio» de Collodi pour un spectacle familial au visuel encore prometteur pour ce ciseleur de lumières.

Regards sur l'histoire

"La Dictatura de lo cool" - Ph. La Re-Sentida

On remarque aussi dans cette édition une volonté de regarder dans les yeux un passé parfois difficile. «Les jeunes générations s'interrogent beaucoup sur le passé pour comprendre le présent», constate Jean-Louis Colinet, directeur du festival de Liège. Pour lui, les Chiliens de la Re-Sentida en sont un très bon exemple. Divisant le public du festival d'Avignon l'été dernier avec «La Dictatura de lo cool», la bande à Marco Layera s'y amuse à dézinguer les grandes figures historiques pour mettre en avant la force du collectif.

En Europe également, l'Histoire titille les jeunes esprits créatifs. Le Teatr Trans-Atlantyk de Pologne fouillera dans «L'Album de Karl Hocker», photographies d'un officier SS au camp d'Auschwitz-Birkenau. Le théâtre se veut ici documentaire et nous incite à ne pas oublier.

"L'album de Karl Hocker" - Ph. Honorata Karapuda

Des écritures qui poursuivent un but commun avec le festival. «Je suis sensible aux écritures de plateau, c'est-à-dire aux artistes qui écrivent le spectacle au fur et à mesure qu'ils le répètent. Je suis plus sensible à ça qu'à l'exploration des textes existants, fussent-ils contemporains», nous explique Jean-Louis Colinet qui aime depuis toujours l'alliance «du poétique et du politique». Et toute la programmation, y compris en danse, s'en ressent avec encore Nora Chipaumire, Gianina Carbunariu, Fabrice Murgia, Mohamed El-Khatib.

Émergences

Mais le maître d'œuvre et son équipe entendent aussi faire du festival un véritable laboratoire. Les trois derniers jours du festival, le week-end « Factory » servira de terrain d'essai pour des jeunes créations encore en gestation. De la lecture à la première ébauche de mise en plateau, les projets présentés ici poursuivent le même but que les grandes sœurs et grands frères présents dans le grand festival: parler du monde à l'aide d'un langage singulier.

Et aussi se faire voir. Si le festival est un lieu d'accueil international, ses organisateurs souhaitent également faire voir et circuler les jeunes artistes de chez nous. «Factory» constitue en quelque sorte la première manifestation du projet européen EFECT qui tisse un partenariat entre différents théâtres et festivals (Avignon, Temporada Alta à Gérone, Venise, Théâtre National de Bruxelles…) pour la circulation des artistes et de leurs créations. Enfin, le Festival de Liège veut s'imposer comme événement de toute la Fédération Wallonie-Bruxelles en faisant circuler ses spectacles à Bruxelles, Mons, Charleroi et Huy.

Du 27 janvier au 18 février au Manège de la Caserne Fonck à Liège.