Didier Van Cauwelaert revient avec Jules, son héros canin

Didier van Cauwelaert revient avec son chien-héros Jules. Dans «Le retour de Jules», l'auteur met le toutou dans une situation extrême. Pourquoi ce chien médiateur va-t-il se faire euthanasier?
par
Nicolas
Temps de lecture 4 min.

Dans votre roman, on n'explore pas seulement les capacités des chiens mais aussi celles des éléphants. Vous abordez le thème des éléphants-peintres. Des pachydermes qui peuvent être très violentés.

«Non seulement c'est inhumain de les violenter mais c'est en plus inutile. Il suffit de leur proposer. Les éléphants sont en recherche de jeux et de choses qui font plaisir à l'être humain qui va exprimer de la gratitude envers lui. Il faut savoir que c'est très affectif un éléphant. Ce sont des animaux passionnants qui n'ont pas du tout le même fonctionnement que nous.»

Pourquoi ont-ils envie de créer ce lien?

«C'est peut-être un peu comme le chien. On sait depuis peu de temps que c'est le chien qui est venu chercher l'homme au temps de la préhistoire. On a découvert un loup gris avec un ADN qu'on a pu exploiter. Puis, on a trouvé des ossements de ce type de chien mêlés à des ossements d'homme. On a conclu qu'en réalité, ils chassaient en association. Le chien est venu chercher l'homme car ce dernier avait des moyens plus efficaces de tuer la proie. Mais il est incapable de pister comme un chien. C'est comme ça que le chien a cherché après lui. L'homme tuait et il partageait. Grâce à cette découverte on a pu expliquer des techniques de chasse dessinées dans les cavernes. Sur l'éléphant, on ne connaît pas l'origine de cet attachement à l'homme. Mais il a une conscience de soi incroyable.»

Il réussit le test du miroir.

«Si par exemple, il voit qu'il y a une croix de peinture sur son crâne, il va vouloir l'enlever. Il y a quelque chose de troublant derrière cela. Ça prétendrait que l'éléphant à une préconscience de son image. Il trouve bizarre le fait d'avoir de la peinture sur son crâne. S'il se découvrait pour la première fois, il ne le penserait pas.»

En Thaïlande, on a découvert que les éléphants sont maltraités lorsqu'on leur apprend à peindre. Un véritable problème que le touriste entretient sans forcément le savoir.

«Il y a des niveaux de maltraitance très différents. Je pense que l'une des pires maltraitances, c'est quand on a utilisé les éléphants pour détruire la forêt. On lui a appris à casser son élément naturel. Avec une terrible technique qui a pour seul but de briser leur personnalité. Quand ils sont plus aptes à faire ça, on les martyrise. Sans oublier les trafiquants d'ivoire qui les massacrent…»

Depuis le roman précédent, beaucoup de chemin a été parcouru concernant les chiens qui aident les personnes épileptiques. puisque vous travaillez sur un projet, qui se nomme ESCAPE.

«Nous avons déposé les statuts il y a une quinzaine de jours. Nous recevrons des chiens d'aveugle recalés à l'examen avec qui on fera nos premiers tests avec des épileptiques. Ces chiens ont déjà l'empathie travaillée. Nous allons également travailler avec des personnes épileptiques volontaires qui vont venir avec leur propre chien qu'on mettra en présence de chiens médiateurs. Les États-Unis nous ont prouvé que le mimétisme opère beaucoup chez ces animaux. Nous allons former également nos instructeurs aux gestes spécifiques.»

Vous mettez ce projet en place avec le Pr Hervé Vespignani qui travaille déjà avec des chiens détecteurs d'épilepsie.

«Il est épileptologue. Des personnes atteintes de ces crises lui ont plus d'une fois dit qu'elles en avaient moins depuis qu'elles avaient leur chien. Il s'est demandé si c'était uniquement un lien de personne à personne ou si le chien pouvait détecter des crises sur d'autres épileptiques.»

Ces chiens pourraient permettre aux patients de diminuer les médicaments.

«Il n'y a qu'un seul médicament qui est préventif. Mais celui-ci abrutit le cerveau. Si vous en prenez tout le temps, vous deviendrez un légume. Ces médicaments ne sont efficaces que si on les prend avant la crise… Ce qui est impossible à anticiper. En revanche, les chiens donnent le signal d'alerte, et donc là on peut prendre le médicament. Il y a même certains cas de patients qui grâce aux chiens n'ont plus eu de crise. Donc plus besoin du médicament!»

Maïté Hamouchi