«The Underground Railroad», ou la honte de l’histoire américaine

Le réalisateur oscarisé de ‘Moonlight’ signe une série cinq étoiles sur une des pages sombres de l’histoire américaine, à partir d’un réseau ferroviaire imaginaire. A ne pas rater!

par
rn
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Ce n’est pas un hasard si les cicatrices jouent un rôle aussi important dans ‘The Underground Railroad’. Après tout, cette magnifique série en dix épisodes de Barry Jenkins (‘Moonlight’) a pour sujet l’esclavage, une honte qui entache l’histoire américaine, et que le pays n’a toujours pas analysée et traitée correctement à ce jour. Pour sa série pour Amazon Prime Video, Jenkins s’est inspiré du roman historique éponyme de Colson Whitehead, l’histoire de la jeune esclave Cora, magnifiquement interprétée par la nouvelle venue sud-africaine Thuso Mbedu. Au milieu du 19e siècle, celle-ci s’enfuit avec un compagnon d’infortune d’une plantation de Géorgie et de son cruel propriétaire, grâce à un réseau de routes clandestines et de refuges sûrs, communément appelé ‘underground railroad’. En réalité, ces itinéraires d’évasion n’avaient rien à voir avec le train, mais dans leur imagination, Whitehead et Jenkins en font un chemin de fer souterrain réel et concret. Cet imaginaire poétique est présent tout au long de la série, et contraste fortement avec les brutalités parfois extrêmes que Cora et les autres esclaves doivent endurer, notamment dans le premier épisode.

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Comme ils sont en outre traqués par Ridgeway, un chasseur d’esclaves rusé et acharné, une menace constante plane sur le récit, même quand la situation semble s’éclaircir et que Jenkins donne une place au romantisme. La série consacre d’ailleurs une attention flagrante à Ridgeway (Joel Edgerton) et son passé, à tel point que l’histoire fait penser à la longue à des thrillers de poursuite tels ‘Le Fugitif’. Mais à la fin du voyage, ‘The Underground Railroad’ est tout d’abord un regard sans fard sur l’esclavage et la discrimination, et les nombreuses pages sombres et humiliantes de l’histoire afro-américaine. En terminant chaque épisode sur des musiques d’artistes noirs contemporains -d’Outkast et Michael Jackson à Marvin Gaye et Childish Gambino- Jenkins relie l’histoire à notre époque. Même si ces chansons ne sont pas vraiment nécessaires pour réaliser à quel point ‘The Underground Railroad’ est actuel.