Traumatisme, humour et «Apples»: trois questions au réalisateur Christos Nikou

Metro a rencontré le réalisateur de l’étrange tragicomédie grecque «Apples». «Ce n’est pas un film sur la pandémie», pour Christos Nikou.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 3 min.

Saviez-vous que les pommes sont bonnes pour la mémoire? Aris, le personnage principal de l’étrange tragicomédie grecque ‘Apples’ en a bien besoin. Le monde est frappé par un virus qui efface la mémoire et Aris se retrouve dans un hôpital où on l’aide à créer de nouveaux souvenirs. Quelques explications du réalisateur Christos Nikou.

Vous avez écrit ‘Apples’ avant la crise COVID. La pandémie a-t-elle rendu le film plus pertinent?

CHRISTOS NIKOU : «Je dois avouer que j’avais un peu peur. Je me demandais si le public accepterait le film. Les gens voudraient-ils voir quelque chose qui leur rappelle la crise? Préféreraient-ils plutôt éviter ce genre d’histoire? Heureusement, ce fut la première éventualité, en Grèce déjà. ‘Apples’ n’est pas un film sur la pandémie non plus, mais plutôt sur notre vie et les changements dans notre société. Le virus est une allégorie, comme dans ‘Children of Men’.»

Sur quoi exactement voulez-vous attirer l’attention?

«En gros, il s’agit de la façon dont notre mémoire est affectée par le fait que nous ayons tellement recours à la technologie et aux réseaux sociaux. Nous ne vivons plus vraiment la vie et nous n’exerçons plus notre mémoire. Le problème n’est pas tant que nous ne retenons plus les noms ou les événements, mais que nous oublions aussi les émotions. C’est le plus important, je trouve.»

‘Apples’ est souvent drôle, d’une façon inhabituelle. Qu’est-ce qui vous fait rire?

«J’adore ‘Friends’. Et les vidéos stupides que je trouve sur YouTube. Elles m’inspirent énormément. J’aime beaucoup rire. Mais je ne voulais pas de vraies blagues dans mon film. Juste des petits moments de sourire, à la Jacques Tati ou Buster Keaton, qui dépendent plus du langage corporel que des mots. Je trouve cela plus beau et plus universel.»

Notre critique de Apples

Aris, un quinquagénaire, est touché par une étrange épidémie qui ôte la mémoire aux gens. Ou fait-il semblant et s’agit-il d’autre chose (de plus douloureux)? C’est la grande question dans ‘Apples’, un énième exemple de la fascinante école de tragicomédies un peu absurdes qui font la renommée du cinéma grec aujourd’hui – et le réalisateur Christos Nikou a débuté sa carrière sur un tournage de Yorgos Lanthimos (‘Dogtooth’, ‘The Favourite’). Aris s’inscrit à un programme gouvernemental pour acquérir de nouveaux souvenirs grâce à une série de missions à accomplir. Cela donne une multitude de situations surréalistes à l’humour pince-sans-rire, mais on sent une profonde tristesse entre les lignes. Un premier film mémorable. (rn) 4/5