«Rodéo», un western urbain qui secoue le cinéma français : «La poésie du cross bitume m’impressionne»

Pour son premier film ‘Rodeo’, la réalisatrice française Lola Quivoron nous embarque dans l’univers des motos et du cross bitume. Un portrait de femme au parfum d’essence, récompensé par le Coup de Cœur du Jury au dernier Festival de Cannes.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 3 min.

D’où vient votre intérêt pour les rodéos urbains?

Lola Quivoron: «Je suis née en banlieue parisienne et en bas de mon immeuble il y avait toujours des jeunes avec leurs scooters et leurs motos. Le bruit des moteurs m’est donc très familier. Quand j’ai intégré mon école de cinéma, je ne rêvais que d’une chose: retourner sur le territoire de mon enfance. J’ai donc pris mon courage à deux mains et appelé le leader des Dirty Riderz Crew, qui m’a ouvert les portes du cross bitume et de la bike life en 2015.»

Difficile de filmer des motos à pleine vitesse?

«C’est venu naturellement avec ma fascination. J’étais tellement impressionnée par la poésie de la pratique, par sa dimension tant spectaculaire que politique, que j’ai directement commencé à les filmer sans réfléchir. Je pense que ça m’a entraînée, et j’ai reçu beaucoup d’aide de la part des riders eux-mêmes, qui ont accepté de rouler dans le film. On a fait venir un chef cascadeur avec une moto spéciale, très lourde pour la stabilité mais très rapide en même temps. Ça a permis d’obtenir une sensation très proche de la ’glisse’, surtout quand la confiance s’est installée entre le cascadeur et les riders. Eux ne rêvent que d’une chose en fait, décriminaliser et démocratiser la pratique. Ils encouragent par exemple les politiciens à ouvrir une ligne de bitume pour pouvoir s’entraîner dans un cadre légal.»

Est-ce un univers uniquement masculin?

«Il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes, c’est sûr, mais je crois que ça vient d’un déterminisme social. Moi-même, je me sens au milieu du spectre allant du masculin au féminin, et je n’ai jamais vécu la forme de rejet que l’héroïne du film traverse. Ça, c’est de la fiction.»

Avez-vous appris à rouler?

«Je me débrouille gentiment. Enfin… ’No tricks at all’, je me contente de rouler!»

Attention, coup de cœur!

Partant de l’immersion d’une jeune femme dans un gang de motards-cambrioleurs, la réalisatrice française Lola Quivoron détourne le pitch à la ‘Fast and Furious’ de son film pour un récit d’entraide liant deux femmes étouffées par leur environnement masculin. Le tout en nous servant des scènes de glisse aussi prenantes que réalistes. Bref, oubliez Vin Diesel et ses films d’action, l’odeur de l’essence a un nouveau nom!

‘Rodeo’ sort en salles ce mercredi.