Michèle Laroque: «J’ai dû rester alitée pendant deux ans à cause d’un accident de voiture»

Dans «Alors on danse», Michèle Laroque rêve d’une nouvelle vie. Metro a rencontré l’actrice et réalisatrice.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Comment vous est venue l’histoire de ’Alors on danse’?

Michèle Laroque: «Mon producteur est rentré de vacances en Angleterre avec un film sous le bras. Ça s’appelait ’Finding my feet’ et l’idée d’une adaptation française m’a plu. Mais le résultat final est très différent. Mon film est un peu moins dramatique.»

On y suit l’histoire de Sandra, qui plaque sa vie bourgeoise quand elle apprend l’infidélité de son époux. Le thème des nouveaux départs vous touche?

«On vit tous des chocs émotionnels dans nos vies. Ce que j’aime raconter, c’est que c’est parfois pour le meilleur! Il nous arrive de rester bloqués dans les automatismes de nos vies, en suivant des valeurs qui ne nous conviennent plus forcément. Se défaire de cette sécurité-là nous permet de découvrir qui on a dans le ventre. J’aime bien montrer que recommencer, c’est pas la fin du monde, bien au contraire. C’est parfois le début de quelque chose d’extraordinaire.»

Vous-même êtes devenue comédienne après un accident grave qui vous a éloignée de la danse justement…

«Oui, j’ai dû rester alitée pendant deux ans à cause d’un accident de voiture, et la remise en question de Sandra offre un écho à ce que j’ai vécu. Car cette blessure, je n’ai jamais souhaité l’avoir. En revanche, c’est grâce à cet accident que j’ai su que je voulais être actrice, et que j’ai gagné une énergie de vie supplémentaire. J’ai découvert que j’avais confiance en ma capacité à remarcher. J’ai appris la patience et la maîtrise de ma douleur. Des choses que j’aurais préféré acquérir sans passer deux ans à l’hôpital (rires)! Mais positives au bout du compte.»

Le film est aussi une histoire de sœurs, avec Isabelle Nanty à vos côtés…

«Et pourtant je n’ai ni de frère, ni de sœur. Je suis fille unique, et je suis très envieuse de mes copines qui ont des sœurs. J’adore les observer entre elles. Ces ententes qui dépassent le besoin des mots, ça les rend fortes! Dans ’Alors on danse’, Sandra et Danie ne se sont pas vues depuis des années. Sandra, mon personnage, s’est embourgeoisée et vit dans un château. Et Danie, qui vit toujours dans la maison ouvrière de ses parents, le lui reproche en se braquant dans sa défense des valeurs prolétariennes. Elles sont très différentes, et s’en veulent vraiment… Et pourtant elles se comprennent! Elles arrivent même à s’en amuser, et nous avec.»

Vous avez pensé à Isabelle Nanty directement?

«Oui! On a terminé d’écrire le scénario pendant le premier confinement. Le bon côté des choses à ce moment-là, c’est que tous les comédiens imaginables étaient à l’arrêt. Ils étaient donc disponibles pour peu qu’on enclenche la machine rapidement. On a donc accéléré la mécanique, en faisant tout très vite, mais avec la grâce et la magie des retrouvailles. C’est quand même fort ce qu’on a tous vécu à travers cette pandémie. On ne comprenait pas complètement ce qui se passait, mais on savait que c’était énorme et que ça nous dépassait. Le tournage n’en a été que plus joyeux. On n’était pas du tout inquiets, bien au contraire. Comme lorsqu’une fête reprend ses droits. Et puis le film parle d’amitié, et on se connaît bien avec Isabelle, Thierry et Patrick.»

La brochette de vedettes ne s’arrête pas à votre quatuor…

«C’est vrai. Le casting s’est formé de façon presque magique. Il y a Jeanne Balibar (vue récemment dans ’Illusions Perdues’, NdlR) qui amène son univers fantaisiste dans le rôle de la prof de danse. Jean-Hugues Anglade (vu dans ’Nikita’, NdlR) apporte une touche libertaire à son personnage de vieux communiste devenu maire de droite. Antoine Duléry, Alysson Paradis, Armelle… Ils sont tous venus colorer le film avec leur personnalité.»

Propos recueillis au Festival International du Film Francophone de Namur par Stanislas Ide

Notre critique de «Alors on danse»

Rien ne va plus pour Sandra (Michèle Laroque)! Non seulement son mari la trompe, la poussant à claquer la porte de leur magnifique château. Mais son seul refuge s’avère être sa maison d’enfance, où vit encore sa sœur Danie (Isabelle Nanty), fière d’y entretenir les racines prolétariennes de la famille. Entre elle deux, c’est la guerre froide depuis des années. Leurs retrouvailles, un cours de danse pour seniors, et les petites manigances des amis soixante-huitards de Danie (Patrick Timsit et Thierry Lhermitte) vont pourtant les rapprocher pour de bon. Les intentions derrière cette comédie sur des sexagénaires en pleine remise en question ont beau être sincères, l’absence totale de vision cinématographique dans la mise en scène nous empêche d’en profiter. Rien à l’image n’étonne ou ne stimule nos sens, ce qui est plutôt décevant pour un film célébrant l’art de la danse. Pire, la direction d’acteurs est tellement molle qu’on a parfois l’impression de suivre de mauvais sketches des Enfoirés, sans les chansons pour s’en remettre. Un raté complet, qui plaira peut-être à certains fans de la troupe de chanteurs au grand cœur. 1/5