Michael Bay, action explosive et «Ambulance», Jake Gyllenhaal raconte son expérience

Jake Gyllenhaal revient sur son tournage avec Michael Bay pour le film «Ambulance».

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Avec un acteur comme Jake Gyllenhaal, un réalisateur peut tout faire. Du spectacle et de l’aventure? Il tire ‘Spider-Man: Far from Home’ ou ‘The Day After Tomorrow’ vers le haut. Un drame touchant? Il vous donne ‘Brokeback Mountain’ ou ‘Wildlife’. Un thriller palpitant? Que pensez-vous de ‘Zodiac’ ou de ‘Prisoners’? Avec ‘Ambulance’, il y ajoute désormais l’action explosive. Avec le nouveau film du Maître de la Destruction, Michael Bay.

Je ne veux surtout pas paraître condescendant, mais Michael Bay n’est pas connu pour ses drames intenses. Qu’est-ce que ses films vous apportent en tant qu’acteur?

JAKE GYLLENHAAL : «Vous savez, les films d’action ont la réputation de donner moins à faire aux acteurs, ou d’exiger moins d’efforts de leur part, mais je ne suis pas d’accord. Peu importe le genre, nous recherchons l’âme de notre personnage. Et une des choses que j’ai notées sur le tournage de ‘Ambulance’, c’est que Michael Bay est un auteur. Il suit son explosion de la même manière qu’il suit ses acteurs. Il a une technique pour capter les choses qui sont crédibles. Il déteste le bullshit. Son œil se tourne automatiquement vers la vérité. Il dit de sa caméra que c’est sa baguette de sourcier. En tant qu’acteur vous avez donc intérêt à être bon, si vous ne voulez pas qu’il vous relègue au second plan.»

Vous appréciez tout ce qu’il fait?

«Certains films oui, d’autres moins. Ses films me fascinent depuis ‘The Rock’, et je ne peux pas bien expliquer pourquoi. Mais c’est sûrement lié au fait que dans ce film il a fait appel à de très bons acteurs comme Nicolas Cage, Sean Connery et Ed Harris. Il accorde en effet beaucoup d’importance à la performance des acteurs. On ne lui en fait pas assez crédit, je trouve. Il aime vraiment les acteurs. Lorsqu’il m’a demandé si j’avais envie de jouer dans ‘Ambulance’, je n’ai pas eu besoin d’y réfléchir à deux fois.»

Comment est-il sur le tournage?

«Intense. (rires) Il investit énormément d’énergie dans ce qu’il fait. Oui, il crie beaucoup et facilement, mais jamais sur ses acteurs. Il trouve important, en fait, de créer un tsunami d’énergie et cette énergie se propage à ses films.»

D’après John Turturro, dans un film de Michael Bay, il faut jouer avec la mentalité d’un gosse de cinq ans. Comprenez-vous ce qu’il veut dire?

«Absolument. Je me sentais vraiment comme un gosse sur le tournage. Je pouvais me pencher d’une ambulance et tirer sur des hélicoptères! (rires) C’est vraiment jouer, comme des gamins. C’est ce que je trouve si chouette aussi dans ‘Ambulance’, ce côté joueur. Nous ne nous prenons pas très au sérieux. Et c’est déjà le bon état d’esprit quand vous jouez dans un film, même un drame sérieux. Cela donne les meilleurs résultats.»

Danny, votre personnage dans ‘Ambulance’, est prétentieux et narcissique. Est-ce le genre de personnage que vous aimez bien jouer, car vous l’avez fait aussi dans ‘Okja’, ‘Spider-Man: Far from Home’ et ‘Velvet Buzzsaw’, ou est-ce un hasard?

«Ce qui m’intéresse le plus, c’est quand même le cinéaste. J’adore jouer. Cela m’amuse énormément. Et cela peut vraiment produire de l’empathie aussi, si vous le voulez. Mais je me mets d’abord au service de l’univers du réalisateur. Pour ‘Ambulance’ aussi. Il s’agit de créer quelque chose ensemble.»

Est-il vrai que vous avez tenu la caméra vous aussi dans ‘Ambulance’?

«Non, c’est exagéré. Ecoutez, j’ai grandi dans le monde du cinéma. Je m’y sens chez moi. Je sais comment fonctionne une caméra. Mais je sais aussi que chacun a son job sur le plateau. Ce n’est pas mon job de filmer, comme je ne demanderais jamais à un caméraman de jouer la comédie. Il y a juste une scène dans le film où nous roulons dans les rues de Los Angeles et la caméra est braquée sur Yahya [Abdul-Mateen II, son partenaire à l’écran, rn]. Et Michael Bay ne pouvait pas s’asseoir devant avec nous pour filmer ça. Je l’ai donc filmé moi. Ce n’était pas plus que ça.»

Notre critique du film «Ambulance»

Avec certains réalisateurs, le nom suffit pour savoir quel film on va (a)voir. Depuis ‘Bad Boys’, son premier film en 1995, l’ex-réalisateur de clips vidéo et publicités Michael Bay a créé un style qui lui est tout à fait propre et qui plaît beaucoup, commercialement parlant. Plus de 25 ans après, il s’y tient encore obstinément, ce qui veut dire que ‘Ambulance’ vous bombarde d’explosions, de fusillades, de poursuites et autres scènes spectaculaires. Et que ça n’a toujours ni queue ni tête. Bay se fiche de qui exactement tire ou court, d’où ça vient et vers où ça va – pas question donc d’un quelconque suspense – pour autant que les images soient cool. Dans cette histoire de braquage raté, qui se transforme en prise d’otages mobile, le réalisateur a en outre découvert les drones, de quoi balancer les plans les plus improbables. ‘Ambulance’ en met plein la vue et ce bling-bling stupide émane d’un homme avec un tel ego que ses personnages font explicitement référence – non pas une fois, mais deux – à sa propre filmographie. Faut le faire. (rn) 1 /5