«Les Huit Montagnes», un film belge tourné en italien et primé à Cannes

Pour son premier film en italien ‘Les Huit Montagnes’, le Belge Felix Van Groeningen (‘The Broken Circle Breakdown’) a décidé d’inviter sa compagne Charlotte Vandermeersch à le rejoindre derrière la caméra. Une très bonne idée puisque le film est rentré du dernier Festival de Cannes avec le Prix du Jury!

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par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

‘Les Huit Montagnes’ parle d’amitié en lui donnant la même force que l’amour…

Felix Van Groeningen: «C’est ça, et il élude un peu les bagarres au profit de l’entente, ce qui n’est pas courant au cinéma. Bon, il se passe des choses hein (rires)! Sans dévoiler la fin, le problème entre ces deux hommes n’est pas une bagarre, mais la lente découverte qu’on a parfois du mal à accepter quelque chose d’immuable chez un ami. Moi j’ai connu ça, et ça fait partie des moments les plus durs que j’ai connus dans ma vie. On aime quelqu’un énormément, et vient un point où l’on ne se comprend plus. On n’arrive plus à trouver la même longueur d’ondes. Quand on vit ça, on se refuse d’abord à l’accepter, mais ça peut aussi être beau de le reconnaître.»

Quels éléments du livre vous ont séduits?

Charlotte Vandermeersch: «On pourrait en parler pendant des heures car c’est une histoire très riche. Il y a d’une part cet amour platonique liant les deux héros. Que peut-on attendre, ou même exiger d’un ami? Il y a quand même moins d’obligation qu’en amour. Si ton meilleur ami décide d’aller vivre de l’autre côté de la planète, tu n’as quand même pas le droit de refuser, si? La douleur est pourtant comparable. Ensuite, ça parle du lien entre père et fils, un sujet très important dans les films de Felix et dans ma vie. Ça parle aussi de l’importance de donner de la liberté aux gens autour de soi pour mieux les aimer, même quand ça fait peur. Enfin, il y a une réflexion sur la notion de destin. Est-ce qu’on le suit? Est-ce qu’on le trace? La clef à tout ça n’est-elle pas d’accepter d’où l’on vient?»

Qui a lu le livre dont est tiré le film en premier?

Charlotte: «Felix!»

Felix: «Quelqu’un me l’a suggéré pour une adaptation au cinéma et comme Charlotte et moi cherchions un projet à écrire ensemble, on s’est lancés. C’était pendant le premier confinement en 2020 et ce qu’il faut dire aussi, c’est qu’après avoir écrit cette première version, Charlotte et moi avons vécu un moment très difficile dans notre couple. Mais on s’en est sortis et le bénéfice étrange de tout ça, c’est qu’on n’a jamais été aussi complices en 15 ans de relation.»

Le film a été tourné en italien. Avez-vous envisagé de le tourner en flamand?

Charlotte: «On ne l’a jamais imaginé en néerlandais, non. Les producteurs qui ont contacté Felix au départ l’imaginaient en anglais dans un décor américain mais on voulait respecter l’authenticité du livre. Il y a une pureté dans cette histoire qu’on n’aurait pas pu inventer ailleurs que dans ces Alpes italiennes. Du coup, on a dû apprendre l’italien (rires)! On a pris des cours au moment où on écrivait le scénario.»

Felix: «Charlotte parle mieux que moi.»

Charlotte: «Oui mais tu comprends tout. Tu étais à l’aise, moi aussi. Un autre monde s’est ouvert à nous en quelque sorte, et je pense que notre curiosité et notre émerveillement ont rendu le film meilleur.»

Un des héros parle en dialecte en plus. Comment avez-vous dirigé les acteurs italiens?

Felix: «Dès les auditions, on sentait quand c’était juste ou non, même quand on ne comprenait rien au texte.»

Charlotte: «Faut dire qu’on a travaillé pour. On a expliqué aux acteurs, tous deux Italiens, qu’il fallait être très attentifs aux accents et au choix des mots. Car en Italie, on sait d’où tu viens dès que tu ouvres la bouche apparemment. C’est pareil en néerlandais, donc on a compris que ça impacterait le film. Et Paolo (Cognetti, l’auteur du livre dont est tiré le film, NdlR) nous a aidés en relisant les dialogues.»

Felix: «Et là, on vient de recevoir quelques retours de journalistes italiens qui nous ont dit qu’on ne sentait pas du tout que les réalisateurs sont étrangers. C’est le plus beau compliment.»

‘Les Huit Montagnes’ sort en salles ce 14 décembre.

LES HUIT MONTAGNES

Gardez-vous le contact avec vos amis d’enfance? Pour Pietro, les vacances à la montagne sont synonymes de retrouvailles avec son meilleur ami Bruno. Un lien fort mais insolite puisque Pietro vient de Milan et Bruno de la campagne profonde, que le premier est plutôt bourgeois quand le second envisage d’arrêter l’école pour soutenir sa famille. Ces deux amis sont aussi différents que le jour et la nuit, et la vie semble bien décidée à le leur rappeler. Après ‘Tori et Lokita’ et ‘Close’, voici le troisième film belge à avoir gagné un prix au dernier Festival de Cannes. Et tiens, tiens, celui-ci parle aussi d’amitié! Une relation platonique mais essentielle, de celles qui ouvrent les yeux et rendent le monde plus grand… avant que le couperet des origines sociales ne joue au boomerang. Étalée sur 20 ans, cette saga amicale fera fondre les âmes mélancoliques. Mais les cyniques risquent de bailler devant les (longs) états d’âmes d’un homme bourru et d’un adulte se prenant pour un ado. N’empêche, la beauté des images transalpines vaut à elle seule le détour.

3/5

‘Les Huit Montagnes’ sort en salles ce 14 décembre.

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