«Le Parfum vert», une comédie loufoque et bien sympathique avec Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste

De la bande dessinée au cinéma, il n’y a qu’un pas que Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste franchissent joyeusement dans ’Le Parfum vert’, une comédie d’aventure tirant son inspiration visuelle du neuvième art.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

‘Le Parfum vert’ fourmille de détails fantaisistes. Avez-vous été surpris en découvrant le film?

Vincent Lacoste: «Totalement! Attention, ce n’est pas comme si on avait tourné dans un film sans le comprendre non plus (rires). C’est dur à décrire mais je dirais que ’Le Parfum vert’ est un mélange d’élégance et de cartoon très cool. Je m’attendais à l’aspect comique et burlesque de notre duo parce que c’est là-dessus qu’on a bossé, mais le reste des ingrédients comme la musique, le rythme du montage ou la photographie tirent le film vers d’autres notes.»

Sandrine Kiberlain: «Il y a tellement de fantaisie dans le film, beaucoup de petits détails nous sont passés au-dessus de la tête en le préparant. Dès le générique je me suis dit que Nicolas (Pariser, le réalisateur, NDLR) avait trouvé le bon ton. Il nous emmène dans un truc à lui et nous invite à jouer aux apprentis détectives.»

Des détectives du dimanche, non? Enfin surtout vous, Sandrine…

SK: «Oui, Claire a un côté ’Allez, j’y vais’! Elle est presque mytho en fait, elle n’a pas trop de mal à croire Martin (joué par Lacoste, NDLR) alors qu’il est accusé d’un meurtre quand même. Elle voit des énigmes partout et s’imagine les scénarios les plus tirés par les cheveux pour expliquer ce qui leur tombe dessus. Quand Vincent l’emporte dans son aventure, ou ses emmerdes, c’est selon, elle y va clairement pour échapper à son ennui. À sa façon, elle crée une nouvelle BD dans la BD.»

VL: «C’est elle qui comprend tout, alors que c’est lui qui est poursuivi. Enfin, dans un premier temps…»

Votre duo semble peu genré. Sandrine, vous portez Vincent dans vos bras comme un enfant. Vincent, c’est vous qui cuisinez quand vous trouvez un moment de répit. C’était voulu?

SK: «On ne l’a jamais conscientisé, mais maintenant que vous le dites, je trouve ça super! D’autant plus que ça reste naturel, que ça ne m’a pas sauté à la gueule de devoir porter un homme blessé. Et puis il manquerait plus que ça qu’il ne cuisine pas, oh (rires)! Vous avez raison, ce n’est sûrement pas là par hasard et c’est vachement bien pour le film. Mais je n’ai pas senti l’intention en les jouant, j’ai trouvé tout ça archi-banal. Et tant mieux!»

Les dialogues sont savoureux dans le film, avec de très nombreuses ’phrases chocs’. Pas trop dur de coller au texte avec tant de précision?

VL: «C’était hyper écrit, en effet. Mais Nicolas n’a jamais dû nous rappeler à l’ordre parce que les dialogues étaient tellement géniaux qu’on n’avait pas envie d’y toucher. Dès la lecture, on sentait ce rythme et cette mélodie. En plus, Nicolas a écrit les rôles pour nous deux, et je pense que sa plume s’est d’autant plus lâchée.»

SK: «Par contre, il nous a souvent demandé d’accélérer notre débit. Il fallait reprendre des scènes car Nicolas avait déjà le rythme en tête, et il voulait qu’on s’attache aux personnages via une forme d’emballement. Nous les acteurs, on a souvent l’impression d’être trop rapides, mais le cinéma ralentit tout. Il faut toujours avoir tendance à aller plus vite que ce qu’on croit. Alors dans une comédie, il faut que ça fuse, vous imaginez!»

Dans ’Le Parfum Vert’, on entend que la jeunesse se repolitise. C’est votre impression?

SK: «Il n’y a plus d’idéologie en fait. À partir du moment où l’on sait qu’il n’y a pas plus de droite, plus de gauche, plus d’envie de suivre une seule personnalité politique…»

VL: «On est obligés de trouver sa propre politique.»

Vincent, quand Sandrine vous dit ’Vous avez un côté déglingué qui vous va pas mal’, on ne sait pas trop si elle vous parle à vous ou à votre personnage…

VL: «Pour moi, c’est un compliment. Qu’on soit dans le film ou en dehors! Ça veut dire qu’elle me trouve marrant, singulier. Qu’elle me trouve à part!»

SK: «Je veux bien qu’on me le dise à moi aussi, tiens! L’air de rien, il lui plaît déjà quand elle lui dit ça…»

Faut-il aller voir «Le Parfum vert»?

Martin (Vincent Lacoste) n’a pas de chance! Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il voit des méchants plus caricaturaux les uns que les autres surgir partout autour de lui pour l’éliminer. Dans sa fuite, il rencontre Claire, une dessinatrice de bédé en manque d’aventure. La chance de Martin serait-elle en train de tourner? Avec son titre tout droit sorti de l’univers de Tintin, ‘Le Parfum vert’ enchaîne les clins d’œil à l’univers du neuvième art, notamment via la profession de son héroïne, une dessinatrice dont le dernier livre s’intitule ironiquement ‘C’est ici que mes ennuis commencent’. De par son générique animé aussi, ou ses méchants en train de comploter dans des manoirs dignes des ‘Sept Boules de Crystal’. Malgré ses airs de vieux roman d’aventure au papier jauni, l’intrigue du ‘Parfum vert’ se veut pourtant actuelle. Entre deux courses-poursuites et les savoureux dialogues qui les ponctuent, Kiberlain et Lacoste parlent d’Europe, d’engagement politique et d’antisémitisme, donnant une profondeur inattendue à cette comédie loufoque et bien sympathique.