Jamie Lee Curtis s’exprime sur «Halloween Ends»: «C’est presque effrayant ce que les trois derniers films ‘Halloween’ ont prédit»

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Les trois derniers ‘Halloween’ parlent du Mal en tant que concept abstrait et ce qu’il signifie dans notre monde. Aviez-vous décelé cela dans le personnage de Michael Myers?

Jamie Lee Curtis : «Non, mais je n’écris pas les scénarios non plus. Je joue seulement. Je suis persuadée que, d’ici 20 ou 30 ans, nous reviendrons sur ces films et réaliserons que David Gordon Green (le réalisateur et co-scénariste, Ndlr) est un génie. C’est presque effrayant de voir ce qu’il a prédit dans ces trois films, sur le monde dans lequel nous vivons. Son premier ‘Halloween’ parlait de la façon dont les femmes reprenaient leur pouvoir et refusaient l’exploitation et l’oppression. Il a écrit ce film en 2016 et, une bonne année plus tard, nous avons eu le mouvement #MeToo. En 2019, il imagina ‘Halloween Kills’, sur la violence de la rue et la façon dont le peuple se fait justice parce que le système ne fonctionne plus. Et, début 2021, nous avons vu l’assaut du Capitole. ‘Halloween Ends’ parle de la façon dont nous sommes tous des monstres en fait et comment la violence est un virus qui touche tout le monde. Cette influence toxique, on la voit partout. Les nouveaux films ‘Halloween’ sont incroyablement prédictifs, tant sur le plan politique que sociologique et émotionnel.»

Le nouveau film s’intitule ‘Halloween Ends’ mais la fin de la série a déjà été annoncée plusieurs fois. Les adieux sont-ils définitifs cette fois?

«Écoutez, je n’avais jamais pensé faire encore un ‘Halloween’ quand David Gordon Green m’a appelée en 2017 pour dire qu’il avait une bonne idée pour un nouveau film. Finalement, c’est devenu une trilogie. Je lui suis très reconnaissante, car ce sont trois films qui rehaussent le genre. À première vue, ce sont des slashers, mais ils ont un sujet. Et ils nous ont donné un nouveau statut dans le cinéma. Je suis maintenant ‘a fucking boss’!» (rires)

Cela vous fait-il de la peine de dire adieu à Laurie Strode?

«Bien sûr. Les adieux font toujours mal. Il suffit d’aller dans un aéroport. Vous y verrez toujours des gens pleurer. Se séparer, c’est dur. Mais il est temps pour d’autres choses. Mieux que cette trilogie, ce ne le sera pas de toute façon.»

Laurie Strode est-elle devenue une sorte d’alter ego et a-t-elle beaucoup changé?

«Si en 44 ans, vous jouez plusieurs fois le même personnage, vous le voyez inévitablement évoluer. C’est aussi typique d’une vie devant la caméra de se voir vieillir soi-même. Je ne me fais pas d’illusions sur le fait que j’ai changé physiquement, avec ou sans vêtements. Je suis quelqu’un de réaliste. Mais j’adore jouer des personnages comme Laurie… sa ténacité, son courage, sa force, son intelligence, son audace et son amour.»

Dans ‘Halloween Ends’, votre personnage écrit ses mémoires. Une chose que vous ferez un jour?

«Oh non. (rires) Les gens me qualifient parfois d’arme de promotion massive. Je suis directe et je pense que j’ai toujours été très ouverte et transparente dans mon travail et dans ma vie. Et je sais qu’il existe des autobiographies formidables. Ma grande amie Jennifer Grey (connue entre autres pour son rôle dans ‘Dirty Dancing’, Ndlr) en a écrit une, par exemple, avec beaucoup de perspicacité et de bonnes idées. Mais je n’en éprouve pas le besoin. J’ai passé la majeure partie de ma vie d’adulte sous les projecteurs, cela m’a permis de bien gagner ma vie et j’ai vécu de très belles expériences créatives. Il est bon de garder pour moi aussi certaines choses.» (rires)

‘Halloween Ends’ sort en salles ce mercredi

À en croire les créateurs, il s’agit donc de l’apparition finale de Michael Myers, l’implacable tueur au masque inexpressif. D’un autre côté, il s’agit tout comme le précédent ‘Halloween Kills’, d’une histoire sur la contagiosité du Mal, et la facilité avec laquelle les gens peuvent être amenés à verser dans la violence et les atrocités. La dernière fois, il s’agissait de la colère aveugle de la foule, dans ‘Halloween Ends’, il s’agit des conséquences néfastes de la négligence. Étonnamment, le personnage central ici n’est pas Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) mais un certain Corey, un jeune homme que toute la ville regarde de travers depuis un accident tragique. Il a manifestement besoin d’une aide psychologique pour surmonter son traumatisme, mais au lieu de cela, il est harcelé et humilié. Et puis Michael Myers refait surface. ‘Halloween Ends’ est un peu (trop) bavard et moralisateur, mais cela reste une conclusion fascinante, intelligente et assez sanglante d’une série iconique.