Interview de Jennifer Lopez: «On peut se sentir coincé dans la célébrité»

Dans «Marry Me», Jennifer Lopez épouse Owen Wilson sur un coup de tête. À l’occasion de la sortie du film, Metro a rencontré la star.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Plus de dix ans après sa dernière comédie romantique, l’increvable Jennifer Lopez revient avec ‘Marry Me’, dans la peau d’une star de la pop épousant un parfait inconnu (Owen Wilson). Un rôle en miroir avec la réalité, et l’occasion de faire le point sur sa carrière et son nouvel album.

Comment décririez-vous votre personnage Kat Valdez et sa relation avec le Monsieur tout-le-monde joué par Owen Wilson?

Jennifer Lopez: «À mes yeux, Kat est une artiste expérimentée et très sûre d’elle, qui s’est construite à l’intérieur de l’industrie du divertissement. Elle est très fière de sa vie professionnelle, mais sa vie privée commence à manquer de satisfaction. Et bizarrement, c’est ce qui la conduit à rencontrer Charlie, joué par Owen Wilson. Il change sa perspective sur son métier, et elle réalise qu’elle s’y sent enfermée. Parfois, on se sent coincé dans la célébrité. On a l’impression que c’est la seule chose qu’on sait faire, et qu’on n’a plus le droit d’avoir une vie comme les autres. Ou de l’amour. Charlie lui apprend que c’est que c’est possible, qu’il y a de l’espoir.»

Votre musique est centrale dans le film. Pas trop étourdissant de créer simultanément un film et un album?

[S’illumine en entendant la question] «C’était une première pour moi, et un pur bonheur de voir mes deux mondes se rencontrer. La réalisatrice Kat Coiro et les producteurs m’ont laissé mettre mon grain de sel pour décider ce que les différents morceaux allaient apporter. Ils se sont tournés vers moi et m’ont demandé des propositions pour que le film soit aussi cohérent que possible. Et c’est vrai, je suis celle qui comprend le mieux ce personnage et sa vie de chanteuse internationale. J’ai adoré construire cet élément musical de film, et puis Maluma (le chanteur de reggaeton colombien, NdlR) a comblé les trous pour son personnage à lui, Bastiàn.»

Avez-vous une chanson préférée dans le film?

«Ah, c’est dur! Vous choisiriez parmi vos enfants, vous (rires)? Sans trop réfléchir, je dirais que j’adore ’Nobody’s Watching Us’ parce que je m’y identifie beaucoup. ’Love of My Life’, ’After Love’, ’Marry Me’… Toutes! Mais ’On My Way’ a ce petit truc en plus. C’est une chanson pleine de sentiments, idéale pour un concert. Tout le monde peut s’y reconnaître, car on se prend tous la tête avec nos erreurs, et on rêve tous que celles-ci nous mènent finalement là où on aimerait être. Moi j’y crois!»

Kat a une vie drôlement similaire à la vôtre. À quel point vous ressemblez-vous?

«Je pense qu’on est très semblables, vous avez raison. Ce n’est pas un rôle pour lequel j’ai dû m’épuiser en faisant des recherches sur l’impact de la célébrité ou du branding dans une vie. Je connais tout ça, et je le comprends très bien. Le plus difficile a été l’aspect méta, de devoir montrer à quoi je ressemble vraiment quand les caméras sont éteintes, quand on souffre d’une rupture amoureuse devant le monde entier. Et que les médias se lâchent sur vous pour en faire des blagues. J’ai aussi un peu de la philosophie de Kat par rapport à la quête de l’amour. Comme dans ces scènes où Charlie demande à Kat pourquoi elle ne renonce tout simplement pas à l’idée de se marier, et qu’elle lui explique sereinement que même s’il n’y a qu’une chance sur un million, elle veut la tenter. Et que ça vaut la peine car elle sait ce qu’une vie sans famille représente. Il y a donc pas mal de moments où j’ai pu apporter une dose de vérité au personnage, c’est sûr. D’un point de vue émotionnel, j’avais accès à une certaine authenticité.»

Qu’est-ce qui vous convainc dans un scénario de comédie romantique?

«Spécifiquement? C’est dur de réinventer la roue à chaque fois, de rendre un film différent du précédent, puisqu’on sait bien que deux personnes finiront ensemble. Tout l’intérêt est donc dans le chemin pour y arriver. Si l’interaction entre les deux protagonistes est bien écrite, mes yeux s’allument.»

Notre critique de Marry Me:

Vous croyez au mariage? Kat Valdez (Jennifer Lopez) est une chanteuse sur le point de se marier avec le célèbre Bastián (Maluma), en direct et devant la planète entière. Quand elle apprend quelques secondes avant de dire oui que le bellâtre l’a trompée, elle se tourne vers la foule et voit Charlie (Owen Wilson). Sans réfléchir, elle l’invite à monter sur scène et se lie à lui pour l’éternité. Que peuvent bien s’apporter une star internationale et un prof de math? Le coup de comm’ de l’année, sans doute… Mais pourquoi pas le grand amour? Sur papier, ‘Marry Me’ donne la drôle d’impression de plonger dans un drôle de mix entre ‘Mariés au premier regard’ et ‘Danse avec les stars’. Pourtant cette romcom classique (à l’ancienne, diront les nostalgiques de Julia Roberts) file une pêche d’enfer. Véritable produit marketing dédié à son actrice, il ne tutoie jamais l’élégance de son alter ego britannique ‘Notting Hill’, mais remplit joyeusement son cahier des charges sirupeux, en laissant le charisme surnaturel de Jlo s’amuser avec la bonhomie solaire d’Owen Wilson. (si) 3/5