Faut-il aller voir «Elvis», le nouveau film de Baz Luhrmann?

Dans «Elvis», Austin Butler se met dans la peau du king. Rencontre avec l’acteur qui incarne l’une des plus grandes icônes de la scène musicale.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Austin Butler a le vent en poupe. L’acteur américain a commencé par des petits rôles dans des séries comme ‘Hannah Montana’ et ‘iCarly’, avant de monter en grade, il y a quelques années, avec le ‘Once Upon a Time in Hollywood’ de Tarantino. Dans ‘Elvis’ de Baz Luhrmann (‘Moulin Rouge’), il peut incarner une des plus grandes icônes de la scène musicale, ce qui l’a déjà propulsé au festival de Cannes.

Elvis Presley est une légende, mais cela fait déjà 45 ans qu’il est mort. Vous avez 30 ans. Que représente-t-il pour vous?

Austin Butler: «Il a toujours fait partie de ma vie. Ma grand-mère est une enfant des années 1950, et elle a grandi avec Elvis. Elle a transmis cet amour à ma mère, j’ai donc toujours entendu cette musique moi aussi. Je me souviens bien aussi de ses films, comme ‘King Creole’ et ‘G.I. Blues’. Mais je ne savais pas grand-chose de sa vie. Je ne réalisais pas à quel point il était drôle, sensible et spirituel. Et généreux avec ses amis et sa famille et même avec des gens qu’il ne connaissait pas du tout. Je pense que c’était quelqu’un de très agréable à fréquenter.»

Lui avez-vous aussi découvert des côtés que vous trouviez moins attrayants?

«Je ne sais pas si cela a à voir avec sa personnalité, mais il a eu beaucoup de mal à gérer sa soudaine célébrité. Je pense d’ailleurs que ce serait difficile pour beaucoup de gens. L’admiration et l’amour du public étaient tellement forts que le reste de sa vie semblait beaucoup moins intense. Il se sentait souvent seul à cause de cela. La manière dont il tentait de combler cette solitude, n’était pas toujours très saine. Ni pour lui, ni pour sa famille.»

Tout le monde sait qu’Elvis avait une voix magnifique et une incroyable présence sur scène. Mais était-il bon musicien aussi?

«Ce n’était certainement pas un virtuose de la guitare. Il jouait de cet instrument presque comme de percussions. Il tapait sur les cordes comme sur une batterie. Dans les années 1950, c’était du jamais vu. Mais pour moi, son plus grand talent musical était la manière dont il interprétait des chansons. Lui-même n’a jamais écrit de chanson, mais ses versions étaient toujours meilleures que l’original. Il y mettait tant d’âme et de force. Il avait en outre une oreille incroyable pour l’orchestration. Il savait toujours parfaitement quel son donner à une chanson.»

Cela doit être un immense défi de devoir jouer une personne aussi instantanément reconnaissable. Comment s’y prend-on?

«En cherchant l’homme derrière l’icône. La plupart des gens voient Elvis comme une figure presque divine, ou comme une sorte de costume d’Halloween, une caricature. J’ai dû chercher qui il était en tant que personne. En même temps, je voulais être le plus précis possible, en reproduisant exactement la façon dont sa voix changeait au fil des années et sa façon de bouger aussi. J’ai donc passé des heures et des heures à visionner des images, jusqu’à ce que je sente que cela devenait une deuxième nature pour moi. C’était donc une question de trouver le bon équilibre entre ces détails et l’homme qu’était Elvis, et cela n’a pas toujours été aussi facile.»

Votre principal partenaire était Tom Hanks. Qu’apprend-on de quelqu’un avec un tel état de service?

«J’ai surtout retenu à quel point il est aimable sur le tournage, avec tout le monde. J’essaie depuis toujours d’être comme ça, mais cela m’a fait beaucoup de bien de voir que quelqu’un comme lui peut rester aussi humble. Tom est un pur professionnel, avec beaucoup de classe. Il m’a aussi donné un bon conseil. Il a vu à quel point je me focalisais sur mon rôle, et m’a dit qu’il mettait un point d’honneur à lire tous les jours quelque chose qui n’avait rien à voir avec le film ou le personnage. Pour rester en contact avec la réalité, tout simplement. Je le fais donc aussi désormais.»

Notre critique de «Elvis»

Quoi qu’on pense de sa musique et de sa façon de vivre, une chose est sûre: Elvis Presley était un phénomène. Sans doute même un des plus grands que l’histoire de la musique moderne ait connu. Rien que pour cela déjà, il est justifié que Baz Luhrmann porte la vie du King à l’écran. Des films tels ‘Strictly Ballroom’, ‘Romeo + Juliet’ et surtout ‘Moulin Rouge’ ont montré que Luhrmann comprend comme nul autre l’art de créer le spectacle avec des histoires intimes. Son ‘Elvis’ est donc un tourbillon, du scintillant logo Warner ouvrant le film jusqu’à l’émouvant morceau de piano le terminant. Luhrmann utilise chaque seconde et chaque centimètre carré de l’écran pour raconter son histoire -ou plutôt: pour en confier la narration au manager de Presley, le pas toujours aussi fiable Colonel Parker. Avec tout son maquillage et son accent étranger, Tom Hank attire l’attention dans ce rôle, mais la grande révélation dans ‘Elvis’ est tout de même indéniablement l’acteur principal Austin Butler. Impressionnant. 4/5