Dans «I Wanna Dance With Somebody», la bisexualité de Whitney Houston n’est pas maquillée

Après Elvis Presley et Simone Veil, c’est au tour de Whitney Houston d’avoir droit aux honneurs du biopic! Pour incarner la diva de ses 16 ans jusqu’à son décès en 2012, la Britannique Naomi Ackie ('The End of the F*****g World') a tout donné, même de la voix!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Aimiez-vous la musique de Whitney Houston avant de décrocher le rôle?

Naomi Ackie: «Oh mon dieu, oui! Elle est à la fondation de mes goûts musicaux. On en parle dans le film, mais ce qui j’aime le plus chez Whitney, c’est sa capacité à passer d’un genre à l’autre. Ça colle à ma façon d’écouter de la musique. Et à ma façon de choisir mes rôles au cinéma maintenant que j’y pense.»

Whitney était une icône reconnaissable entre mille. Pas trop la pression?

«Ce film a totalement changé ma vie, mais en plusieurs étapes heureusement. J’ai d’abord été sous le choc d’avoir été choisie. Après la joie est arrivée la peur, mais je l’ai dépassée en déménageant aux USA pour commencer le tournage. À partir de là, ma compréhension de la personnalité de Whitney n’a fait que grandir. J’ai compris ce que l’équipe du film voulait partager sur Whitney et je suis même devenue très soucieuse de bien raconter son histoire.»

Que voulez-vous que le public retienne de Whitney en voyant le film?

«J’espère qu’on a réussi à montrer à quel point elle était terre à terre, loin de son image de diva. On a tendance à mettre les gens célèbres et talentueux tellement haut sur un piédestal que, d’une certaine façon, ils ne peuvent jamais atteindre nos attentes. J’aimerais que le public sorte de la salle avec un peu plus de compassion, pour ces idoles ou même pour lui-même.»

Entre les concerts et tous les drames personnels, quelle a été la scène la plus dure à aborder?

«Clairement les scènes hautes en émotion, comme celles avec sa compagne Robyn, ou avec Bobby Brown et le reste de sa famille! Les scènes où elle est plus âgée aussi, quand sa voix est abîmée Je ne savais pas par quel bout commencer. J’avais 30 ans pendant le tournage. Je jouais donc quelqu’un de 20 ans de plus que moi quand même (rires)!»

Les chansons du film utilisent la voix de Whitney mais on vous a tout de même demandé de chanter pendant le tournage. Pourquoi?

«Quand j’ai accepté le rôle, je ne savais pas qu’on verrait Whitney chanter des chansons qui n’ont jamais été enregistrées. Bon, comme elle est plus jeune, on peut s’en tirer en disant que sa voix n’était pas encore mûre. Rien à voir avec la mienne mais c’est vrai que je chante depuis longtemps. Et pour les quelques autres scènes où je chantonne, je me suis répété mille fois que l’émotion du jeu comptait plus que la similarité de la voix. Je n’ai pas cherché à l’imiter.»

La bisexualité de Whitney n’est pas maquillée, alors que c’était encore un secret de Polichinelle il y a quelques années…

«C’est fou, non? Personne ne pouvait parler de son histoire avec Robyn, Whitney la première. Elles étaient été amies, c’est vrai, mais elles ont aussi été amoureuses. C’est une relation complexe qui a marqué Whitney, plus que toutes les autres. Robyn était là du début à la fin! Et cette relation a été abîmée par le tabou que la célébrité de Whitney leur imposait. Il était impossible d’écrire ce film sans en parler frontalement. J’imagine que ça montre à quel point les choses avancent, et je suis ravie que nous n’ayons pas eu à nous poser la question de l’inclure ou non.»

Il y a de nombreuses scènes de concert. Laquelle vous a le plus marquée?

«J’ai adoré jouer devant toutes ces foules mais je pense que la scène la plus spéciale était celle en Afrique du Sud, quand Whitney chante ’I Will Always Love You’ pour célébrer la libération de Nelson Mandela. Il faut la regarder en vrai, allez sur Internet, ça vous filera la chair de poule.»

Quel moment rétro avez-vous préféré recréer?

«Je porte plus de 140 tenues différentes dans le film. Je vous jure! Je crois que la scène la plus amusante à recréer était le clip de ’I Wanna Dance With Somebody’, j’ai un petit faible pour les années ’80.»

‘I Wanna Dance With Somebody’ sort en salles ce 21 décembre.

Faut-il aller voir «I Wanna Dance With Somebody»?

Les biopics musicaux, c’est souvent la même rengaine: un talent fou brille face à l’adversité, devient une idole à aimer comme à dévorer, avant de s’éteindre en sombrant dans l’alcool, la drogue ou la maladie. Mais qu’il s’agisse de l’irrévérence édulcorée de Freddie Mercury dans ‘Bohemian Rhapsody’ ou de la déprime du King à Las Vegas dans ‘Elvis’, le classicisme de cet éternel récit se dépoussière habituellement grâce au dynamisme du catalogue musical de l’artiste. C’est bien le cas avec ‘I Wanna Dance With Somebody’, dont les scènes de concert font taper du pied de bout en bout. Mais c’est à peu près tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent, à moins que vous n’adoriez ‘Les Feux de l’amour’. C’est bien simple, plus les drames personnels de Whitney Houston s’enchaînent, plus le kitsch des dialogues augmente, et plus le mélodrame déborde de l’écran. Pour voir la même histoire sans se sentir mal à l’aise dans son siège, mieux vaut ressortir le docu ‘Whitney’ de Kevin Macdonald. 1/5