«Close» raconte l’amitié difficile entre adolescents: « La tendresse entre garçons n'est presque jamais montrée»

Quatre ans son premier film 'Girl', le cinéaste belge Lukas Dhont passe le cap du deuxième haut la main! Porté par le Grand Prix du Festival de Cannes obtenu en mai dernier, et en passe de représenter la Belgique dans la course aux Oscars, l'ouragan 'Close' sort enfin sur nos écrans.

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'Close' parle de la difficulté pour les jeunes garçons de se laisser aller à la tendresse. Mais comment résumer l’histoire?

Lukas Dhont: «Leo et Rémy ont 13 ans et sont amis depuis toujours. Ils partagent tous leurs temps libre ensemble, leurs jeux et leurs secrets aussi, jusqu'à leur entrée à l'école secondaire. C'est là qu'un événement surgit, et qu'une rupture dans leur amitié va se dessiner...»

Que vouliez-vous raconter sur la fin de l'enfance?

«'Close' parle du passage à l'adolescence, de la première confrontation entre un jeune individu et le microcosme de la société qui l'entoure, celui des cours de récréation. On y passe tous, et quand on y met les pieds pour la première fois, on se confronte aux groupes, aux normes, aux codes, aux labels, aux différences... à la verticalité de la société.»

Une porte d’entrée pour parler de masculinité?

«Au départ, j’avais envie de montrer une amitié sensuelle entre garçons. Un amour dans le sens le plus large du mot. Un amour tendre et beau. C'est une imagerie qu'on ne voit pas assez, alors qu'on nous inonde d'images de brutalité entre hommes. Très vite, j’ai eu envie de parler de ce moment très précis de l'adolescence où cette beauté se confronte au fait que notre monde n'y est pas habitué, et que nous sommes conditionnés à regarder cette tendresse entre garçons par le prisme de la sexualité. Tout ça mis ensemble m’a mené à cet instant de nos vies où, pour la première fois, on comprend que nos actions ont des conséquences. Ça tombe comme un couperet, c'est souvent très fort et ça se vit dans le corps. Tout bouge en nous, et on n'ose pas forcément en parler.»

On parle souvent du piège du second film, qu'il faut réussir aussi bien que le premier mais sans trop se répéter. Aviez-vous ces défis en tête lors de la production de 'Close'?

«Oui, ça m'a vraiment angoissé. Je crois que c'est assez humain d'avoir peur de décevoir. Mais je me suis dit qu'il ne fallait pas trop penser aux attentes et juste écrire en partant du cœur et du corps. Et un jour, j'étais assis à mon bureau et cette petite voix dans ma tête me reprochant d'écrire des choses banales s'est tue, et je me suis reconnecté avec ma créativité.»

‘Close’ et ‘Girl’ construisent un monde et des personnages totalement bilingues. Est-ce une utopie belge que vous voulez créer dans votre œuvre?

«Je choisirais plutôt le mot 'possibilité'. C'est une possibilité de vivre l'un avec l'autre, surtout quand on est si proches que les Flamands et les francophones. Moi je le vis dans ma vie parce que je travaille dans les deux langues avec d'autres gens bilingues. Les deux jeunes acteurs du film 'Close' en tête ! Eden et Gustav sont parfaitement bilingues, c'est tout de même inspirant, non ? Se retrouver comme ça face à deux jeunes talents qui sont [signe des guillemets dans l'air avec ses doigts] ‘entièrement belges’ dans leur identité. Je ne pense donc pas que ce soit une utopie, c’est plus concret qu'un rêve.»

'Close' a été choisi pour représenter la Belgique aux Oscars. À quoi ressemble une telle campagne?

«Il va falloir voyager et montrer le film autant que possible, et à tant de monde que possible ! On verra ensuite s'il plaît et s'il provoque des émotions. Notre distributeur américain A24 nous a choisis, et on est le seul film non-anglophone dans leur catalogue. Je crois que c'est prometteur.»