«Avatar» ressort en salles en version remasterisée: «une pure expérience physique», selon James Cameron

James Cameron, le réalisateur de ‘Aliens’ et ‘Terminator’, entre autres, serait-il un fignoleur? Poser la question est déjà y répondre. Regardez son cv: après son megasuccès ‘Titanic’, il lui a fallu 12 ans pour sortir ‘Avatar’, à nouveau un énorme succès, et encore 13 ans pour nous redonner de ses nouvelles. Dans l’attente des 4 prochains opus – ‘Avatar 2: The Way of Water’ (‘Avatar 2: la voie de l’eau’), sortira déjà en décembre – l’Avatar original ressort en salles, dans une version remasterisée.

par
Ruben Nollet @Rubennollet
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‘Avatar’ date de 2009. Quelle réaction attendez-vous du public d’aujourd’hui?

James Cameron: «Écoutez, si vous avez moins de 22 ans disons, il y a de fortes chances que vous n’ayez jamais vu ‘Avatar’ dans une salle de cinéma. Cela veut dire en fait que vous n’avez jamais vécu le film tel qu’il était conçu, à savoir pour un grand écran et la 3D. Avec le remastering, le rendu est meilleur que jamais. Même si vous avez vu le film en streaming ou blu-ray ou d’une autre manière, et que cela vous a plu, vous ne pouvez en ressentir vraiment l’impact que dans une salle de cinéma. Là, vous avez la pure expérience physique que nous avions en tête lorsque nous avons fait ‘Avatar’.»

‘Avatar’ est jusqu’à ce jour le plus grand blockbuster de tous les temps. Comment expliquez-vous ce succès?

«Les gens réagissent toujours en premier à d’autres gens. Ce qui me faisait tant plaisir, c’était que les spectateurs ici réagissaient à des gens au physique complètement différent, de grands hominidés bleus aux grands yeux et à la queue de chat. Mais ils plaisaient au public. Leur aventure nous sortait de nos problèmes quotidiens, de nos préoccupations politiques et du chaos et du désordre de la vraie vie. ‘Avatar’ vous entraîne dans un monde où règne aussi le conflit et où des choses graves se passent, mais le film les observe à travers le prisme du fantastique et de la science-fiction. Tout le monde peut s’y reconnaître, que vous soyez en Chine, en Europe ou en Amérique.»

‘Avatar’ témoigne indéniablement d’un amour de la nature et plaide pour de meilleurs rapports avec la planète. Ce thème a-t-il joué aussi dans la popularité du film, selon vous?

«Selon moi, oui. Enfant, nous adorons tous la nature. C’est en nous. Nous aimons les animaux, jouer dehors et aller en forêt. Mais à mesure que nous grandissons, nous nous éloignons de plus en plus de la nature. Je suis convaincu que, dans le monde entier, la société souffre d’un manque cruel de nature. Appelez-ça le syndrome du manque de nature. Et ‘Avatar’ rappelle ce sentiment enfantin d’étonnement et d’émerveillement suscité par la nature, si grandiose, complexe et magnifique.»

Avez-vous suffisamment de distance pour évaluer si ‘Avatar’ a eu un impact durable sur le blockbuster moderne?

«Je ne veux pas paraître prétentieux, mais je pense que le film a eu un impact sur la façon dont les films sont proposés au public. ‘Avatar’ n’était certainement pas le premier film à faire usage d’effets de synthèse sophistiqués. Cette évolution avait commencé avant et a continué après aussi. ‘Avatar’ a néanmoins fait en sorte que le grand public adopte la 3D. Beaucoup de gens ont l’impression que la 3D n’était qu’une mode et que celle-ci est passée entre-temps, mais c’est inexact. La 3D aujourd’hui est un des choix que l’on peut faire quand va voir un film. Je compare cela avec la couleur. Lorsque les premiers films en couleurs sont arrivés dans les salles, les gens se sont déplacés au cinéma spécialement pour ça. Avec la 3D, cela s’est passé ainsi pendant un temps. Aujourd’hui, la nouveauté n’y est plus et la technologie fait tout simplement partie de l’offre. Quant à savoir si ‘Avatar’ aura un impact durable à long terme aussi, l’avenir le dira. Voyons d’abord si les gens ont envie d’aller voir ‘Avatar 2’.»

NOTRE AVIS

En ces 13 années depuis que Cameron a réalisé le plus grand blockbuster de tous les temps, beaucoup de choses se sont passées. Mais pour le film en tant que tel, le principal changement a été l’absorption du studio de production 20th Century Fox par Disney. Cameron lui-même n’aurait pu souhaiter mieux, car ‘Avatar’ s’inscrit parfaitement dans les contes de fées réconfortants et enrichissants tant prisés par Disney. Ils ont par définition leur place dans le vaste paysage cinématographique, a fortiori quand ils sont d’une telle splendeur visuelle. Cameron a plus que raison de dire qu’il faut voir ‘Avatar’ sur un écran le plus grand possible. Ou plutôt : vivre ‘Avatar’, car la 3D vous donne l’impression de marcher, courir et voler physiquement dans un documentaire de SF de David Attenborough. En revanche, la petite histoire (d’un soldat qui apprend à voir le monde avec les yeux de grandes créatures bleues extraterrestres) dépasse rarement le niveau des clichés des années 1950. Mais Dieu que c’est beau à voir.

4/5