«Aftersun» s’apprête à sortir en salles: une histoire qui touche profondément!

Certain(e)s cinéastes n’ont pas besoin de trois tentatives pour montrer leur talent gigantesque. Prenez la cinéaste écossaise Charlotte Wells, 35 ans. Son premier long-métrage ‘Aftersun’ parle tout simplement d’un père et d’une fille en vacances, et d’emblée elle fait mouche, avec une grande sensibilité.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 3 min.

‘Aftersun’ parle de deuil. Et, en fait, toutes les histoires de deuil sont une sorte d’histoire de fantômes. Pensiez-vous à cela aussi?

Charlotte Wells: «Pas vraiment. Je voulais plutôt partir de l’idée de la mémoire. Comment saisir quelque chose qui n’est que dans votre tête? Comment accéder à quelqu’un qui n’est plus là? J’essaie de le faire notamment dans les scènes de rave-party où on ne voit certains personnages que dans des flashs.»

Les vidéos amateur jouent un rôle important dans le film. Aviez-vous aussi un caméscope dans votre enfance?

«Oui, mais seulement à un âge un peu plus avancé que le personnage de Sophie dans le film. Je l’utilisais surtout pour filmer mes amis, non pas pour raconter des histoires. Ce qui m’intéressait, c’était de pouvoir capter des expériences et des relations et conserver des moments. ça aussi, c’est dans le film.»

Le faisiez-vous aussi pour avoir prise sur ces moments?

«C’est fort possible, car j’ai beaucoup déménagé dans mon enfance. À chaque fois, une autre ville, une autre école. Une des vidéos qui me tient le plus à cœur concerne les derniers jours dans une des écoles où j’étais. Je sentais une nécessité de conserver ce souvenir.»

Frankie Corio, qui joue le rôle de la jeune Sophie, est formidable. Comment l’avez-vous trouvée?

«Nous avons auditionné une centaine de gamines. J’ai vu beaucoup de talents, mais Frankie sortait tout de suite du lot. Elle a un visage qu’on ne peut quitter des yeux, même si elle ne fait rien. Et elle n’a aucun mal à rechercher le silence, même si, en vrai, c’est une enfant très vive. Elle est vraiment spéciale et très marrante. Elle adorait se moquer de moi et de Paul Mescal, qui joue son père.»

‘Aftersun’ sort en salles le mercredi 1er février.

Notre critique de «Aftersun»

La relation père-fille a quelque chose de spécial. On le voit tout de suite aussi dans ‘Aftersun’, le film singulier (d’inspiration autobiographique) de Charlotte Wells. Sophie, 12ans, part en voyage en Turquie avec son père, Calum. Ces vacances au soleil sont merveilleuses, mais on sent quelque chose de menaçant. ‘Aftersun’ est un cinéma des plus subtils. Wells choisit divers moments reconnaissables de la vie quotidienne pour construire une histoire qui touche profondément. Et ses deux interprètes principaux sont phénoménaux. 4/5