Adèle Exarchopoulos: «J’aimerais bien tourner dans un film Marvel»

Après le succès de ‘Rien à Foutre’, Adèle Exarchopoulos nous surprend à nouveau avec ‘Les Cinq Diables’ de Léa Mysius. Une histoire d’amour queer et teintée de magie, marquant le dixième anniversaire de ses débuts fracassants dans l’industrie du cinéma avec ‘La Vie d’Adèle’. L’heure du premier bilan, c’est maintenant!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Comment vous êtes-vous laissée embarquer dans ’Les Cinq Diables’, cette histoire aux notes fantastiques d’un secret d’adolescence remontant à la surface?

Adèle Exarchopoulos: «Je connais bien le travail de Léa (Mysius, la réalisatrice, Ndlr) et je le trouve très ludique. Elle le don de raconter des histoires incroyables comme si c’était quelque chose de très banal. C’est rare de tomber sur une histoire si intimiste dans un cadre complètement fantastique, avec de la magie à l’écran. Et je suis super touchée par son rapport au corps, sa façon de les filmer et de les approcher.»

Le film est en effet très ludique, avec de la musique pop et des plans de caméra très esthétiques. Étiez-vous étonnée en le voyant pour la première fois?

«Je ne m’attendais pas à autant de beauté et d’humour. Je n’avais pas mesuré l’importance du décor montagneux et du travail sur l’image. Quand t’es encerclé par les montagnes de ce petit village près de Grenoble, t’es vraiment là et pas ailleurs. Le chef de la photographie a fait un boulot de géant en fait. Il a retravaillé toute la pellicule pour le montage. Ça a été sublime à découvrir sur le grand écran. D’un coup, toutes les inspirations dont Léa m’avait parlé ont fait sens, que ce soit ’Get Out’ ou ’Twin Peaks’, ou de son envie de kitsch et de surnaturel.»

Vous évoquez ’Get Out’, avez-vous l’impression que le cinéma français s’intéresse davantage au cinéma de genre qu’avant?

«En tant que spectatrice, oui! J’ai le sentiment que ça s’injecte de plus en plus naturellement, sans intellectualisation. Je trouve ça très excitant, mais comme toutes les expériences de cinéma en fait. À partir du moment où t’y crois et tu fais les choses avec le cœur, je suis curieuse. Après je ne connais pas les définitions ou les théories, je ne connais pas tous les classiques. Je reçois le cinéma un peu comme il vient. Parfois c’est un dessin animé avec mon fils, parfois c’est un documentaire. Mais quand je regarde ’Grave’, un film de Léa, ou même mon film ’Rien à foutre’, je sens les prises de risque. Tout se mélange, on s’éloigne du conformisme. Tant mieux, non?»

Le film est très queer. Aviez-vous le sentiment de lancer un clin d’œil à ’La Vie d’Adèle’?

«Non, et c’est ce que j’ai trouvé intéressant dans ce film. La famille qu’on montre est moderne et diverse, mais présentée comme une évidence. C’est une banale histoire d’amour, rien de plus.»

L’actrice belge Daphné Patakia partage l’écran avec vous…

«J’avais vu Daphné dans ’Benedetta’. Elle a une étrangeté très pure, et une grande générosité à la fois. Je sens que c’est quelqu’un qui peut tout donner pour un rôle. Et elle a le don de me mettre très à l’aise. C’est une partenaire facile par son talent mais aussi par son humanité.»

Nourrissez-vous un rêve d’actrice?

«J’aimerais bien tourner dans un film Marvel. Je ne sais pas trop pourquoi, il n’y a pas vraiment de raison mais je me vois bien en méchante dans un ’X-Men’. Histoire de jouer un personnage sans me soucier de son empathie (rires).»

Prévoyez-vous une percée américaine?

«J’aimerais bien, mais ça m’intéresse tout autant de travailler en Italie ou en Espagne. Je n’ai pas un rêve américain. Ni hollywoodien, encore moins même. Mais il y a des cinéastes anglophones que j’adore, comme Tim Roth, Michael Cimino, Martin Scorsese…»

Vous vous demandez parfois ce que votre vie serait devenue sans ’La Vie d’Adèle’?

«Ouais! Ce n’est pas un vertige mais plutôt une curiosité, et je n’ai pas de réponse. Quand j’avais dix-sept ans, mon rêve était de travailler six mois par an dans la restauration et de voyager le reste de l’année. Maintenant je réalise que c’aurait été compliqué en termes de stabilité. Mais on peut tous se poser cette question-là, faut pas faire des films pour y arriver.»

Notre critique des «Cinq Diables»

Tous les secrets de famille sont-ils bons à dévoiler? Vicky vit avec ses parents dans un village au pied des Alpes et se perd joyeusement dans sa passion pour les odeurs en reconstituant le parfum des gens qui la marquent. Jusqu’à ce que celui de sa tante Julia ne change la donne. Par magie, il permet à Vicky de voyager dans les souvenirs de sa mère Joanne (Adèle Exarchopoulos), mais risque de secouer tout son arbre généalogique au passage… Depuis le succès de ‘Grave’ de Julia Ducournau, les films de genre français semblent sortis de la case où ils étaient rangés, ouvrant le cinéma populaire à la puissance narrative du fantastique. Léa Mysius (‘Ava’) l’a bien compris et mélange avec audace la magie d’une fable, la tension d’un thriller psychologique, les décors montagneux d’une France d’antan, la diversité d’une famille moderne, et les envolées kitsch d’un délire pop (cette scène de karaoké sur ‘Total Eclipse of the Heart’)! Et si l’inspiration de ‘Twin Peaks’ semble évidente, ‘Les Cinq Diables’ dépassent la révérence dans un ballet familial et visuel des plus entraînants. 4/5