Neuf Bruxelloises sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement sexiste

Malgré des avancées lors de ces dix dernières années, le harcèlement de rue est loin d’avoir disparu.

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 3 min.

C’était en 2012, il y a tout juste dixans, pour son travail de fin d’étude à la Haute école Rits, Sofie Peeters avait réalisé «Femme de la rue», un documentaire de 17minutes abordant le harcèlement de rue. Un extrait en particulier avait fait le tour du monde. La jeune réalisatrice s’était filmée en caméra cachée en train de marcher, vêtue d’une robe, dans le quartier Anneessens, à deux pas du centre de Bruxelles. Les réactions d’hommes dans la rue ne s’étaient pas faites attendre: «Je vous offre un verre?», «Un verre ensemble ou quoi? Chez moi à la maison bien sûr, pas dans un café. L’hôtel, le lit, tu connais, direct…», «Alors petites fesses», «Chienne»,etc.

«Un phénomène que nous ne voulons plus tolérer»

Cette vidéo choc avait fait polémique mais elle avait aussi eu le mérite d’amener la problématique du harcèlement de rue au centre des débats. Suite à la diffusion du documentaire, la ville de Bruxelles a pris des mesures et désormais le harcèlement de rue est passible d’amendes.

Depuis 2014, la loi «Harcèlement sexiste» ou «Harcèlement de rue» punit les injures, regards et gestes obscènes, agressions ou tentatives d’agression sexuelle, attouchements et filatures dans un espace public ou semi-public comme les magasins, les bars ou les discothèques. «Le harcèlement de rue est un phénomène que nous ne voulons plus tolérer. Toute personne -et en particulier les femmes- doit pouvoir évoluer sereinement et en toute sécurité dans l’espace public», estime le commissaire divisionnaire, Frédéric Dauphin, chef de corps de la police locale Bruxelles Nord.

Avec le projet Safer Cities, l’association Plan International Belgique a lancé plusieurs initiatives pour récolter des informations, des faits et des chiffres sur le harcèlement sexuel en Belgique. Selon une grande étude menée en septembre 2019 à Bruxelles, Anvers et Charleroi auprès de 700jeunes âgées de 15 à 24ans, 91% des filles et 28% des garçons ont déjà été victimes de harcèlement sexiste. «Notre étude démontre que les types de harcèlement les plus fréquents subis par les filles interrogées sont les sifflements et les commentaires sexistes: plus de quatre filles sur cinq en ont déjà été victimes. De plus, plus d’une fille sur trois a déjà subi des attouchements non consentis», souligne l’organisation.

Demandez «Angela»

Angela est le nom d’une femme battue et tuée par son mari en 2012. C’est pour lui rendre hommage qu’est né en 2016 le projet «Ask for Angela». Il s’agit d’un code d’alerte que les femmes qui se sentent suivies ou harcelées peuvent utiliser dans les bars, les restaurants ou les discothèques. Né en Grande-Bretagne, le projet s’est étendu à d’autres pays comme la France et la Belgique. Le projet compte plus de 30établissements partenaires en Belgique et cet été, l’initiative était représentée dans trois festivals belges. Un partenariat a également été noué avec la ville de Charleroi pour promouvoir la prévention du harcèlement et des agressions sexuelles dans les lieux publics. Retrouvez tous les détails sur le compte Instagram Askforangela.be.

Jusqu’au 15novembre, un simulateur de harcèlement baptisé «Poésie Masculine» est installé à l’hôtel de ville de Saint-Gilles, à Bruxelles. Retrouvez toutes les infos.