Grève de la faim des sans-papiers: 300 personnes n’ont plus que «quelques jours de survie» devant eux

Près de 300 sans-papiers des sites du Béguinage et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) ont commencé vendredi une grève de la soif et il n’est plus question que de «quelques jours de survie», a alerté lundi matin l’ONG Médecins du Monde.

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«Cela devient une grève dite ’totale’ et la littérature scientifique est peu abondante sur ce sujet, car c’est très peu arrivé», a souligné le docteur Michel Roland, ancien président de Médecins du Monde, qui a suivi de nombreuses grévistes de la faim. «On sait néanmoins qu’on parle de quelques jours de survie. La circulation du sang diminue, le rythme cardiaque augmente très fort, la tension diminue et le rythme respiratoire s’accélère, ce qui augmente encore la perte d’eau? Tout ceci accentue les problèmes neurologiques et surtout l’insuffisance pré-rénale déjà initiés par la grève de la faim. Les troubles ioniques que cela génère entraînent une défaillance des organes nobles, comme le cœur avec une issue fatale?» Les troubles psychologiques inhérents à l’état de santé des grévistes de la faim peuvent aussi mener à des gestes suicidaires, a ajouté l’ONG.

Après lecture d’un rapport médical émanant de la Croix-Rouge, le gouvernement fédéral, en concertation avec les bourgmestres, a envoyé des équipes médicales dimanche soir, vers 11h30, à l’église du Béguinage et dans les réfectoires de l’Université Libre de Bruxelles (l’ULB) et de la VUB, où 430 sans-papiers sont en grève de la faim depuis le 23 mai, a-t-on appris à bonne source lundi matin. Trois équipes SMUR ont été envoyées au même moment, sur chacun des sites où séjournent les grévistes de la faim, confirme-t-on au cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. Il s’agissait de faire «un check-up médical de ceux qui le souhaitaient».

Aucun des sans-papiers gréviste n’a saisi ce qu’ils ont considéré comme une main tendue pour arrêter la grève de la faim, selon Michel Genet, directeur général de Médecins du Monde. Ce dernier y voit une manifestation de leur détermination. «Ce geste a été porté dans une volonté d’aider, mais les sans-papiers sont dans un état de violente léthargie et l’arrivée massive d’ambulances pour les convaincre d’être emmenés les a choqués.» Selon des représentants des sans-papiers, il s’agissait de six ambulances à la VUB et de 10 à l’église du Béguinage.

Des dégâts irréversibles

«Aujourd’hui, nous ne sommes plus en mesure de prévenir des conséquences tragiques que la longueur de la grève de la faim, cette grève de la soif et l’état psychologique des patients peuvent entraîner», soulignent des médecins qui ont suivi l’état de santé des sans-papiers depuis le début de leur grève de la faim, cités dans le communiqué de Médecins du Monde. Ces praticiens et praticiennes en appellent au gouvernement. Pour eux, il est urgent de trouver une voie de sortie qui convainque les sans-papiers de mettre fin à cette grève, «dont les conséquences médicales seront de toute manière très lourdes».

En amont du comité ministériel restreint, le chef du groupe parlementaire PS à la Chambre des représentants Ahmed Laaouej, le chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre Gilles Vanden Burre et le président des députés Groen à la Chambre Wouter De Vriendt se sont rendus vers 08h00 à l’église du Béguinage. L’Union des sans-papiers pour la régularisation (USPR) a transmis aux partis sa proposition de régularisations individualisées, dont le contenu détaillé n’a pas été dévoilé publiquement.