Yves Coppieters dénonce une «masquarade»: «il y a un paradoxe dans le discours du Premier ministre»

Les règles concernant le port du masque en Belgique sont sur le point de changer. À partir du 1er octobre, elles varieront d’une région à l’autre. Une «masquarade» selon l’épidémiologiste Yves Coppieters, qui craint que ces différences ne mènent à la confusion pour les citoyens.

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Après la saga des masques qui a marqué le début de l’épidémie (souvenez-vous du stock stratégique détruit sur ordre de Maggie De Block ou des masques Avrox commandés par la Belgique mais dont on se demande encore s’ils ne sont pas dangereux pour la santé), on entre aujourd’hui dans une autre phase que certains qualifient déjà de mascarade, orthographiée ‘masquarade’ évidemment.

Des différences régionales

Car suite au Comité de concertation de vendredi, on a désormais compris que chaque Région aura carte blanche pour dicter ses règles quant au port du masque. Il y aura un socle commun sous lequel personne ne pourra aller. Pour le reste, au Belge à jongler selon l’endroit où il se trouve et à bien connaître sa géographie!

Au Nord du pays par exemple, il ne faudra plus porter le masque dans les commerces, alors qu’il restera obligatoire à Bruxelles et que la Wallonie réfléchit encore à la question. La province de Liège, elle, a déjà pris les devants. Le gouverneur Jamar a pris un arrêté samedi imposant le port du masque aux plus de 12 ans, même après le 1er octobre.

«Un paradoxe dans le discours du Premier»

«Ces différences par Région risquent de semer la confusion», regrette Yves Coppieters, épidémiologiste à l’ULB. «Car on est très mobiles dans notre petit pays et puis, je trouve qu’il y a une prise de risque de la part du gouvernement fédéral par rapport aux contaminations. Je ne parle pas ici des formes graves du Covid mais des chiffres qui risquent de remonter. Le seuil de 50 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants risque d’être difficile à atteindre (on est actuellement à plus de 200) et le taux de positivité des tests reste trop élevé (on est à 5%, il faudrait 3%). Bref, oui, on peut parler de ‘masquarade’.»

«Car il y a un paradoxe dans le discours d’Alexander De Croo. Le Premier ministre stigmatise les non-vaccinés tout en relâchant les mesures sur le masque, comme si la situation était redevenue normale. Cela tiendrait la route si l’on avait toujours affaire à la souche de base du coronavirus. Or, on est confronté au variant delta, beaucoup plus contagieux. Pour moi, il fallait attendre fin octobre et l’automne pour annoncer le moindre assouplissement. Comment allons-nous absorber la rentrée des classes et des univ’ et la fin du télétravail avec le fait que l’on vive davantage à l’intérieur?»

Mascarade aussi car, pour le docteur Coppieters, on va finir par tromper les citoyens. «J’ai peur qu’au bout du compte, le citoyen ne perde le réflexe du masque et ne se dise: je suis vacciné, donc plus besoin du masque. La Flandre accepte qu’on laisse tomber le masque, alors pourquoi pas moi?»

L’épidémiologiste nous confie que, lui, il portera toujours le masque dans les magasins jusqu’à la fin de l’hiver. Même en Flandre. Et tant pis si tout le monde le regarde avec des yeux ronds. «Le masque doit devenir un outil individuel, à mettre en poche et à porter de façon responsable. Quand il y a du monde».