Tout ce que vous devez savoir sur l’examen d’entrée en médecine

Combien de personnes s’inscrivent à l’examen d’entrée aux études en médecine et en dentisterie? Quelle est la proportion de réussites? Pour répondre à ces questions, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares), qui organise l’épreuve depuis 2017, publie lundi de nombreuses statistiques analysant les cinq premières éditions de l’examen.

par
Belga
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Depuis 2017, pour être autorisé à s’inscrire dans une filière de médecine ou de dentisterie, il faut passer par la case examen d’entrée. Huit matières sont évaluées, pour lesquelles il faut obtenir un score de 8/20 minimum. L’examen comprend deux parties auxquelles il faut obtenir au moins 10/20 de moyenne.

Cinq éditions de l’épreuve ont depuis été organisées et neuf épreuves (deux par année, à l’exception de 2017 où une seule avait été mise en place) auxquelles ont pris part 18.150 candidats et candidates. 5.402 ont été déclarés lauréats, soit autorisés à s’inscrire dans la filière de leur choix.

Augmentation des candidatures

Premier enseignement de cette analyse statistique: le nombre de candidatures augmente d’année en année. En 2017, 3.377 personnes avaient tenté leur chance. À la première épreuve de l’édition 2021, organisée en juillet, le nombre de candidatures était passé à 5.443, soit une augmentation de 61,2%. La hausse est similaire entre les secondes épreuves annuelles, organisées en août ou septembre, relève l’Ares. Pour Laurent Despy, administrateur de l’académie, cette hausse démontre «l’attractivité» de ces études.

Les femmes représentent plus de 60% des candidatures dans toutes les éditions mais affichent un taux de réussite légèrement inférieur aux hommes. L’examen d’entrée attire surtout les futurs médecins alors que plus de 80% des candidats de toutes les éditions voulaient s’inscrire en médecine.

L’analyse s’est également penchée sur le nombre de premières inscriptions: à chaque épreuve, quelle est la proportion de candidats et candidates qui se présentent pour la première fois? Globalement, ils représentent environ 80% des personnes inscrites. Logiquement, le nombre de «primo-inscrits» est plus faible à la seconde épreuve organisée: la plupart des personnes désireuses d’entamer ces études tentent en effet leur chance dès la première épreuve.

La proportion de Belges diminue

Autre enseignement: la proportion de candidatures belges diminue au fil des éditions. Cela ne signifie pas qu’il y a moins d’étudiants belges qui tentent leur chance mais bien que davantage de personnes non-résidentes se présentent à l’examen, a souligné lors de la présentation des résultats à la presse Loïc Legros, attaché à la direction études et statistiques de l’Ares.

C’est surtout le nombre de candidats français qui a explosé, en raison d’une réforme des études de médecine en France entrée en vigueur à la rentrée 2021. Ainsi, lors de la dernière édition en 2021, les candidats français représentaient plus de 30% de l’ensemble des inscriptions et les belges environ 50%. Un décret limite toutefois à 30% la proportion d’inscriptions de non-résidents dans les études de médecine. Depuis septembre 2019, une sélection s’opère parmi les non-résidents, qui représentent plus de 30% des réussites.

Côté réussite justement, le taux moyen sur l’ensemble des cinq éditions atteint 17%. C’est la première partie de l’épreuve, portant sur les matières scientifiques, qui pose le plus de problème aux (futurs) étudiants, qui obtiennent une note moyenne globale de 8,33. Pour la seconde, qui évalue les capacités de communication et d’analyse critique, la moyenne totale atteint 11,95 sur 20.

La physique (partie 1) est la matière la moins réussie. Son taux de réussite moyen sur l’ensemble des épreuves est de 46,3%. Il s’est toutefois lentement amélioré depuis 2017 où il était de 29,3% seulement. Par ailleurs, 30% des personnes qui ont obtenu une seule note éliminatoire inférieure à 8/20 sur l’ensemble des matières, l’ont obtenue en physique, relève l’Ares.

La question de l’examen

Depuis une vingtaine d’années, le nombre de numéros Inami, qui permet au médecin d’attester à l’assurance soins de santé ses prestations médicales, est limité. Pour éviter que trop de personnes sollicitent ce numéro en fin d’études par rapport au quota disponible, l’accès aux études est donc restreint. Pendant des années, les modalités d’accès ont varié en Belgique francophone, avec un numerus clausus organisé en fin de troisième année ou en fin de première année, voire aucune limitation. En 2016, une saga judiciaire a mis un coup d’arrêt au concours organisé à la fin de la première année du cursus universitaire. L’année suivante apparaissait l’examen d’entrée, qui se différencie du concours par le fait que toute personne qui satisfait aux conditions de réussite est autorisée à s’inscrire.

L’examen d’entrée est fortement critiqué, d’une part par les associations étudiantes qui dénoncent une épreuve trop difficile et inutile au vu de la pénurie de médecins, d’autre part par le nord du pays qui limite, lui, le nombre de ses étudiants depuis 20 ans et considère qu’un examen d’entrée provoquera inévitablement une trop importante demande en numéros Inami. Pour son analyse, l’Ares n’a pu se pencher sur le nombre de diplômés par rapport aux numéros Inami étant donné que l’examen d’entrée est en place depuis cinq ans alors que les études en médecine durent au minimum six années.

Pour l’administrateur de l’Ares, Laurent Despy, l’intérêt de cette étude est d’apporter des données chiffrées aux autorités politiques mais aussi de répondre aux questions que peuvent se poser tous les citoyens quant à cette épreuve. Les résultats sont d’ailleurs rendus accessibles à tout un chacun. «Ce n’est pas à nous de dire si c’est trop ou pas assez compliqué», si trop ou pas assez de personnes sont déclarées lauréates, a-t-il conclu.