Pub pour les paris: le MR se retrouve une nouvelle fois isolé des autres membres de la coalition

La proposition du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld), de fortement restreindre la publicité pour les jeux de hasard a trouvé lundi un écho favorable parmi la majorité des partis de la coalition Vivaldi, à l’exception notable du MR, dont le président, Georges-Louis Bouchez, s’y est dit «totalement opposé». La Pro League de football a quant à elle affirmé craindre une réduction des revenus de sponsoring pour les clubs professionnels.

par
Belga
Temps de lecture 4 min.

M. Van Quickenborne a annoncé lundi matin préparer un arrêté royal visant, comme le prévoit l’accord de gouvernement, à lutter contre la dépendance au jeu. Ce texte devrait entrer en vigueur à la fin de l’année après avoir été soumis à la Commission européenne et dans l’attente d’un avis du Conseil d’État.

Le principe de base sera désormais que seules les personnes qui veulent jouer et recherchent activement des informations sur les jeux de hasard seront confrontées à ces publicités, a précisé le ministre dans un communiqué.

Le nouvel Arrêté Royal interdira les principales formes de publicité pour les jeux de hasard et imposera des conditions strictes dans le cadre desquelles la publicité pour ces jeux reste permise. La nouvelle réglementation devrait faire en sorte que les joueurs problématiques soient le moins possible tentés de participer à des jeux de hasard et devrait protéger les mineurs contre le phénomène de normalisation des jeux d’argent. Ces dispositions ne remettent pas en cause la possibilité de jouer pour les joueurs non problématiques, a-t-il expliqué.

De nombreuses publicités interdites

De nombreuses formes de publicité pour les jeux de hasard seront désormais interdites. Il s’agit des spots publicitaires à la télévision, à la radio et dans les salles de cinémas, des annonces publicitaires et des publicités vidéo sur les sites web, les canaux numériques et les plateformes de réseaux sociaux, des publicités dans les magazines et les journaux, des affiches publicitaires dans les espaces publics, des publicités personnalisées par mail, poste, services de messagerie, SMS ou réseaux sociaux, de tous les imprimés publicitaires ainsi que des jeux de démonstration gratuits pour attirer les clients.

Selon M. Van Quickenborne, les six ministres compétents en la matière du gouvernement fédéral sont d’accord avec sa proposition.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s’est cependant dit lundi «totalement opposé» au projet d’interdiction de la publicité pour les jeux de hasard.

«Cette mesure est excessive et va entraîner de grandes difficultés financières pour le secteur sportif entre autres. Voulons-nous réellement la mort du foot dans ce pays?», a-t-il affirmé sur Twitter.

«Plus de nuance»

Selon M. Bouchez, la proposition du ministre de la Justice «est une très mauvaise réponse à un véritable enjeu pour lequel des dispositions existent déjà et qui peuvent être améliorées». «Le MR veut plus de nuance», a-t-il ajouté.

M. Bouchez semble toutefois isolé dans son opposition.

Du côté flamand, les autres partis de la Vivaldi ont dit appuyer l’initiative du ministre, dont Groen par la voix du député fédéral Stefaan Van Hecke, et Vooruit, dont le député Joris Vandenbroucke, a déclaré soutenir «à 100%» le ministre. M. Bouchez est le porte-voix du lobby du football, a-t-il aussi souligné.

Au CD&V, le ministre flamand de la Jeunesse, Benjamin Dalle, et la députée Els Van Hoof, ont dit soutenir une interdiction totale des paris sur les jeux.

Du côté francophone, le PS s’est montré favorable au projet de M. Van Quickenborne.

«C’est une bonne chose de limiter le risque d’addiction au jeu. Cette mesure de prévention est plus que bienvenue», a-t-on souligné au siège du parti.

Plusieurs casquettes?

Les socialistes francophones ont dit regretter la prise de position du président du MR. À leurs yeux, M. Bouchez confond son rôle de président des libéraux et du club de football «Les Francs Borains».

Le club, en Nationale 1, compte en effet parmi ses partenaires la société de paris Ladbrokes et de jeux de hasard Family Game Center.

Mais le débat s’est aussi élargi à la Loterie nationale, à l’initiative des Engagés.

La cheffe de groupe centriste à la Chambre, Catherine Fonck, a en effet suggéré que la mesure d’interdiction soit étendue à la Loterie nationale au nom de la protection des consommateurs.

«Un devoir éthique»

«La mort du foot? Et si on pensait aussi aux gens!? Les jeux de hasard peuvent être une véritable drogue. Protégeons nos jeunes et nos moins jeunes. Et que le gouvernement fédéral applique aussi l’interdiction de pub pour la Loterie nationale. Un devoir éthique», a-t-elle indiqué sur Twitter.

Le secrétaire d’État Sammy Mahdi (CD&V), qui exerce la tutelle sur la Loterie nationale, a pour sa part dit ne pas avoir d’objection à des règles plus strictes pour la publicité des produits de cette SA de droit public.

Cela pourrait se faire par le biais du contrat de gestion de la Loterie, sans nécessairement attendre l’entrée en vigueur de l’arrêté royal. M. Mahdi, l’un des six membres du gouvernement fédéral concernés, a souligné que des règles strictes ont déjà été intégrées dans le récent contrat de gestion, conclu l’an dernier et valable jusqu’en 2026.