Procès des attentats à Bruxelles : le jury plongé dans les investigations policières

La cour d’assises de Bruxelles est passée à une nouvelle étape importante, mardi, dans le procès des attentats du 22 mars 2016. Après avoir vu les images des explosions, entendu les témoignages émouvants des premiers intervenants et entendu les constatations sur les scènes de crime, la cour a commencé à entendre les juges d’instruction sur les premiers éléments de l’enquête en elle-même.

par
Belga
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Les trois magistrats instructeurs du dossier des attentats ont tout d’abord disposé quelques repères à l’attention des jurés en particulier, avant d’aller plus avant dans les nombreuses investigations qui ont été menées. Ils ont rappelé quelques éléments des attentats à Paris, commis le 13 novembre 2015, notamment les trois lieux où les attaques ont été perpétrées, les noms des kamikazes, les noms des condamnés dans le procès qui s’est terminé en juin dernier et les peines qui ont été prononcées à leur encontre. Plusieurs condamnés dans le procès des attentats à Paris sont également accusés dans le présent procès. Il s’agit de Mohamed Abrini, Osama Krayem, Salah Abdeslam, Sofien Ayari et Ali El Haddad Asufi.

L’utilisation des planques

Les enquêteurs ont ensuite évoqué les différentes planques qui ont été utilisées par la cellule terroriste responsable des attentats à Paris et des attentats à Bruxelles. Le but, a expliqué la juge d’instruction Berta Bernardo-Mendez, est de donner une vue globale de l’utilisation des planques mais aussi d’obtenir une idée de qui avait vécu avec qui parmi les kamikazes et les accusés.

La cour a également donné la parole au juge d’instruction Patrick De Coster, qui avait été désigné pour instruire le dossier de l’attentat à Zaventem, avant que ce dossier ne soit joint à celui de l’attentat à Maelbeek. Le commissaire Kris Meert, qui était à l’époque attaché à la police judiciaire fédérale de Bruxelles, avait été désigné comme chef d’enquête. Celui-ci est arrivé sur place à 09h30, alors que l’évacuation des blessés était toujours en cours. Il a relaté qu’une de ses premières actions a été d’installer un poste de commandement judiciaire pour coordonner l’enquête, rassemblant des membres du parquet et de la police. Patrick De Coster et Kris Meert poursuivront leur témoignage mercredi.

Focus sur les victimes

Avant cela, la cour a entendu les dernières constatations réalisées à la station de métro Maelbeek. Un responsable du DIV, le service d’identification des victimes de catastrophes, intégré à la police fédérale, a exposé les méthodes qui sont utilisées par son service dans le cadre d’identification de victimes dont les corps sont gravement endommagés. Treize corps de victimes ont été «relevés» dans la station Maelbeek. Deux autres victimes sont décédées ultérieurement à l’hôpital tandis qu’une dernière a succombé au poste médical avancé. Les juges d’instruction ont ensuite décrit chacune de ces 16 victimes décédées dans l’attentat du métro, sur base d’informations récoltées auprès de leurs proches. La plupart d’entre elles se rendaient sur leur lieu de travail ou à l’école le matin du 22 mars. Figurent notamment parmi elles six jeunes femmes âgées entre 29 et 34 ans, trois jeunes hommes âgés entre 20 et 30 ans ainsi que trois femmes âgées entre 48 et 68 ans et quatre hommes âgés entre 45 et 58 ans.

Des témoignages émouvants

Deux personnes parmi les premiers intervenants ont aussi témoigné, avec beaucoup d’émotion, leur arrivée sur les lieux de l’attentat à Maelbeek. «La scène la plus difficile pour moi, que je ne pourrais jamais oublier, est cette femme que j’ai vue à droite quand je suis descendue» sur le quai, «qui était couchée, brûlée, couverte de suie, dont je ne pouvais pas distinguer la tête de son corps», a raconté, très émue, une inspectrice de police. «Je n’ai pas pu l’aider. Elle est morte et elle est morte toute seule. Cette image me reste.»

Un pompier volontaire, qui a apporté une aide aux victimes à Maelbeek, alors qu’il se trouvait à proximité, est resté fortement marqué par ce qu’il a vu et ne parvient plus à travailler. «La personne que j’étais est morte ce jour-là», a-t-il dit. Il a raconté être «hanté» par le «regard» des victimes qu’il a croisées et par les odeurs, «de fer à outrance, d’ammoniac, d’explosif, de chair brûlée, de chair crue».

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