Piqûres en boîtes de nuit: les experts mettent en doute ce mode opératoire

Les témoignages se multiplient autour du phénomène des «piqûres sauvages» en soirée: des femmes droguées à leur insu par injection en boîte de nuit ou festival. Psychose générale ou nouvelle méthode d’agression? Plusieurs experts interrogent ce nouveau mode opératoire.

Veuillez accepter les cookies pour afficher ce contenu.
par
Rédaction en ligne
Temps de lecture 3 min.

Un certain climat de psychose s’est installé dans le monde de la nuit, depuis la multiplication des témoignages faisant état de drogue injectée par piqûre en France, en Grande-Bretagne et depuis peu en Belgique. Les plaignants racontent avoir été victimes de malaise en soirée, et avoir découvert un hématome le lendemain avec une trace de piqûre au centre.

Chez nous, plusieurs plaintes ont été déposées, notamment suite au festival Inc’Rock à Incourt. Si les informations restent très floues, les autorités judiciaires assurent prendre les choses très au sérieux. Le parquet se penche sur cette affaire mais, à l’heure actuelle, aucune interpellation n’a été réalisée.

Que pensent les experts de ce nouveau phénomène? Pour beaucoup, ce mode opératoire semble, dans la pratique, peu faisable dans le monde de la nuit.

«Peu probable, mais pas exclut»

Plusieurs spécialistes soulignent que cela nécessiterait une grande seringue (donc peu discrète) et qu’une telle piqûre causerait forcément une douleur aux victimes. Or, la plupart des plaignants assurent n’avoir ressenti aucune sensation de piqûre.

Qui plus est, en soirée, au milieu d’une foule, l’agresseur ne pourrait pas réaliser sa piqûre «directement dans le sang mais bien dans le muscle ou une masse graisseuse», explique Michaël Hogge, de l’ASBL Eurotox (Observatoire socioépidémiologique Alcool-drogues), à nos confrères de la Dernière Heure. «Honnêtement, je ne sais même pas si c’est techniquement possible, il est déjà difficile d’imaginer que la personne ne s’en rende pas compte et les effets mettent plus de temps à arriver (…) C’est une manière peu courante de procéder pour exercer une soumission chimique. Généralement, elle est employée lorsqu’on effectue un enlèvement ou lorsqu’on doit agir rapidement, cela semble donc peu probable même si on ne peut pas l’exclure», indique le chargé de projets épidémiologiques.

Ilse Smolders, pharmacologue à la VUB, abonde en ce sens. «Quand on reçoit la piqûre dans le muscle ou ailleurs, on va alors sentir une vive douleur et il faudra entre quelques minutes et un quart d’heure avant que les premiers effets ne se fassent ressentir. On peut se demander si ce mode opératoire est réaliste», déclare-t-elle à la DH. En cas de doute, mieux vaut se rendre à l’hôpital pour réaliser des tests, conseille la spécialiste.

Des analyses et prélèvements ont été réalisés auprès des victimes belges. Les données disponibles jusqu’à présent ne révèlent aucune trace d’un quelconque produit.