Orval: un val d'or et de paix

En ces temps de coronavirus, l'Ardenne est plus que jamais la destination de vacances idéale pour les Belges. On peut s'y balader, nager et reprendre des forces par la suite en dégustant un délicieux breuvage local, comme l'Orval, la célèbre bière trappiste. La visite de l'abbaye Notre-Dame d'Orval est un must absolu pour les amateurs de bière!
par
Clement
Temps de lecture 3 min.

L'abbaye s'enorgueillit d'une riche histoire, qui débute au 11e siècle lorsque des franciscains venus du sud de l'Italie fondent un monastère au fin fond de la forêt ardennaise dans l'actuelle province de Luxembourg. Plusieurs ordres chrétiens différents y vivent pendant de très nombreuses années dans une paix relative, jusqu'à ce que la révolution française passe par là à la fin du 18e siècle, jette les moines à la rue et confisque leurs biens. Pendant plus d'un siècle, les murs noircis de l'abbaye allaient être exposés aux intempéries et serviraient même de carrière de pierre.

Le coup d'envoi de l'abbaye moderne sera donné en 1926. Un groupe de cisterciens français acquiert en effet les droits sur les terres des propriétaires d'alors et s'attelle avec diligence à la tâche. Après une gigantesque restauration qui a duré 20 ans, le monastère est entièrement restauré et la tradition monastique rétablie.

Des rentrées financières

Bien que l'abbaye compte plusieurs siècles, la brasserie n'a été fondée qu'en 1931. Les pères souhaitaient de cette manière générer des rentrées afin de financer la reconstruction des bâtiments abandonnés. Dès le début, la brasserie emploie des laïcs, dont notamment le maître brasseur allemand Pappenheimer, à qui l'on doit la recette de l'Orval.

Les choix audacieux de Pappenheimer et de ses collègues ont donné naissance au goût unique de l'Orval. Certaines des méthodes de fabrication utilisées, comme la fermentation du malt et le houblonnage à cru, sont très inhabituelles dans nos contrées. L'arôme et la finesse du goût de la bière sont dès lors davantage dus au houblon et aux levures qu'aux malts utilisés.

La légende de Mathilde

Tant la recette, le verre, la bouteille que l'étiquette, comme nous les connaissons aujourd'hui, sont encore les mêmes qu'au début des années 30. L'étiquette de la bouteille, sur laquelle est représentée une truite avec un anneau dans la bouche, fait référence à une légende sur l'origine de l'abbaye. Mathilde, qui était veuve, avait accidentellement perdu son alliance dans une source jaillissant dans la vallée. Elle a alors imploré l'aide de Dieu, et très peu de temps après une truite tenant le précieux anneau dans sa bouche est apparue à la surface de l'eau. Mathilde s'est alors écriée: «Voici l'anneau d'or que je cherchais! Heureuse vallée qui me l'a rendu! Désormais et pour toujours, je voudrais qu'on l'appelle Val d'or!» (Orval = val d'or). En remerciement, elle a fondé un monastère dans ce lieu béni.

L'abbaye dispose de logements séparés pour ses hôtes qui veulent se retirer un temps de leur environnement quotidien pour prier, méditer, étudier ou se reposer. Les visiteurs y sont toujours les bienvenus, moyennant le respect de quelques règles, comme la prise des repas en communauté en silence. L'abbaye affirme que «pour tous, le contact, même bref, avec le monastère sera l'occasion d'entrevoir sous l'écorce de la vie quotidienne, la présence du Royaume de Dieu au cœur de notre monde».