Le retour en classe cette semaine sera marqué à nouveau par le coronavirus, et les inondations

Cartable, plumier, boîte à tartines et… même masque buccal pour certains: les quelque 900.000 élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles et leurs 120.000 enseignants vont retrouver dès la semaine prochaine le chemin de l’école pour une rentrée des classes marquée une nouvelle fois par le coronavirus, mais aussi les inondations catastrophiques de la mi-juillet.

par
Belga
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Après une année scolaire caractérisée l’an dernier par de nombreux cours à distance pour une bonne partie des élèves du secondaire, cette rentrée de septembre se fera à 100% en présentiel partout et pour tout le monde.

Néanmoins, vu le plus faible taux de vaccination à Bruxelles, les autorités ont – et c’est une première – décidé d’appliquer des mesures sanitaires différenciées dans les écoles en Wallonie et à Bruxelles.

Ainsi, dans la capitale, les élèves et professeurs du secondaire seront contraints de porter tout le temps le masque lorsqu’ils sont en intérieur, alors que leurs collègues de Wallonie pourront, eux, l’enlever une fois assis en classe. Sans surprise, l’hygiène des mains restera elle aussi une priorité de cette rentrée, tout comme la bonne aération des locaux.

La crainte d’une flambée des cas

Ces mesures seront d’application jusqu’à la fin du mois de septembre dans toutes les écoles, moment où elles seront réexaminées à l’aune de l’évolution de la situation sanitaire, encore fort incertaine.

Avec la fin des vacances, les retours de l’étranger et la prédominance du variant Delta bien plus contagieux, la crainte est en effet de voir l’école devenir un foyer de la pandémie, a fortiori dans les écoles maternelles et primaires où aucun enfant n’est vacciné.

En cas de flambée pandémique, on pourrait alors vivre un remake de l’année scolaire écoulée, avec son lot de mises en quarantaine, de tests, de fermetures de classes et de cours à distance.

Le souvenir des inondations bien vivant

À côté de ce risque sanitaire qui pèse sur toutes les écoles de Wallonie et de Bruxelles, cette rentrée sera encore un peu plus compliquée dans les zones affectées par les inondations catastrophiques de la mi-juillet.

Selon un inventaire réalisé par le gouvernement wallon, quelque 130 implantations scolaires tous réseaux confondus ont été peu ou prou touchées par ces crues.

Grâce à un travail sans relâche des équipes sur le terrain, le retour sur les bancs d’école devrait toutefois se faire partout presque normalement la semaine prochaine. Parfois au prix de la relocalisation de certaines activités scolaires, le recours à des conteneurs aménagés en classe, ou la location d’un chapiteau pour remplacer une salle de gym détruite par les eaux…

Selon différentes sources, la réouverture est encore incertaine pour une petite poignée d’écoles seulement la semaine prochaine. La situation évolue toutefois (positivement) de jour en jour. Et là où le contre-la-montre ne pourra être remporté, la rentrée de classes pourra y être reportée de quelques jours au besoin.

Cependant, au-delà de ces destructions matérielles, d’autres dégâts, tout aussi importants mais nettement moins visibles, sont déjà redoutés dans les communes inondées.

La santé psychologique à surveiller

«Il va falloir gérer l’état psychologique des enseignants et des élèves, dont beaucoup ont été sinistrés», pointe Philippe Barzin, secrétaire général du conseil de l’enseignement des communes et des provinces (CECP), l’organe qui chapeaute tout l’enseignement primaire communal.

«Là, pour le moment, ça va. Les enseignants concernés sont portés par l’énergie de la rentrée, mais que va-t-il se passer après celle-ci? Notre crainte, c’est de nous retrouver avec des gens qui vont craquer et qu’il sera compliqué de remplacer dans le contexte actuel de pénurie des enseignants.»

Plus encore que les années précédentes, cette rentrée scolaire si particulière va donner lieu la semaine prochaine à un véritable défilé de ministres dans différentes écoles du sud du pays.

Des pisites prévues

Outre la visite de terrain traditionnelle de la ministre de l’Éducation Caroline Désir – attendue cette année dans la commune de Limbourg ce 1er septembre, et en province du Luxembourg vendredi–, le ministre-président de la FWB Pierre-Yves Jeholet sera lui en déplacement à Olne mercredi, et Aywaille et Pepinster vendredi.

Le ministre des Bâtiments scolaires, Frédéric Daerden, a lui aussi prévu de se rendre dans plusieurs écoles la semaine prochaine, notamment en province de Liège. Et on annonce même une descente du ministre-président wallon Elio Di Rupo et du ministre wallon Jean-Luc Crucke…

Sur le plan politique, l’année à venir s’annonce tout aussi intense en matière d’enseignement.

La ministre Caroline Désir a en effet affiché son intention de faire passer cette année deux réformes importantes qu’elle veut voir appliquées dès la rentrée de septembre 2022, à savoir la réforme du décrié décret Inscriptions, ainsi que celle de la réforme des rythmes scolaires annuels qui prévoit d’allonger les vacances de Toussaint et de Carnaval à deux semaines, tout en réduisant un peu le congé d’été.

Le gouvernement doit aussi boucler un protocole d’accord sectoriel pour le personnel enseignant, avec l’ambition de contrer la pénurie en améliorant les débuts de carrière, l’accompagnement des jeunes profs, et discuter des fins de carrière.

Forcément, avec la gestion du coronavirus dans les écoles l’an dernier, les travaux du Pacte d’excellence ont été quelque peu relégués.

Plusieurs réformes importantes se font ainsi attendre: la mise en œuvre du nouveau tronc commun en primaire, la réforme de l’enseignement qualifiant, l’évaluation des enseignants.

Jeudi, l’Ufapec, qui représente les parents de l’enseignement catholique, pressait le gouvernement à ranimer ce chantier d’envergure sans tarder.

Mais interrogé vendredi, le secrétaire général de la CSC-Enseignement, jugeait prématuré d’imprimer de nouvelles réformes tant que le coronavirus n’est pas vaincu. «Avec cette crise sanitaire dont on ne voit pas le bout, les enseignants sont dans l’incertitude, dans l’inquiétude», confie Roland Lahaye. «Il y a aussi chez eux beaucoup de méfiance et de craintes vis-à-vis du gouvernement, des réformes envisagées. Le Pacte d’excellence n’était déjà pas beaucoup soutenu par les enseignants. La crise du Covid n’a rien amélioré! On veut fixer de nouveaux objectifs à l’école, mais on ne pourra pas les atteindre avec des profs sur les rotules!», avertit-il.