L’appli anti-gaspi Phenix compte bien se faire une place en Belgique

Arrivé sur le marché belge en juin 2021, Phenix est un nouvel acteur dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. L’application propose d’aller récupérer des paniers d’invendus chaque soir dans les commerces, mais pas seulement!

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 4 min.

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, on connaissait Too Good To Go. En juin 2021, un petit nouveau est arrivé en Belgique: Phenix. À l’instar de Too Good To Go, cette application mobile, disponible gratuitement sur Android et iOS, permet aux citoyens de lutter contre le gaspillage alimentaire en achetant à prix réduit les invendus de commerces.

Phenix est né en 2014. «Le projet de départ était d’accompagner les distributeurs pour le don aux associations. Ensuite, nos services se sont étoffés avec notamment le lancement d’une application grand public permettant aux commerçants de revendre en ligne leurs produits en date courte», explique Amaury Le Mintier, country manager de Phenix en Belgique.

Lancée en janvier 2019 en France, l’application s’est déjà entendue au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie et à la Belgique. En 2022, Phenix sera disponible dans deux nouveaux pays européens: l’Allemagne et les Pays-Bas. À terme, l’objectif de l’application est de sauver 450.000 repas par jour en 2023 et cela, dans dix pays européens.

En Belgique, les débuts de Phenix sont encore timides et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Mais l’initiative a le mérite d’exister et de se faire connaître. Depuis le lancement en juin 2021, 35.000 personnes ont téléchargé l’application. Ces utilisateurs ont permis de sauver 90.000 repas. Selon Phenix, cela représente 127.000 kg de CO2 évités. Actuellement, Phenix compte une dizaine d’employés en Belgique. Leur objectif est d’atteindre 100.000 repas sauvés en 2022.

On a testé Phenix

Avant de vous parler de Phenix, nous l’avons testé. Pour l’instant, la plupart des commerces se trouve à et autour de Bruxelles. Mais Phenix commence aussi à peu à peu s’installer en Wallonie et en Flandre. Il y a des restaurants, des supermarchés, des épiceries, des chocolatiers, des boucheries ou encore des poissonneries. Belgique oblige, il y a même une friterie inscrite sur l’application et propose quelques paniers à la fin de la journée.

Les paniers sont généralement disponibles sur l’application en matinée et sont à retirer le jour-même en fin de journée. Nous avons opté pour une boulangerie à Court-Saint-Etienne dans le Brabant wallon. Le panier d’invendus est proposé à 4,95€. Le paiement se fait directement sur smartphone lors de la réservation. Phenix propose notamment de payer avec les chèques-repas électroniques. Pratique! Une fois la commande validée, vous pouvez également ajouter le retrait dans le calendrier de votre smartphone pour être sûr de ne pas oublier. À 18h50, nous n’étions pas les seuls à venir chercher notre panier. Il faut dire que nous n’avons que dix minutes pour le récupérer. La plupart sont d’ailleurs des habitués qui viennent avec leurs sacs et leur cageot pour récupérer la marchandise. Ce soir-là, nous avons reçu deux pains (non coupés), deux baguettes, deux croissants, une couque aux raisins, une madeleine, une tartelette aux pommes et quelques chouquettes. Le commerçant vous demande simplement de valider la commande sur votre smartphone et le tour est joué. L’application est bien faite. Elle vous donne notamment les économies que vous avez réalisées avec vos commandes et le poids de produits que vous avez sauvés. Il y a également un programme de fidélité. Chaque commande vous rapporte des points et lorsque vous arrivez à 100 points, vous obtenez 1€ de réduction.

Une combinaison de services

Phenix, c’est aussi bien plus que l’application pour le grand public. «On s’adresse aux producteurs, aux distributeurs et aux commerçants de quartier. On travaille par exemple avec Danone, Coca-Cola et Mars. Ces entreprises ont d’énormes quantités soit d’invendus, soit de produits qu’ils retirent pour un changement de packaging ou autre. Phenix joue un rôle d’intermédiaire et intervient en s’occupant de distribuer ces dons à des associations. En France, Phenix travaille ainsi avec un réseau de 2.000 associations partenaires.

Pour la Belgique, Phenix a commencé avec le lancement de l’application mais l’entreprise affirme être en discussion avec plusieurs acteurs pour également mettre en place le don dans le pays. L’objectif est que ce service soit lancé courant 2022 chez nous.

Enfin, Phenix propose également d’utiliser les déchets qui ne sont plus consommables pour l’alimentation animale. «Notre philosophie, c’est une combinaison de facteurs qui peuvent s’attaquer au gaspillage alimentaire et pas seulement une solution unique. Nous jouons sur la complémentarité de nos solutions avec à la fois l’application, le ramassage des dons pour des associations ainsi que le traitement des déchets résiduels vers l’alimentation animale. Quand on assemble toutes ses solutions, on arrive véritablement à du zéro déchet. En France, nous avons ainsi une vingtaine de supermarchés qui sont labélisés zéro déchet. Dans leurs poubelles, il n’y a plus aucun déchet alimentaire, et c’est une grande fierté pour nous», conclut Amaury Le Mintier qui espère arriver à cela en Belgique.