Jan Jambon n'a "jamais eu l'intention de déformer la vérité" dans l'affaire Chovanec

Le ministre-président flamand et ex-ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, a assuré samedi, devant la presse, qu'il n'avait jamais eu l'intention de déformer la vérité sur sa connaissance de l'affaire Chovanec. Il a toutefois regretté des «déclarations hâtives» et affirmé que son cabinet n'avait commis aucune faute dans le traitement de ce dossier.
par
Clement
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Interrogé après la diffusion des images de l'intervention de policiers maîtrisant le citoyen slovaque à l'aéroport de Charleroi en février 2018, le ministre avait assuré qu'il n'était pas au courant de cette affaire. Mercredi, en commission de l'Intérieur, son successeur, Pieter De Crem, a toutefois expliqué qu'au mois de juillet 2018, les Affaires étrangères avaient transmis un rapport à ce sujet au cabinet de M. Jambon et que l'ambassadeur de Slovaquie à Bruxelles, Stanislas Vallo, avait même eu un contact avec le ministre sur ce dossier.

Avec ses anciens collaborateurs, M. Jambon a tenté de reconstituer le suivi de ce dossier par son cabinet. Dès le 26 février, un jour avant le décès de M. Chovanec dans un hôpital de Charleroi, une demande d'un entretien est venue de l'ambassade de Slovaquie. Le cabinet de M. Jambon a demandé des informations à la police et a reçu le jour même un rapport de la police aéroportuaire relatif à l'intervention de la nuit du 23 au 24 février.

Jan Jambon se défend

Il n'était nullement question des faits qui ont soulevé l'indignation générale il y a quelques jours: policier écrasant la cage thoracique de la victime durant de longues minutes, sourire affiché par certains policiers, salut nazi effectué par une agente, etc. «De ce rapport de police, il n'apparaissait en aucune manière qu'il était question de fautes manifestes. Le rapport ne faisait en rien penser aux images qui sont sorties cet été», a souligné M. Jambon.

Le 2 mars, l'ambassadeur slovaque a été reçu par deux conseillers du cabinet de M. Jambon. Ce jour-là, l'ex-ministre de l'Intérieur était à l'étranger.

Le 30 mai, M. Jambon a reçu personnellement et brièvement l'ambassadeur. Il s'agissait d'un court entretien dont le ministre dit avoir perdu le souvenir en raison des événements du jour. La veille, avait eu lieu l'attentat de Liège et, après l'entretien, M. Jambon s'est rendu à une cérémonie en l'honneur des victimes de l'attentat.

"J'ai été profondément choqué"

Il est reproché au nationaliste flamand de ne s'être guère inquiété des suites de l'affaire qui implique directement la police et a mené au décès d'un homme. Aucun élément à cette époque ne lui permettait de connaître la violence de l'intervention policière et les actes commis, selon lui. Il ne les a découverts que lorsque les images ont été diffusées publiquement il y a quelques jours.

«Quand je les ai vues pour la première fois, j'ai été profondément choqué comme chacun. Ce que l'on voit sur ces images dépasse l'entendement», a-t-il dit.

Dès le 25 février, les faits sont passés dans le giron de la justice et le service d'enquête du Comité P a été sollicité par un juge d'instruction. «Dès ce moment, ce n'est plus un dossier du ministre de l'Intérieur. Il doit faire preuve de réserve, c'est aux mains de la justice», a fait remarquer M. Jambon.

Les commissions de l'Intérieur et de la Justice de la Chambre entendront mardi M. Jambon ainsi que l'actuel commissaire général de la police fédérale, Marc De Mesmaeker, et sa prédécesseure, Catherine De Bolle.