Intempéries: «Cette solidarité, ça a été l’éclaircie dans l’obscurité»

Habitant de Mont Saint Guibert, notre journaliste Thomas Wallemacq fait partie des milliers de Belges touchés par les inondations dévastatrices. Il revient avec nous sur l’immense vague de solidarité qui a suivi la catastrophe, apportant un peu de baume au cœur aux sinistrés.

par
Oriane Renette
Temps de lecture 4 min.

À Mont Saint Guibert, en bord de l’Orne, la crue a été aussi soudaine qu’impitoyable. «Quand je me suis réveillé jeudi matin, l’eau était encore à quelques mètres de la maison. Après, ça s’est passé très vite. En 30 minutes, la maison était inondée. On ne pouvait rien y faire», raconte notre confrère Thomas Wallemacq. «Donc on a eu 30 minutes pour s’organiser, essayer de sauver un maximum de choses et se mettre en sécurité à l’étage.»

Thomas et sa compagne se sont retrouvés coincés chez eux, au premier étage. «Toute la nuit, on a entendu les meubles qui se baladaient dans la maison, les verres qui se cassaient… C’était assez atroce.»

Le lendemain, une fois libérés, l’heure est au bilan et aux premières opérations de nettoyage. Montée à plus d’un mètre à l’intérieur des maisons de la rue, l’eau a fait des dégâts très importants. Entre voisins, on relève ses manches et on se serre les coudes. «Rapidement aussi, énormément de gens ont débarqué avec leur brouette, des pelles et raclettes: des unités scout, guides, patro, mais aussi des habitants qui n’avaient pas été touchés par les intempéries», poursuit Thomas. «Il y a vraiment eu énormément de solidarité et d’entraide. Des gens sont venus d’autres communes, même de très loin. Ça fait quelque chose. Ça a vraiment été une éclaircie dans l’obscurité.»

De l’aide à tous niveaux

Rapidement, la solidarité s’est mise en place à tous niveaux: nourriture, lessives, ameublement… «Des habitants sont passés nous proposer des soupes, des restaurateurs de la région ont livré des plats préparés… Et puis des entreprises ont aussi proposé leur aide. Par exemple, le SPAR du village a mis à disposition des centaines de saucisses, l’Intermarché les baguettes. Et ce week-end dans la rue, des bénévoles ont organisé deux barbecues géants avec distribution de centaines et centaines de pains saucisses. Tout ça fait extrêmement plaisir. Ça nous a permis d’avoir un vrai repas le soir et de manger chaud pendant ces quelques jours.»

Du côté de la commune, une cellule et un fonds de solidarité ont été mis en place. Les citoyens peuvent la contacter afin de faire part de leurs besoins. «Il y a énormément de gens et d’entreprises qui sont prêts à faire des dons matériels, mais aussi à donner de l’argent. On se sent aidés et moins seuls», souligne Thomas.

Recréer du lien

Ce vaste élan de solidarité qui a rythmé tout le week-end dans les régions sinistrées se poursuit encore cette semaine. À Mont-Saint-Guibert comme ailleurs, des groupes d’entraide ont vu le jour sur Facebook, permettant aux sinistrés de relayer leurs demandes et aux citoyens de proposer leur aide. «Hier matin, un homme est venu me livrer et installer un lave-vaisselle. Il n’en avait plus besoin et m’a dit que je pouvais le garder jusqu’en septembre. Il m’a aussi proposé de mettre à disposition sa camionnette, si j’avais besoin de transporter des meubles ou d’autres objets encombrants», illustre Thomas. «Voilà, cette personne que je ne connaissais pas il y a encore quelques jours m’apporte son aide, son lave-vaisselle et plus encore si j’en ai besoin. Cette immense chaîne de solidarité qui s’est mise en place nous permet de surmonter un peu mieux cette épreuve. Humainement, ça fait vraiment chaud au cœur. Tous ces gens qui sont venus nous aider, ça va être dur de les retrouver pour les remercier mais ça fait vraiment plaisir.»

«Et puis, ça nous a aussi permis de rencontrer les gens du village, de discuter. Ces événements ont ressoudé tout le monde, c’est impressionnant. C’est du jamais vu. On n’imaginait pas vivre ça d’un point de vue matériel, mais d’un point de vue humain non plus. On découvre une générosité énorme», conclut Thomas. Après une nouvelle journée de nettoyage, il retrouvera à nouveau ce soir ses voisins pour partager une bière et les repas mis à leur disposition. «Cela nous permet de décompresser un peu, même si l’on sait que les prochaines nuits vont encore être difficiles…»