Flambée des prix: «on est partis pour une crise de 10 ans», prévient l’économiste Bruno Colmant

Tous les Belges le ressentent au moment de passer à la caisse ou de régler ses factures: le coût de la vie augmente brutalement et considérablement. Et selon l’économiste Bruno Colmant, entreprises, consommateurs et politiciens doivent désormais se préparer à faire face à une crise qui pourrait durer dix ans.

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Que ce soit au moment de passer à la pompe ou de payer son caddie, les consommateurs belges découvrent des prix jamais vus auparavant, en cette période d’inflation galopante. Si la flambée des prix se fait bel et bien ressentir, la crise dans laquelle nous entrons actuellement est encore largement sous-estimée, estime Bruno Colmant.

«Je crois qu’on va le sentir dès l’automne. L’inflation est très importante. On aura 12% d’inflation, ce n’est pas du tout anodin», pointe le professeur d’économie de l’UCLouvain au micro de Pascal Vrebos sur RTL TVI.

«Je crois que les prix vont fortement augmenter dans le domaine alimentaire à partir du mois de septembre. Ce qui veut dire qu’il y aura un choc de pouvoir d’achat.» Avec des conséquences pour les ménages, mais aussi pour les entreprises «qui vont devoir peut-être compresser le personnel pour compenser une augmentation tant des salaires que des matières énergétiques. Donc l’inflation va générer ce qu’on appelle de la récession, de la stagflation.»

«C’est un scénario dommageable», poursuit l’économiste. «Et je crois qu’on est parti pour dix ans de difficultés. Car tous les ballastes de croissance que l’on a eu au cours des 40 dernières années, avec un modèle d’économie de marché, sont en train d’être vidés. On le voit dans tous les domaines. Le monde se reconfigure très rapidement.»

De nouveaux modèles

Les crises sociales, économiques et climatiques que l’on vit actuellement, doivent, selon Bruno Colmant, pousser nos sociétés à repenser leur modèle de fonctionnement.

Exit la grande économie de marché, exit le néolibéralisme. «La vague du néolibéralisme s’est terminée il y a deux-trois ans. Le rôle de l’État va se modifier», prédit l’économiste. Et là, une vision à long terme est plus que nécessaire. «On a vécu 40 ans dans une bulle de croissance et de bien-être exceptionnelle. Je pense que toute décision politique, aussi infime soit-elle, doit absolument être subordonnée au bien-être des futures générations. On ne peut plus mettre les problèmes sous le tapis. Il faut être prêts à ‘se sacrifier’ moralement et financièrement pour ces prochaines générations. On va devoir financer la transition climatique, au profit de ceux qui vont nous suivre. On n’a pas le droit de vivre dans le déni et l’égoïsme de la poursuite de l’humanité».