Sorties BD: «Pierre rouge plume noire», «Les Portugais», «La terre, le ciel, les corbeaux»

Au programme du jour, trois excellentes bandes dessinées qui viennent de paraître: «Pierre rouge plume noire», «Les Portugais» et «La terre, le ciel, les corbeaux».

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«Pierre rouge plume noire»

En Chine, la gigantesque armée de l’empereur Ming assiège la forteresse du roi Yang. La population du royaume s’est réfugiée derrière les hautes murailles de la ville. Les soldats sont prêts à lutter jusqu’à la mort pour défendre le roi, la cité et les villageois. Mais parfois le courage ne suffit pas. Une fois n’est pas coutume, ne vous fiez pas à la couverture de cet album. Elle laisse penser à un récit violent tout en noir et blanc avec la touche du rouge qui indique qu’il y aura du sang. Finalement, ce n’est tout à fait vrai. Dès les premières pages, on découvre une approche très originale puisque l’histoire est racontée par une corneille qui assiste aux premières loges au conflit qu’elle raconte à une montagne lorsqu’elle vient se poser sur celle-ci. Le résultat est une fable poétique, bien que violente, sur l’horreur mais aussi l’absurdité de la guerre. C’est aussi très loin d’être un album en noir et blanc. Au contraire, le dessin de Thierry Robin est superbement mis en couleur par Pan Zhiming.

«Pierre rouge plume noire», de Thierry Robin, éditions Dargaud, 128 pages, 22,5 €

«Les Portugais»

Dans les années 1960-1970, le Portugal a connu l’exode le plus massif de son histoire. Entre 1957 et 1974, 700.000 Portugais ont émigré en France, dont plus de la moitié de manière clandestine, pour fuir la misère et le régime autoritaire de Salazar. Y voyant une formidable source de main-d’œuvre, la France a toléré cette immigration massive. C’est ainsi que de nombreux Portugais sont devenus maçons et ont travaillé dans le bâtiment. Dans «Les Portugais», Olivier Afonso, dont les parents sont portugais, raconte l’odyssée française et parisienne de Mario et Neil. De haut de leurs 18 ans, ces deux jeunes hommes ont traversé la frontière franco-espagnole en août 1973 pour tenter de construire leur vie en France. Un récit à la fois intime et collectif scénarisé par Afonso et joliment dessiné par Aurélien Ottenwaelter, alias Chico, qui signe un premier album très réussi.

«Les Portugais», d’Afonso et Chico, éditions Les Arènes BD, 136 pages, 21,9 €

«La terre, le ciel, les corbeaux»

Alors qu’ils venaient d’avoir 30 ans, Stefano Turconi et Teresa Radice se sont rencontrés en 2004. Tombés sous le charme l’un de l’autre, ces deux Italiens ont aussi trouvé une complémentarité dans leur boulot. Elle écrit des histoires, tandis qu’il les dessine. Entre 2009 et 2015, le couple publie ses histoires dans Topolino, l’équivalent italien du «Journal de Mickey». Depuis quelques années, toujours en duo, Stefano et Teresa sortent des sentiers battus avec notamment l’excellent «Le Port des marins perdus» et «Les filles des marins perdus». Avec «La terre, le ciel, les corbeaux», ils envoient les lecteurs en 1943 en racontant l’histoire de trois prisonniers en fuite. L’un est Russe, l’autre est Allemand et le dernier est Italien. Ils ne parlent pas la même langue, ils ne se connaissent pas, mais ils devront collaborer et s’ouvrir pour survivre. Une histoire touchante qui brille dans son dessin. En effet, ce roman graphique a entièrement été réalisé à l’aquarelle par Teresa et c’est de toute beauté!

«La terre, le ciel, les corbeaux», de Turconi et Radice, éditions Glénat, 208 pages, 22,5 €