Sorties BD: «Celle qui parle», «L’espace d’un instant», «Les frontières du douanier Rousseau»

Au programme de cette fin avril, trois albums qui mêlent réalité et fiction avec «Celle qui parle», «L’espace d’un instant», et «Les frontières du douanier Rousseau»

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«Celle qui parle»

Avec «Celle qui parle», Alicia Jaraba signe le passionnant portrait d’une femme méconnue chez nous: La Malinche, également appelée Malintzin. Elle est née au début des années 1500 au Mexique et était la fille d’un chef local. Dès son plus jeune âge, son père lui a appris la langue utilisée par les Aztèques dans le but qu’elle puisse se défendre et négocier. Mais en 1519, elle est offerte en tant qu’esclave aux conquistadors espagnols. La Malinche va alors apprendre l’espagnol et avoir une corde de plus à son arc, une nouvelle langue. Sans le vouloir, elle va devenir un lien essentiel entre les Aztèques, les Mayas et les Espagnols. Mais méprisée par ces derniers et détestée par les Mexicains, elle a également une position très difficile à tenir. Pour son premier roman graphique, Alicia Jaraba livre une petite pépite. «Celle qui parle» est un récit passionnant qui met en lumière, de très belle manière, l’histoire d’une femme qui il y a 500 ans était une linguiste et une négociatrice internationale avant l’heure.

«Celle qui parle», d’Alicia Jaraba, éditions Grand Angle, 216 pages, 24,9 €

«L’espace d’un instant»

Jeune ado introverti vivant dans la campagne américaine, Manuel a vécu l’inimaginable. Un assaillant armé est entré dans son école et a commencé à faire feu. Ce jour-là, Manuel a sans doute été un héros en tirant l’alarme incendie. Il a ainsi sauvé la vie de sa professeure d’art qui a été blessée dans l’attaque. Mais depuis ce jour, Manuel souffre du Syndrome Post Traumatique. Il essaie tant bien que mal de se reconstruire et de lutter contre son anxiété. Pour cela, il va se lancer dans la photographie. Il pourra également compter sur l’aide de ses deux camarades de classe, Sebastian et Caysha. «L’espace d’un instant» est le premier roman graphique de Niki Smith traduit en français. Elle s’est inspirée de sa propre enfance dans le Kansas. Un album touchant et puissant qui aborde le traumatisme et l’amitié entre adolescents en milieu rural.

«L’espace d’un instant», de Niki Smith, éditions Rue de Sèvres, 256 pages, 16 €

«Les frontières du douanier Rousseau»

Le 9 janvier 1909, à Paris, s’ouvre le procès d’un peintre, Henri Rousseau. Ce vieil homme de 64 ans, surnommé «le douanier Rousseau» est accusé de faux et usage de faux. Mathieu Siam au scénario et Thibaut Lambert au dessin retracent ce procès et l’histoire de cet homme. À travers les récits de quatre témoins et les plaidoiries de deux avocats, le lecteur est plongé un siècle en arrière dans la vie de cet homme, qui a été l’un des premiers avant-gardistes. Génie ou benêt? C’est en réalité à cette question que la cour devra répondre. «Résumer une œuvre et une vie en 108 pages de bande dessinée impose obligatoirement des choix et des arrangements avec les faits. Mais je peux vous assurer que j’ai écrit ce récit en étant le plus honnête possible envers le peintre pour lequel j’ai la plus haute estime», écrit Mathieu Siam. Très documenté, le résultat est à la hauteur. À travers ce procès, on en apprend un peu plus sur la vie d’Henri Rousseau, douanier devenu peintre.

«Les frontières du douanier Rousseau», de Siam et Lambert, éditions Michel Lafon, 118 pages, 23,95 €