Sorties BD: «Aaron», «11 septembre 2001 – Le jour où tout a basculé», «A Pink Story»

Après quelques semaines de répit et en attendant la rentrée et son lot de sortie, zoom sur trois albums qui sortent fin août et qui méritent le coup d’œil.

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Rédaction en ligne
Temps de lecture 4 min.

«Aaron» de Ben Gijsemans

Aaron est un jeune adulte, plutôt solitaire et timide, de 20 ans. Ayant deux examens de passage à passer, il passe son été à réviser dans sa chambre, chez ses parents. Mais Aaron traverse également une période où il se pose beaucoup de question sur lui, son rapport avec les filles mais aussi avec les… enfants. Il s’évade en dessinant des aventures où il se voit en super-héros. Avec «Aaron», l’auteur et dessinateur flamand Ben Gijsemans livre un roman graphique troublant. En effet, en le parcourant rapidement, vous découvrirez le quotidien, lent et pas très passionnant, d’un jeune homme mal dans sa peau. De la sorte, vous passerez complètement à côté du message de l’auteur. Car «Aaron» a aussi un autre niveau de lecture. En effet, l’œuvre aborde un sujet tabou et rarement abordé: la pédophilie. Le récit montre comment un jeune adulte tente de lutter contre ses pulsions et son attirance pour les jeunes enfants. En ayant cela en tête, «Aaron» prend une autre dimension et plein de petits détails sautent alors aux yeux. Comme le fait qu’Aaron s’intéresse d’un peu trop près aux enfants de ses amis sur Facebook ou qu’il s’attarde sur les pages de vêtements destinés aux bambins dans les catalogues publicitaires. «Aaron» prend alors une autre dimension, bien plus glaçante. Un récit sobre, à la fois courageux et terrifiant. Il est aussi bien documenté puisque Ben Gijsemans a notamment fait appel à l’association «Stop it Now», qui aide les personnes attirées par des comportements sexuels envers des mineurs.

«Aaron», de Ben Gijsemans, éditions Dargaud, 208 pages, 29,99 €

«11 septembre 2001 – Le jour où le monde a basculé» de B. Bouthier et H. Chochois

Le 11 septembre prochain, ce sera déjà le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre. Vingt ans plus tard, la plupart des petits et des grands se souviennent encore exactement ce qu’il faisait quand ils ont appris cette attaque et la manière dont ils ont vécu cette journée tristement historique. Dans «11 septembre – Le jour où le monde a basculé», le journaliste Baptiste Bouthier et la dessinatrice Héloïse Chochois reviennent sur le déroulé des événements. D’abord, on vit le 11 septembre à travers les yeux de Juliette, une jeune collégienne française. On alterne ensuite entre le vécu de plusieurs protagonistes présents à New York ce jour-là: des employés du WTC, les pompiers ou encore une jeune photographe de presse. Instructif, l’ouvrage revient sur cette journée que personne n’a oubliée mais également sur l’après 11 septembre et tout ce qui en a découlé: la guerre en Irak et en Afghanistan, le Patriot Act, la psychose avec les lettres à l’anthrax, mais aussi l’affaire Snowden et les différentes attaques terroristes en Europe. En un peu moins de 150 pages, l’album revient finalement sur les 20 dernières années et sur la manière dont le monde a basculé depuis le 11 septembre 2001. C’est à la fois instructif, nécessaire, joliment dessiné et accessible à tous.

«11 septembre 2001 – Le jour où le monde a basculé», de B. Bouthier et H. Chochois, éditions Dargaud, 144 pages, 18 €

«A Pink Story» de Kate Charlesworth

Kate Charlesworth est une dessinatrice britannique née en 1950. Elle vit et travaille à Edimbourg, en Écosse. En près de 50 ans de carrière, ses dessins humoristiques ont notamment été publiés dans New Scientist, The Independent ou encore The Guardian. Lesbienne assumée, depuis la fin des années 70, elle milite activement pour les droits des personnes LGBTQI+. En 2019, Kate Charlesworth a publié outre-manche «Sensible Footwear», son autobiographie dessinée. Deux ans plus ans, l’ouvrage est traduit en français et arrive pour la première fois dans nos librairies sous le nom «A Pink Story». L’approche de ce volumineux roman graphique à la tranche arc-en-ciel est singulière puisque l’autrice et dessinatrice raconte à la fois une histoire personnelle et collective. D’un côté, elle revient sur la découverte de la sexualité, sur ses questionnements et sur sa vie de lesbienne dès le début des années 1950. Elle livre notamment de nombreux souvenirs d’enfance. Au milieu de son histoire personnelle, Kate Charlesworth glisse plein de pages «documentaires». Ces dizaines de pages, remplies de collages et d’anecdotes en tout genre, présentent un aspect historique et mettent en lumière de nombreuses figures LGBTQI+. C’est parfois un peu brouillon et chargé, mais l’approche est originale et super instructive. À travers la vie de Kate Charlesworth, on plonge dans la culture gay et lesbienne et dans l’univers LGTBQI+, des années 50 à nos jours. L’occasion de constater que les mentalités ont énormément évolué en quelques dizaines d’années, mais aussi que le chemin à parcourir pour que chacun puisse vivre librement sa sexualité est encore long, très long.

«A Pink Story», de Kate Charlesworth, éditions Casterman, 320 pages, 25 €