Vingt ans de scénario pour Ken Loach

par
Jerome
Temps de lecture 2 min.

Non, ‘Jimmy's Hall' ne sera pas le dernier opus de Ken Loach. Mais après ce film sur Jimmy Gralton, un héros populaire irlandais des années 30, le Britannique de 78 ans compte tout de même lever le pied. Une décision dont Paul Laverty porterait lui aussi les conséquences: cela fait près de 20 ans qu'il écrit les scénarios de Loach. Metro l'a rencontré au Festival de Cannes et, même avec l'accent écossais, L'homme a son franc-parler: «Le peuple doit prendre le pouvoir ou la planète est fichue!»

M. Laverty, qu'avez-vous pensé en apprenant que Ken Loach allait lever le pied? «Shit, je serai bientôt au chômage»?

Paul Laverty: «(rires) Non, je n'ai pas été surpris. Ken est tout d'abord un bon ami, je suis donc bien au courant de ses projets. Mais nous verrons bien ce qu'il va faire. Ken a 78 ans et, physiquement, il n'est plus aussi en forme qu'avant. Mais il est toujours plein d'énergie, et intellectuellement parlant, il est peut-être bien plus vif que jamais. Ken est comme un requin: il doit continuer à bouger pour survivre. Donc, lever le pied? Je ne le croirai que quand je le verrai. (rires)»

‘Jimmy's Hall', était-ce votre idée, ou celle de Ken?

«C'est moi qui ai proposé l'idée à Ken, mais je la tenais de quelqu'un d'autre, en fait. Il y a 25 ans, je travaillais pour une organisation de défense des Droits de l'Homme au Nicaragua. J'y avais rencontré à l'époque un auteur irlandais, qui m'avait parlé de Jimmy Gralton. J'avais tout de suite trouvé que c'était une super histoire. ‘Il faut que tu écrives un scénario là-dessus!', ai-je dit à cet homme. Mais il était trop occupé à d'autres choses, et finalement il m'a dit: ‘Fais-le toi, plutôt!' C'était très généreux de sa part.»

Qu'est-ce qui vous plaisait tant dans l'histoire de Jimmy Gralton?

«Tout d'abord, c'est vraiment un microcosme de l'Irlande des années 30. C'est une histoire osée, aux nombreuses lectures, de gens qui se sont révoltés contre l'Eglise toute-puissante, qui dominait à l'époque tous les aspects de la société. L'Irlande était devenue une sorte de goulag théologique, dont l'Eglise catholique voulait éradiquer tout ce qui sentait un tant soit peu le péché. Donc, la musique et l'imagination aussi. Deux choses qui étaient très importantes dans le ‘Hall' de Jimmy Gralton: un endroit où les gens se retrouvaient pour danser, pour débattre, pour lire et pour rêver. Le club de Jimmy était un îlot de liberté.»

Lieven Trio

 @l_trio