VIDEO. Une campagne de Greenpeace censurée en France

La nouvelle campagne de Greenpeace France dénonce l'inaction du monde politique face à l'urgence climatique. Les affiches, qui devaient être collées dans les couloirs du métro parisien, ont été refusées par la régie publicitaire, qui juge cette campagne « trop politique ».
par
oriane.renette
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« Face à l'urgence climatique, les discours ne suffisent pas », clament les affiches de la nouvelle campagne de Greenpeace France. Des affiches que les Franciliens ne verront ni dans les couloirs du métro, ni dans les cinémas.

© Strike / Greenpeace

Dénoncer l'inaction des décideurs politiques

Greenpeace a lancé sa nouvelle campagne illustrant le décalage entre les discours et les actes des décideurs politiques. Sur les affiches, des événements climatiques extrêmes, conséquences directes et dramatiques du dérèglement climatique. Dans la vidéo, les mots « Bla Bla » en glace, en bois, en plastique, en métal, qui s'effondrent, s'envolent dans des tornades, sont emportés par des inondations ou brûlent dans de gigantesques incendies. En fond sonore, de grands discours des -anciens- présidents, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. De droite ou de gauche, ils promettent d'ambitieux engagements climatiques… qui n'ont ni été tenus, ni suivis d'action.

« Alors que le public place l'urgence climatique en tête de ses préoccupations et commence à changer ses comportements, cette campagne rappelle simplement sur qui reposent les principales responsabilités », explique l'ONG. « C'est bel et bien aux États d'enclencher les changements systémiques dans les modes de production et de consommation pour éviter de voir la planète se réchauffer de 3°C à 7°C d'ici à la fin du siècle. »

Or, souligne l'association, la direction prise l'État français n'est pas celle qui permettrait de respecter l'accord de Paris de 2015. « La France est en retard sur ses objectifs climatiques et vient même d'augmenter ses objectifs d'émissions de CO2 ! » dénonce Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France.

Campagne censurée

Ces affiches devaient être placardées dans les couloirs du RER et du métro parisien. Or, la régie publicitaire, Mediatransports, a jugé le propos « un peu trop engagé » et « trop politique » que pour être affiché. Ce n'est pas le seul refus que Greenpeace a essuyé puisque des salles de cinéma ont également refusé d'exposer ces affiches.

« Dans un contexte où les alertes des scientifiques se succèdent pour expliquer que nous sommes la dernière génération à pouvoir agir, il est surprenant de constater que Mediatransports considère des affiches rappelant l'urgence climatique comme indignes du métro parisien, alors que les compagnies aériennes par exemple y développent des campagnes d'ampleur, incitant les voyageurs à prendre l'avion comme d'autres prennent le métro », souligne Jean-François Julliard.

Pourtant, l'autorité française de la publicité, l'ARPP, a quant à elle estimé que cette campagne était tout à fait conforme aux standards de publicité. « Demander aux politiques d'agir pour le plus grand péril de l'humanité serait-il devenu subversif ? », s'interroge alors l'ONG sur Twitter.

? Le climat, sujet “sensible” ?

Nous lançons ce matin une campagne pr dénoncer l'inaction climatique des politiques

Elle a été refusée sur plusieurs supports #métro #cinéma

Demander aux politiques d'agir pour le + grand péril de l'humanité serait devenu subversif ?

— Greenpeace France (@greenpeacefr) March 2, 2020

Contactée par le Monde, Alexandra Lafay, directrice de la communication chez Mediatransports, justifie cette décision en expliquant que leur « devoir de neutralité » les empêche de diffuser des campagnes à « caractère politique ou religieux ». « Cette campagne ne respecte pas ce devoir de neutralité puisqu'elle mentionne l'inaction des décideurs politiques », soutient la porte-parole.

Interdite à Paris, la campagne n'a toutefois pas été censurée partout. Ainsi, elle a pu se déployer à Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier ou encore Toulouse. Greenpeace compte également sur sa campagne numérique pour mobiliser les citoyens, à quelques jours des marches pour le climat du 14 mars.