Vendée Globe: Le plus fou des tours du monde

C'est la course phare dans le monde de la voile: un tour du monde en solitaire, sans assistance et sans escale. Au programme, le passage des caps de Bonne Espérance, Leeuwin, et Horn. Un défi dantesque, un Everest des mers... Le Vendée Globe est à chaque édition le témoin d'aventures hors normes.
par
Camille
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Ils seront 33 à franchir la ligne de départ, ce 8 novembre à 13h02. Et ça sera parti pour une longue course autour du monde: le record actuel est de 74 jours, et bon nombre de participants dépassent les 100 jours pour boucler le parcours. Les marins vont en voir de toutes les couleurs: après la descente de l'Atlantique, ils devront affronter tempétueuses mers du sud de l'océan Indien: d'abord les 40e rugissants, puis les 50e hurlants. Ils traverseront ensuite le Pacifique, et enfin, doubleront le célèbre cap Horn. Les marins affronteront des coups de vent ou les creux peuvent aller à plus de dix mètres. Pour affronter ces conditions, ils ne pourront compter que sur eux-mêmes, et sur leur bateau, un Imoca 60 (un monocoque de 18 mètres)

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Tous les quatre ans

Si la course est aussi mythique, c'est peut-être qu'elle ne se déroule que tous les quatre ans. C'est donc un objectif de long terme pour les marins. Ils profitent de ces années pour réunir le budget nécessaire, ce qui n'est pas une mince affaire. Ils utilisent aussi ce laps de temps pour tester leurs bateaux sur différentes courses, vérifier la solidité des éléments... Certains navires sont équipés de foils. Ces «moustaches», qui ont fait leur apparition sur le Vendée Globe lors de la dernière édition, permettent au bateau de se «soulever», et de gagner de la vitesse. Inconvénient: ils sont fragiles, et rendent le monocoque instable. Mieux vaut donc éprouver le dispositif avant de s'élancer.

De beaux duels

En 2017, c'est Armel Le Cleac'h qui s'était imposé, en un temps record de 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes. L'issue de la course était longtemps restée incertaine, tant le duel avec le Britannique Alex Thomson avait été intense. Celui-ci, sur son navire Hugo Boss peint en noir, avait donné la chasse au marin breton sur tous les océans, étant même tout près de lui passer devant. Il avait finalement dû s'incliner, pour arriver 16h derrière son rival.

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Loin de toute présence humaine

Si le Vendée Globe est une épreuve, c'est aussi qu'il impose une solitude de deux à trois mois à ses participants. Ils passent par la zone du point Némo, la région la plus éloignée de toute terre habitée: les côtes les plus proches sont à plus de 2.600 km. Les êtres humains les plus proches sont alors… les occupants de la station spatiale internationale, à 400 km au-dessus de l'océan. Lors de la dernière édition, un navire militaire français qui patrouillait dans la zone a pu prendre de rares images des navires filants sur la mer déchaînée. Ils avaient filmé tour à tour, à quelques heures d'intervalle, Thomson et Le Cléac'h, engagés dans leur course folle. Les deux skippers avaient apprécié de sentir cette présence humaine.

Les drames du Vendée Globe

Des drames, le Vendée Globe en a connu. En 1992, la deuxième édition du Vendée Globe avait commencé au plus mal. Le skipper américain Mike Plant avait trouvé la mort en convoyant son navire vers la ligne de départ, aux Sables d'Olonne, depuis New-York. Quelques jours plus tard, le Britannique Nigel Burgess, pris dans une tempête, lançait un appel à l'aide. Il sera retrouvé le lendemain, décédé, dans sa combinaison de survie. En 1996, le canadien Gerry Roufs envoyait un dernier message: «les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes». L'épave de son navire sera retrouvée six mois plus tard, sans trace du disparu. La course a aussi été le témoin de sauvetages réussis. Fin décembre 1996, Raphael Dinelli, parti contre l'avis du jury de course, chavirait au large de l'Australie. Alerté, Peter Goss, qui se trouvait à 150 miles de là, se déroutait malgré la tempête. Il finira par retrouver Dinelli, qui dira que c'était là «son plus beau cadeau de Noël». On retiendra aussi le naufrage de Jean Le Cam. Celui qui est l'un des marins les plus expérimentés s'était retourné au large du cap Horn. Il s'est alors installé dans une bulle d'air dans son bateau, attendant les secours. Quelques heures plus tard, son ami Vincent Riou, qui naviguait pas loin, arrivait pour le récupérer. Celui-ci allait toutefois abîmer son bateau lors du sauvetage, et les deux hommes devront rejoindre comme ils le peuvent, mais vivants, la côte chilienne.

Les favoris

Et du côté de la performance, qu'en sera-t-il? Alex Thomson, après sa belle prestation il y a quatre ans, fait, bien sûr, parti des favoris de ce Vendée Globe. Mais c'est le Français Jérémy Beyou qui est le favori numéro 1. Les noms de Samantha Davies, Thomas Ruyant ou Charlie Dalin sont également cités. Mais le Vendée Globe est une course à part, où toutes les surprises sont possibles. Du côté des marins naviguant sans foils, on suivra la performance de Jean Le Cam. Celui qui est surnommé le «roi Jean» pour son impressionnant palmarès peut compter sur sa grande expérience de la navigation sur les mers de la planète.

L'alimentation

Partir une centaine de jours en mer, cela ne s'improvise pas. Coté nourriture, le «frais» ne tient pas longtemps, et il faut donc trouver des solutions. Les skippers emmèneront des plats lyophilisés afin d'avoir de quoi se nourrir jusqu'à leur retour à terre. Bonne nouvelle pour eux, la qualité de ces plats s'est bien améliorée au cours des dernières années.