Une étude montre que les femmes enceintes se surmènent pour contrer les préjugés

Une étude réalisée aux Etats-Unis montre que les femmes enceintes au travail occupant des postes physiquement éprouvants sont prêtes à dissimuler leur grossesse pour échapper aux fortes stigmatisations liées au fait d'être enceinte au travail. Certaines se disent prêtent à travailler deux fois plus pour contrer ces stéréotypes, parfois au détriment de leur santé. 
par
sebastien.paulus
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Travailler deux fois plus parce que l'on est enceinte... Une réalité endurée par de nombreuses femmes, souligne une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l'université d'Etat de Washington (Etats-Unis) parue dans le Journal Work and Stress. La recherche comprend 402 femmes enceintes occupant des emplois physiquement exigeants, interrogées sur une période de deux mois (seule la moitié d'entre elles a participé à l'expérience jusqu'au bout). Une série de questions leur a été posée sur leur qualité de vie professionnelle depuis le début de leur grossesse, ainsi que sur les éventuels accidents sur le lieu de travail.

La majorité d'entre elles, soit environ 63%, ont déclaré ressentir la menace de stéréotype selon lequel les femmes enceintes "travaillent moins bien" ou sont "plus faibles physiquement". Leurs réponses dévoilent des éléments préoccupants : une majorité de ces femmes expliquent avoir dissimulé leur grossesse au travail et/ou réalisé des efforts excessifs, quitte à mettre leur santé en danger, comme se tenir debout pendant de longues périodes ou soulever des objets lourds.

Du stress indirect

"Le stéréotype de la grossesse est un facteur de stress silencieux. Il n'est pas toujours visible, mais il a un impact réel sur les femmes sur le lieu de travail", alerte la chercheuse Lindsay Lavaysse, autrice principale de l'étude.

Les chercheurs ont examiné les accidents du travail des femmes qui ont déclaré se sentir menacées par les stéréotypes, qu'ils soient faibles ou élevés. Les personnes qui ont déclaré se sentir très stressées à cause de ces préjugés ont eu près de trois fois plus d'accidents du travail au bout des deux mois de l'enquête que les autres.

Un travail à poursuivre

Etant donné qu'il s'agit de la première étude à établir un lien direct entre stigmatisations liées à la grossesse et accidents de travail, les autrices de la publication soulignent la nécessité de mener de plus amples recherches sur le sujet.

Le tabou de la grossesse au sein de l'entreprise reste malheureusement très présent. Un sondage américain diffusé en février 2019 et réalisé sur 2143 Américains et Américaines salariées montrait que le nombre de femmes qui ont peur d'annoncer leur grossesse à leurs supérieurs est passé de 12% à 21% en l'espace de cinq ans.